Contre-attaque. Près de deux mois après la décision de l'Arcom de ne pas renouveler sa fréquence sur la TNT – au profit des projets portés par Réels TV et Ouest-France TV, C8 a annoncé, ce jeudi 19 septembre 2024, avoir saisi le Conseil d'État "d'un recours en référé-suspension". "Une telle décision de l'Arcom est inédite dans l'histoire de la TNT, depuis sa création en 2005", s'insurge la chaîne dirigée par Franck Appietto avant de développer ses arguments.
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La chaîne, qui considère la décision de l'Arcom "choquante", met en évidence "au moins trois injustices profondes". Elle prétend d'abord que "Touche pas à mon poste !", l'émission de Cyril Hanouna qui a valu de lourdes sanctions à la chaîne ces dernières années, concentre l'essentiel des griefs de l'Arcom et que "rien n'autorisait" le gendarme de l'audiovisuel à "réprimer à nouveau, dans le cadre entièrement différent du processus d'attribution des fréquences", assure la chaîne.
La direction rappelle que lors de son audition par l'Arcom en juillet dernier, elle "avait proposé d'instaurer un différé de diffusion de l'émission 'TPMP' et que d'autres engagements auraient pu être négociés".
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Ensuite, la "première chaîne de la TNT" accuse à ce titre l'Arcom d'avoir "redéfini à sa guise la notion 'd'intérêt du public', qui constitue le critère primordial d'attribution des fréquences. Elle a écarté C8, qui se classe pourtant 1ère chaîne de la TNT et qui réunit chaque jour plus de 9 millions de téléspectateurs cumulés."
"Par ailleurs", poursuit la chaîne, "elle a nécessairement ignoré le fait que C8 respecte et dépasse largement l'ensemble de ses obligations, notamment en termes d'accessibilité, de production d'oeuvres audiovisuelles et cinématographiques ou encore de diffusion de programmes inédits. Pourtant, C8 était mieux-disante sur tous ces critères par rapport à de nombreuses autres candidatures", s'étonne-t-elle.
"Enfin", assure-t-elle, "C8 se doit de tout mettre en oeuvre pour défendre ses 300 collaboratrices et collaborateurs, qui oeuvrent depuis près de 20 ans à son succès, mais aussi les nombreuses sociétés de production avec lesquelles elle collabore. Des emplois sont en jeu, un écosystème tout entier se trouve menacé".
Le 2 septembre dernier, pour sa rentrée sur C8, Cyril Hanouna avait annoncé déposer plainte contre l'Arcom, estimant être la "cible" du gendarme de l'audiovisuel. "Ils ont voulu me viser et en voulant me viser, ils ont sacrifié toute une chaîne, tout un écosystème", avait-t-il résumé, reprochant à l'Arcom de "mettre au chômage peut-être en mars 2025 plus de 400 personnes". "Qui va récupérer tous nos salariés ? C'est 'Libération', c'est 'Le Monde'", avait-il ironisé, taclant à nouveau les deux quotidiens qui se seraient à son goût délectés du sort réservé à C8.
C8 analyse, en conclusion, les choses de la façon suivante : "Tout laisse à penser qu'un climat d'hostilité envers la chaîne et le type de programmes qu'elle diffuse a régné au sein du collège de l'Arcom. C8 ne peut pas s'accommoder d'un tel manque d'objectivité et d'impartialité".
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Avant C8, le groupe NRJ avait saisi la veille le Conseil d'État pour sa chaîne NRJ 12, dont l'autorisation d'émettre arrivera également à échéance le 28 février 2025. Autre candidat déçu par la décision de l'Arcom, Le Média, la chaîne de gauche radicale diffusée sur le canal 165 de la Freebox et le Web, déplore de son côté le "manque de transparence" du processus de "présélection" et avait annoncé vendredi 13 septembre 2024 son intention de saisir la justice administrative.