Emmanuel Macron sort du bois. Après la fuite de documents présentés comme des "pistes de travail" émanant du ministère de la Culture en novembre et l'épisode plus récent des propos - finalement partiellement démentis - sur l'audiovisuel public, le chef de l'État a officiellement pris la parole sur le sujet, hier, à l'occasion de l'entretien accordé à Laurent Delahousse sur France 2. Et c'est donc sur une antenne du service public que le président de la République a annoncé l'ouverture d'une "grande réflexion sur l'audiovisuel public" dès le début d'année.
Une non-surprise totale alors que les différents groupes audiovisuels publics sont à la manoeuvre depuis plusieurs semaines dans la perspective du travail de réforme annoncé. En octobre dernier, Françoise Nyssen, ministre de la Culture, avait ainsi annoncé une grande réforme "structurelle" du secteur. Les patrons des différents groupes audiovisuels publics ont d'ailleurs bûché sur des propositions remises au gouvernement, qui seront évoquées cette semaine lors d'un entretien commun avec la ministre rue de Valois.
Dans un souci d'apaisement, le chef de l'État s'est défendu d'être seul à la manoeuvre, faisant savoir qu'il n'était que "celui qui donne l'impulsion" et "fixe les grands principes" de cette réflexion qui "le dépasse largement". Le président a ainsi estimé que c'était aux acteurs de l'audiovisuel public et aux parlementaires qu'appartenait ce travail de réflexion. La dite réflexion doit d'ailleurs "prendre son temps" a spécifié le chef de l'État, sans donner d'autre délai que celui de l'année 2018.
Emmanuel Macron a ensuite évoqué les grandes orientations qu'il entend donner à la future réforme. "Les usages sont en train de se transformer" a-t-il observé, évoquant le fait que les jeunes "regardent de moins en moins la télévision en linéaire" et se dirigent vers "d'autres formes de contenus" et des "jeux vidéo". "Notre audiovisuel public reste structuré, dans son architecture, sur le monde d'avant" a-t-il poursuivi, notant par ailleurs que le CSA contrôlait "beaucoup la télévision" mais pas les autres contenus auxquels les jeunes ont accès.
Pour le chef de l'État, la formation des jeunes est d'ailleurs l'une des principales missions du service public, faisant partie de ce qui justifie que "le contribuable français mette de l'argent dans France Télévisions et pas dans TF1". "Il y a des contenus que l'on est en droit d'attendre du service public" a-t-il également affirmé. Le président a conclu son propos en rappelant que l'audiovisuel public était le premier poste de dépense du ministère de la Culture. "Il y a de l'argent. Mais est-ce qu'on le met au bon endroit et est-ce qu'on a surtout l'organisation collective la plus pertinente ?" a-t-il feint de s'interroger.