C'est un programme qui n'est pas passé inaperçu lundi soir sur C8. La chaîne diffusait en prime time le film américain inédit "Unplanned". Adapté d'une histoire vraie, il suit la trajectoire d'une cadre du Planned Parenthood (planning familial) devenue militante anti-avortement, pour un film prenant position contre le droit à l'avortement, pourtant reconnu par la loi française. Un film produit par un studio chrétien évangélique et soutenu financièrement par un proche de l'ancien président des Etats-Unis Donald Trump.
Interrogés par "Le Monde" ou encore "Libération" en amont de cette diffusion controversée, des professionnels ont souligné les contre-vérités contenues dans "Unplanned", comme cette scène représentant la souffrance d'un foetus qui se débat. Hier soir, C8 - qui a déconseillé ce film aux moins de 10 ans alors que le distributeur français recommandait un avertissement pour les moins de 16 ans - a diffusé un message à l'antenne avant de lancer son film. "En France, toute femme a le droit de disposer de son corps comme elle l'entend. Ce droit est garanti par la loi. Ce récit qui n'engage que son auteur ne signifie pas remettre en question ce droit mais d'en mesurer l'importance", a-t-on pu lire à l'écran.
Sur Twitter, des membres du gouvernement se sont indignés, à l'image de Marlène Schiappa, chargée de la Citoyenneté et régulièrement invitée sur C8. "Non à l'entrave, non à la culpabilisation", a-t-elle écrit en relayant un numéro d'information officiel sur le sujet de l'interruption volontaire de grossesse.
Elle a été rejointe dans son indignation par Elisabeth Moreno, ministre en charge de l'Egalité entre les femmes et les hommes, qui a dénoncé, avec "Unplanned", "un outil de propagande anti-avortement abject". Les téléspectateurs, eux non plus, ne sont pas restés inactifs puisque le Conseil supérieur de l'audiovisuel a confirmé aujourd'hui au "Huffington post" avoir reçu des signalements à propos de cette diffusion. "Nos équipes procèderont à un visionnage du film diffusé à l'antenne ainsi qu'à son examen au regard des règles juridiques applicables afin de déterminer s'il y a eu manquement à ces règles. En fonction, le collège du CSA décidera ou pas d'intervenir auprès de l'éditeur", a précisé une source interne à nos confrères.
Mais lundi, dans "Libération", l'ex-ministre des familles Laurence Rossignol ne se faisait pas d'illusions sur la question des recours. "Il n'y a aucun recours possible. On est bien obligées d'admettre qu'être anti-IVG relève de l'opinion ; une opinion partagée par des gens qui ne sont pas des délinquants, à commencer par le pape. On ne peut rien faire à part dire que ce sont des mensonges ; d'autant que C8 n'est pas du service public", a-t-elle estimé.
Côté audiences, la polémique n'a pas profité à la chaîne du groupe Canal+ puisque "Unplanned" a été regardé par seulement 304.000 personnes (1,5% du public / 1,7% sur les FRDA-50) selon Médiamétrie.