Depuis aujourd'hui, les médias français ont quitté la période dite d'équité pour entrer dans celle de l'égalité stricte des temps de parole. Chacun d'entre eux est ainsi obligé d'offrir désormais l'exacte même durée d'antenne à chacun des 11 candidats à la présidentielle.
Petite nouveauté compliquant encore le travail des médias, cette égalité renforcée des temps de parole doit être assurée dans des "conditions de programmation comparables". Elle devra ainsi être respectée dans quatre tranches horaires de la journée. Autrement dit, impossible pour une chaîne de télévision de "dédommager" un candidat pâtissant d'un retard de temps de parole en l'invitant dans son 13 Heures alors que ses concurrents ont eu droit à un 20 Heures.
Frédéric Métézeau, chef du service politique de France Inter, goûte peu cette réglementation stricte imposée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, en application de la loi organique du 26 avril 2016 relative à la "modernisation des règles de l'élection présidentielle". Selon lui, le régulateur "'ruine" tout simplement "le travail des journalistes".
"Le pluralisme, c'est donner la parole à tout le monde dans de justes proportions, ce n'est pas l'égalité arithmétique... A France Inter, nous interviewons les 11 candidats mais nous n'avons pas besoin d'injonctions ou de décompte tatillon et surtout nous devrions pouvoir hiérarchiser l'information, la proportionner. Nous devrions faire des choix éditoriaux et non pas mathématiques...", estime ainsi le chef du service politique de France Inter.
Frédéric Métézeau a taclé dans son éditorial l'archaïsme des règles édictées par le CSA pour les seuls médias audiovisuels sous son autorité. "La loi nous impose un décompte linéaire à 11 à l'heure de la réécoute dé-linéarisée : podcasts, sites web, réseaux sociaux et applis où l'on ne peut pas mesurer le temps de parole". Et de railler : "Un grand merci, donc, au CSA garant du pluralisme et de la liberté de la presse, plus qualifié pour compter les secondes que pour empêcher le dépeçage d'iTELE... Un CSA qui ne bougera pas si un candidat refuse notre invitation, eh oui les contraintes ne vont qu'à sens unique...".
Le chef du service politique de France Inter a conclu son intervention en prenant plus particulièrement pour cibles deux membres du CSA : Sylvie-Pierre Brossolette et Olivier Schrameck. "Un grand merci à la conseillère du CSA Sylvie-Pierre Brossolette venue ce matin sur France Inter défendre cette réglementation... Ancienne journaliste politique de presse écrite, un secteur où l'on ne compte pas le nombre de signes dans les articles, et c'est tant mieux, car l'info ne se fait ni en tranche ni au poids".
"Un grand merci au président du CSA, Olivier Schrameck, directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon et l'un de ses conseillers de l'ombre pendant la campagne de 2002 achevée dès le 21 avril... Un véritable expert en campagne présidentielle...", a conclu Frédéric Métezeau. puremedias vous propose de réécouter cette séquence ici.