Interview
Emilie Aubry ("Le dessous des cartes") : "On ne pouvait pas laisser mourir cet héritage"
Publié le 2 septembre 2017 à 13:15
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
puremedias.com a interrogé la nouvelle présentatrice de l'émission de géopolitique d'Arte.
Emilie Aubry Emilie Aubry© Bertrand Noël
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Nouveau visage pour "Le dessous des cartes". Ce samedi, Arte lance à 19h30 la nouvelle saison de son émission consacrée à la géopolitique. A la suite du décès du créateur et animateur historique du programme, Jean-Christophe Victor, en décembre 2016, la chaîne franco-allemande a pris du temps avant de relancer l'émission. Pour cette rentrée, Arte a finalement laissé les clés du "Dessous des cartes" à Emilie Aubry, visage des soirées "Thema" de la chaîne. La journaliste sera aussi à l'antenne de France Culture le 10 septembre à 11h aux commandes de "L'esprit public". A cette occasion, puremedias.com s'est entretenu avec elle.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

Aller travailler avec l'équipe du "Dessous des cartes" est un pari très séduisant. Emilie Aubry

Pourquoi Arte a-t-elle décidé de poursuivre "Le dessous des cartes" ?
Emilie Aubry : Arte a été bouleversée par la mort de Jean-Christophe Victor pendant les vacances de Noël dernier. Il y a eu la douleur de perdre quelqu'un qui faisait vraiment partie de la famille d'Arte depuis plus de 20 ans. Ensuite, le deuil est passé. La chaîne s'est demandé si l'émission pouvait lui survivre. Cela a été un long cheminement. Arte s'est dit que c'était une émission vraiment reconnue d'utilité publique. Elle a une communauté très forte de fans. C'est une émission culte de la télévision française et qui a la vertu d'ouvrir sur le monde de 7 à 77 ans. On ne pouvait pas laisser mourir cet héritage. C'était certes très compliqué, voire impossible de remplacer Jean-Christophe Victor, mais il fallait que l'émission lui survive. Ils ont cherché quelqu'un pour reprendre le flambeau. Cela ne pouvait pas être quelqu'un qui ressemblait à Jean-Christophe, parce qu'il était unique. C'était un chercheur, un voyageur, un géographe, un merveilleux professeur. Ils ont donc cherché un profil journalistique, un visage d'Arte qui parlait déjà de géopolitique. C'est tombé sur moi car je présente "Thema", le magazine de documentaires depuis 2012. Ce sont souvent des sujets à dimension géopolitique.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de reprendre les commandes de ce programme ?
J'ai été très flattée de cette proposition. J'ai d'abord eu une forte appréhension, car je considérais comme tout le monde que Jean-Christophe était irremplaçable. Je trouvais très compliqué d'accepter une telle proposition. Mais j'ai été sensible aux arguments de la direction d'Arte, qui étaient d'assumer de reprendre différemment ce flambeau, et en même temps de reprendre un projet génial. Je suis une passionnée de géopolitique depuis "Global Mag" que j'ai présenté sur Arte et depuis "Thema". Aller travailler avec l'équipe du "Dessous des cartes" est un pari très séduisant.

De quelle manière avez-vous mis votre patte à la présentation de l'émission ?
Je garde surtout ce qui existait, c'est-à-dire les équipes du Lépac, ce laboratoire en géopolitique créé par Jean-Christophe, les équipes du "Dessous des cartes", les réalisateurs, les cartographes, les graphistes, etc. Je porte leur travail à eux. Puis, de façon très modeste et très humble, ma contribution est d'essayer d'élargir encore plus ce public, qui est déjà large et varié. J'ai une fille de 10 ans, je suis sûre qu'il y a moyen que cette émission se mette à séduire cette génération-là. Parce que je suis journaliste, j'ai à coeur de rendre l'émission encore plus fluide, plus accessible. Mais ça ne veut pas dire être moins rigoureuse et aller moins dans la complexité. C'est en restant très exigent que cette émission peut séduire et former le plus grand nombre.

S'ils unissaient leurs forces, la Russie et la Chine constitueraient un mastodonte géopolitique dont il faudrait éventuellement avoir peur. Emilie Aubry

Quelles sont les difficultés à rendre accessible à un plus grand nombre la géographie et l'histoire ?
Cette émission est déjà beaucoup regardée dans les lycées et les facultés. Elle touche déjà un public jeune. Notre premier numéro, qui passe ce soir, est une émission consacrée aux relations entre la Chine et la Russie. On oublie souvent qu'elles ont 4.200 kilomètres de frontière commune. On va raconter pourquoi il faut regarder de très près ces deux pays dont on oublie qu'ils sont voisins et qu'ils partagent beaucoup d'intérêts communs. S'ils unissaient leurs forces, ils constitueraient un mastodonte géopolitique dont il faudrait éventuellement avoir peur. Pour attraper les gens par ce qu'ils connaissent pour les entraîner vers ce qu'ils ne connaissent pas, j'essaye à chaque émission de démarrer par une photo. Là, en l'occurrence, on va partir de la photo d'une vraie collaboration déjà en cours entre la Chine et la Russie, qui ont mis au point un gros avion, qui a vocation à venir concurrencer Airbus et Boeing. Cette photo va parler à tout le monde. C'est déjà un signe de ce que ça donne quand la Chine et la Russie se mettent ensemble pour marier leur puissance. On va ensuite entraîner le téléspectateur vers une explication historique, cartographique et géopolitique. C'est ma touch à moi.

Comment sont préparées les émissions du "Dessous des cartes" ?
En gros, on est une équipe d'une quinzaine de personnes. C'est un fonctionnement très collégial. Au départ, il y a des discussions entre Lépac et Arte pour savoir sur quel pays, sur quelle région du monde ou sur quelle problématique géopolitique, on a envie de zoomer. Une fois qu'on s'est mis d'accord sur un sujet, ce sont les chercheurs de Lépac qui nous fournissent une base scientifique. Ensuite, notre travail de réalisateurs et de journalistes est de rendre ce savoir scientifique le plus compréhensible et le plus accessible possible. Il y a ensuite un travail méticuleux d'illustration, avec les cartes, les graphiques, les icônes et les photos.

Ce n'est pas une émission qu'il faut essayer de chambouler. Emilie Aubry

Aviez-vous envisagé de faire évoluer le format du programme ?
Je pense que cette émission a déjà ses fans. On voit bien sur les réseaux sociaux qu'il y a une communauté du "Dessous des cartes". En allant sur la page Facebook du "Dessous des cartes", c'est vraiment impressionnant de voir tous les commentaires et tous les partages depuis qu'on a annoncé que l'émission allait reprendre. Ce n'est pas une émission qu'il faut essayer de chambouler.

Est-ce qu'on aurait pu la rallonger ou la raccourcir ? Il y a quelques années, cette idée avait été évoquée par Jean-Christophe Victor.
Non, je pense que c'est le bon format. Ce n'est pas évident, car cette émission est un OVNI. Je pense que c'est pile le temps de concentration que peut avoir un téléspectateur devant ce genre de format. Après, par toutes petites touches, il y a cette volonté d'essayer d'élargir encore le socle de fans du "Dessous des cartes" et d'entraîner la curiosité du plus grand nombre. C'est vrai qu'on a beaucoup modernisé la mise en images avec les cartes 3D et le survol des cartes en relief. Il y a eu une modernisation technologique apportée à nos cartes, qui donne un coup de jeune à l'émission.

Vous êtes aussi à la tête des soirées "Thema" d'Arte. Quels vont être les prochains sujets abordés ?
Il y a déjà la soirée du mardi 5 septembre à 20h50. On aura une enquête en prime-time sur le scandale de l'élevage du porc industriel en Europe. Ensuite, on aura une seconde partie de soirée absolument passionnante sur l'Arabie Saoudite, avec deux films et notamment un centré sur le quotidien des femmes en Arabie Saoudite. On a l'impression que c'est un pays plus que jamais fermé. Il se passe quelque chose en Arabie Saoudite. On va rencontrer des femmes, qui ont de plus en plus accès au monde du travail, qui de plus en plus ont des responsabilités, sans vouloir non plus obtenir la même liberté qu'en Occident. Il y a un rejet de l'Occident qui reste très fort. On va aller partager le quotidien de ces femmes, qui vivent cachées sous un voile mais qui ont envie de sortir de l'ombre.

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