Vers une rentrée sociale tendue à France Télévisions. Après un mouvement social organisé contre la suppression de la redevance le 28 juin dernier, le Syndicat national des journalistes (SNJ), la CGT, la CGC et l'Unsa, quatre forces syndicales du groupe présidé par Delphine Ernotte, ont paraphé ensemble, ce mercredi, un préavis de grève, en prévision d'une journée d'action le lundi 12 septembre 2022. Tous sont vent debout contre le projet dit "Tempo", présenté par leur patronne lors de la conférence de presse du 6 juillet, et son principal chantier : le remplacement à compter de septembre 2023 du "12/13" et du "19/20" national tels qu'on les connaît aujourd'hui par une offre régionale renforcée.
Déjà échaudés par le transfert sur franceinfo: du "Soir 3", nom de la grande session d'information du soir jusqu'en 2019, les syndicats craignent "un projet de casse sociale et éditoriale de très grande ampleur, qui frappe France 3 de plein fouet". "Sous couvert de transférer (dans des conditions très floues) la maîtrise des tranches 12h-13h et 19h-20h aux rédactions régionales, la direction veut liquider l'information nationale de la Trois", affirment-ils.
Dans ce projet, "ce qui disparaît", précisait lors de la même conférence de presse du 6 juillet le directeur de l'information de France Télévisions, Laurent Guimier, "ce sont les journaux nationaux pensés et présentés depuis Paris à destination des régions".
Respectivement présentés en semaine par Émilie Tran Nguyen et Carole Gaessler et par Catherine Matausch le week-end, "Le 12/13" national et "Le 19/20" national, à l'antenne de France 3 depuis 36 ans, seront remplacés par des sessions d'une heure d'information, dont le nom - "Ici midi" et "Ici soir" - fait écho à la nouvelle identité de France Bleu sur le web (Ici par France Bleu et France 3). La CGT de Radio France s'interrogeait d'ailleurs le 8 juillet sur le rôle de France Bleu dans ce projet : "France Bleu sera certainement appelée à la rescousse pour fournir des sujets ou de l'interactivité par exemple. Mais avec quels moyens ? Nous n'en avons déjà plus assez pour faire de la radio", protestait le syndicat.
Ces éditions d'une heure, préparées depuis les 24 sièges de France 3 en région, contiendront "de l'information régionale, produite par les rédactions régionales, et de l'information nationale, produite par les services de la rédaction nationale et franceinfo:", assurait au début du mois Laurent Guimier, visé récemment par une motion de défiance. Et d'indiquer que "le schéma directeur", "la formule" et entre autres "la charte graphique", "seront communs aux 24 éditions".
"Que deviendront les salariés aujourd'hui chargés de fabriquer 'Le 12/13' national et 'Le 19/20' national ?", alertent à cet égard les syndicats peu convaincus pour l'heure par les "éventuelles mutations à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux" ou "la possibilité de travailler pour un vague projet d'agence France 3 qui fabriquerait des sujets nationaux destinés aux antennes régionales" qui auraient été évoquées par la direction.
"Oui au développement des antennes régionales mais pas au détriment des éditions nationales de France 3", terminent les syndicats signataires qui réclament, par conséquent, "l'abandon immédiat du projet 'Tempo' et le maintien du '12/13' et du '19/20' national, à minima dans leurs durées actuelles", mais aussi "le développement d'un projet éditorial ambitieux pour les journaux nationaux de France 3" et la "fin des suppressions de postes et de la précarisation des services du siège".
Contactée par puremedias.com, la direction de l'information de France Télévisions n'a pas souhaité commenter ce préavis de grève.