Comme un air de déjà vu. L'Élysée "dément fermement", ce vendredi 20 décembre 2024, les propos choquants attribués par "Le Monde" à Emmanuel Macron. Dans une série d'articles, intitulée "Le président et son double", le quotidien du soir tente de décrypter le logiciel d'Emmanuel Macron. Après avoir écrit le 18 décembre que le chef de l'État, entouré de son "boys club", userait en petit comité régulièrement d'insultes homophobes – en surnommant Matignon "la cage aux folles" sous l'ère Gabriel Attal – Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin et Ivanne Trippenbach ont prêté ce jeudi des propos racistes au chef de l'État.
"Fin 2019, devant ses troupes", rapportent-elles, "le président parle de l’immigration comme d’un 'problème' et d’un 'défi qui fait peur'", rapportent-elles. Avant de raconter : "L’immigration, c’est le sujet sur lequel planchent Emmanuel Macron, Alexis Kohler et le ministre de la Santé d’alors, Aurélien Rousseau, un jour d’automne 2023. Lors d’une réunion à l’Élysée, ils évoquent l’hôpital public et l’aide médicale d’État aux étrangers en situation irrégulière, que la droite veut supprimer", recontextualisent-elles, avant de relayer une réflexion d'Emmanuel Macron sur le sujet.
"Le problème des urgences dans ce pays, c’est que c’est rempli de Mamadou", aurait lancé le chef de l’État. Si Aurélien Rousseau aurait contredit le patron de l'exécutif, ce dernier aurait insisté : "Si, si. Vas-y, tu vas voir !". "Comme souvent", analysent ensuite le trio de journalistes, "Alexis Kohler tente de polir les certitudes présidentielles, mais pas assez pour éviter une dose de 'préférence nationale' dans l’attribution des allocations familiales, avant la censure par le Conseil constitutionnel".
D'autres propos sexistes cette fois – Emmanuel Macron aurait qualifié de "cocottes" Marine Tondelier (Les Écologistes) et Lucie Castets – ont été rapportés par le quotidien du soir ce jeudi. Auprès de l'AFP, l'Élysée "dément fermement ces propos rapportés qui n'ont fait l'objet d'aucune vérification auprès de la présidence avant publication", a réagi vendredi l'entourage d'Emmanuel Macron. "Le Monde", lui, indique qu'il maintient ses informations.
Avant ce démenti, les réactions s'étaient multipliées jeudi soir. "Ces propos racistes du président de la République, rapportés par le journal 'Le Monde', sont une insulte à la République. C'est une honte absolue. Vivement qu'il s'en aille", avait écrit sur X le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard, s'indignant comme de nombreux députés de son mouvement.
Ces propos "sont racistes. Indubitablement. Ils sont accablants", avait renchéri sur le même réseau social le sénateur communiste de Paris Ian Brossat. "Tout y passe : racisme, homophobie, sexisme. Le tout enfermé dans un palace doré, loin du regard des Français, à qui il fait la morale à longueur de journée", avait fustigé pour sa part le député de la Somme François Ruffin, citant également d'autres phrases attribuées au locataire de l'Élysée par cette enquête au long cours du "Monde".
Parmi ses soutiens, Emmanuel Macron a pu compter sur Rachida Dati. "Le journal 'Le Monde' ne se grandit pas en construisant une série d’articles consacrés au président Emmanuel Macron à grand renfort de rumeurs et de ragots, façon tabloïd. Quant aux personnes qui défendaient hier les valeurs et les principes républicains au nom du président de la République et lui prêtent désormais des propos à l’exact opposé… ce sont les mêmes qui, dans leurs formations politiques d’origine, ont favorisé le communautarisme, la stigmatisation et donc le racisme. #Tartuffes", a-t-elle écrit sur X ce vendredi 20 décembre. La ministre de la Culture démissionnaire a été épinglée par "Médiapart" ce mercredi 18 décembre pour les nombreuses "insultes", "menaces" et "pressions" auxquelles elles auraient eu recours ces derniers mois contre la presse.
En "on", en "off", les propos d'Emmanuel Macron ou qui lui sont prêtés sont décidément, ce vendredi 20 décembre 2024, à la Une de l'actualité. La nuit dernière, le média de vidéos en ligne "Brut", a relayé des images sur lesquelles le président de la République, en déplacement à Mayotte cinq jours après le passage du cyclone dévastateur Chido, a laissé éclater sa colère face à des sinistrés critiques quant à la gestion de la catastrophe par l'État. "Aujourd'hui, vous venez nous dire que tout va bien alors que tout va mal", a reproché une habitante à Emmanuel Macron. "On va compter les morts dans les bidonvilles, Monsieur le président (...) Je ne suis pas d'accord pour dire que tout va bien".
"Tout le monde se bat quelle que soit la couleur de peau. N'opposez pas les gens ! Si vous opposez les gens, on est foutus parce que vous êtes contents d'être en France. Parce que si ce n'était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde. Il n'y a pas un endroit de l'océan indien où l'on aide autant les gens. C'est la réalité", a-t-il hurlé en réponse aux sinistrés dont une parti criait "Macron démission". "Et donc, on ne peut pas vouloir être un département français et dire que cela ne marche pas dès que la France est en solidarité. Quel est l'autre territoire de cette région comme ailleurs qui livre de l'eau, du fret, des soignants comme on le fait ici ?".
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Scandalisées par le ton du président de la République, les oppositions ont dénoncé cette séquence. Pour le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale Éric Coquerel, cet échange "se passe de commentaires". "Message à celles et ceux qui estiment qu'il ne doit surtout pas partir : qui imagine cela encore possible 30 mois ?" jusqu'à la fin du mandat présidentiel en 2027, s'est interrogé sur X le député de La France insoumise.
"Emmanuel Macron y est allé dans (...) une attitude arrogante et donneuse de leçons. (...) Moi je l'ai vu en chemise dire mais 'vous êtes fiers d'être français ?' (...) Ce n'est pas le sujet en fait", a réagi de son côté la députée écologiste Sandrine Rousseau sur France 2. "On a la plus grande catastrophe humaine depuis la Seconde guerre mondiale et on est en train de faire un show de Macron. Ce n'est pas à la hauteur", a-t-elle déploré. Côté Rassemblement national, le député Sébastien Chenu a estimé sur RTL que ces mots n'étaient pas de nature à "réconforter nos compatriotes mahorais qui, à travers ce genre d'expression, ont toujours le sentiment d'être traités à part".
Dans une interview aux médias mahorais, Emmanuel Macron s'est défendu : "J’avais des gens du Rassemblement national qui étaient face à moi et qui insultaient la France en même temps, qui disaient qu’on ne fait rien, etc", s’est-il justifié dans une interview à Mayotte la 1ère, au "Journal de Mayotte" et Kwezi TV. "Mais parce que c’est la France, quand on l’insulte, le président, il se fâche", a-t-il insisté.