Une interview qui restera. "Le Parisien-Aujourd'hui en France" a publié, dans son édition du 5 janvier, la retranscription de l'échange entre le président de la République, Emmanuel Macron, et un panel de Français. Un "Face aux lecteurs" duquel a donc été extraite la désormais fameuse phrase du chef de l'Etat à l'égard des non-vaccinés qu'il a "très envie d'emmerder". Une autre phrase, à l'attention des "antivax", a également été largement commentée : "Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n'est plus un citoyen".
Au-delà de la déclaration qui est allée jusqu'à perturber le bon déroulement des débats autour de la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal à l'Assemblée nationale, Émilie Tran Nguyen, chroniqueuse de l'émission "C à vous", s'est intéressée ce mercredi soir aux profils des sept lecteurs sélectionnés par le quotidien national. "Ce qui est drôle, c'est qu'aucun n'est vraiment actif sur les réseaux sociaux, il n'y a pas de page Twitter, pas de page Facebook et quand ils ont un compte, ils ne s'expriment pas du tout dessus, a débuté la présentatrice du "12/13" de France 3. En revanche, ils ont quelques points communs. Par exemple, ils ont tous, sauf une l'enseignante, une page LinkedIn, le réseau social professionnel. Si on va plus loin, certains (comme Hakim Bey, gestionnaire immobilier et banque chez BNP Paribas, et Pascal Doublier, conseiller en assurance patrimoine) ont carrément les mêmes centres d'intérêt". La journaliste de citer Pierre Gattaz, ancien président du Mouvement des entreprises de France, le Medef, Jacques Attali et Emmanuel Macron.
Emilie Tran Nguyen poursuit sa démonstration : "Si je vais encore plus loin, certains ne se sont pas arrêtés à l'intérêt prononcé pour Emmanuel Macron. L'une des premières expériences professionnelles de l'étudiante, Solène Jalet, est bien c'est un stage comme collaboratrice d'un député La République en marche (Olivier Serva, député de la première circonscription de la Guadeloupe, ndlr), qui avoue être assez séduit par Emmanuel Macron dès ses débuts en 2016. C'est d'ailleurs lui qui a accueilli le candidat Macron alors en tout début de campagne et c'est un accueil très chaleureux, commente la journaliste images à l'appui.
"Enfin, il y a Tom Rial, l'agriculteur, il a monté une ferme dans le Perche avec son père, qui n'est autre que Jean-François Rial, grand admirateur lui aussi du Président notamment quand il était candidat. Tout ça pour vous dire que ce panel n'est pas forcément des plus représentatifs", interroge Emilie Tran Nguyen, se tournant vers David Doukhan, rédacteur en chef du service politique du "Parisien/Aujourd'hui en France", et Olivier Beaumont, grand reporter politique au journal, qui a encadré l'interview.
"D'abord, est-ce que Tom, l'agriculteur, est comptable des opinions politiques de son père ? C'est une façon de réfléchir un peu étonnante", balaie d'un revers de la main David Doukhan. "Il est co-fondateur de sa ferme avec son père", lui rétorque la chroniqueuse.
"Peut-être mais est-ce que cela veut dire pour autant qu'il est dans un militantisme La République en marche, la démonstration me semble scientifiquement assez... Mais c'est bien que cela pose question parce que je peux vous apporter la réponse. Le papa de Tom m'a passé un coup de fil parce que justement il voyait surgir ces soupçons, des soupçons étonnants, comme s'il y aurait eu la volonté de monter une assemblée favorable à Emmanuel Macron. Il m'a confié que son fils n'était pas du tout Macron, je ne sais pas pour qui il vote mais pas Macron. Ca c'est ce qu'il m'a dit."
Et David Doukhan de s'attarder ensuite quelques instants sur la construction du panel. "Les panels du 'Face aux lecteurs' du 'Parisien' sont connus, c'est une institution, on a un service qui s'en occupe. On va chercher parmi nos listings de lecteurs, sans leur demander (leur couleur politique), des professions, des catégories d'âge, des hommes, des femmes et des milieux socio-professionnels différents et des régions de France différentes. Voilà sur quoi nous basons la construction de nos panels. Pas question pour nous d'aller interroger les gens sur leurs opinions politiques et d'ailleurs moi, dans les échanges que l'on a eu hier, très franchement je n'ai pas senti des questionnements qui seraient des questionnements de fans ou d'admirateurs, pas du tout. Les questionnements vis-à-vis du Président étaient rudes, parfois des demandes de compte donc je ne sais pas, je ne connais pas leur appartenance politique mais je n'ai pas senti une admiration peut-être un peu excessive telle que vous semblez le suggérer", a conclu l'ancien chef-adjoint du service politique d'Europe 1. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.