Quand la presse cherche la vérité. L'Élysée a démenti, ce mardi 26 novembre 2024, les propos prêtés à Emmanuel Macron quelques heures plus tôt dans un article publié par "Le Parisien". Selon ce papier signé Thomas Soulié, récent transfuge de BFMTV, le chef de l'État aurait pronostiqué la censure à venir du gouvernement de Michel Barnier : "Le gouvernement va tomber", aurait-il prédit lundi 25 novembre, en marge de la cérémonie de remise de décoration à Élisabeth Borne organisée à l’Élysée.
"Elle (Marine Le Pen) va le censurer à un moment donné et plus tôt qu’on ne le pense", ont rapporté plusieurs témoins au "Parisien-Aujourd’hui en France", qui résume la pensée du président de la République en ses termes : "Selon lui, la présidente des députés Rassemblement national pourrait mettre sa menace à exécution dès les prochains jours, à l’occasion des votes sur les différents budgets à l’Assemblée nationale". Le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 doit avoir lieu la semaine du 2 décembre 2024.
Ces propos, relayés dans la presse, ont provoqué le courroux de l'Élysée : "L’Élysée dément que de tels propos rapportés ici entre guillemets aient été tenus", écrit le compte X de l'Élysée. "Le président de la République n’est pas un commentateur de l’actualité. Le gouvernement est au travail et le pays a besoin de stabilité", a tweeté le Château, dont la communication a étonné nombre d'observateurs de la vie politique.
"À ma connaissance, c'est la première fois que le compte X de l'Élysée 'dément' une information publiée dans la presse", a relevé Marie-Pierre Bourgeois, journaliste politique de la rédaction numérique de BFMTV.
Ceci dit, le journal, par la voix de Marion Mourgue, rédactrice en chef du service politique, a indiqué qu'il ne changerait pas une virgule à l'article publié. "'Le Parisien - Aujourd'hui en France' maintient ses informations. Elles ont été recoupées et confirmées par plusieurs sources", a-t-elle répondu sur X à l'Élysée.
Sur BFMTV quelques instants plus tard, Marion Mourgue de réitérer : "Emmanuel Macron décorait hier Élisabeth Borne, son ancienne Première ministre. Il y avait plusieurs invités parmi lesquels des anciens ministres et des proches. Il est venu parler avec eux (et s'est livré à) une sorte de pronostic, d'analyse de la situation. Et bien sûr, que l'on confirme même si l'Élysée n'est pas ravi que l'on fasse sortir cette information. Dans le contexte actuel, cela montre aussi que le Président n'est pas en plein soutien de son Premier ministre et projette même déjà la suite." Puremédias vous propose de visionner la séquence.
Entre la presse et l'Élysée, les échanges de cette teneur se répètent. Le 17 octobre 2024, lors d'une conférence de presse à Bruxelles (Belgique), Emmanuel Macron avait laissé éclater sa colère, jugeant que les journalistes de la presse présidentielle avaient déformé ses propos tenus la veille en conseil des ministres sur la naissance d'Israël.
Benyamin Netanyahou "ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU", aurait affirmé le chef de l'État. Fustigeant les "ventriloques", il a pointé le "délitement du débat public" et le "manque de professionnalisme des ministres qui ont répété des propos déformés, des journalistes qui les ont repris et des commentateurs qui ne se sont pas attardés à la réalité et à la véracité de tels propos".
L'Association de la presse présidentielle, elle, avait rétorqué qu'Emmanuel Macron mettait "gravement en cause la déontologie de la presse qui enquête et recoupe ses sources avec rigueur" et que "la définition du journalisme ne saurait être une prérogative présidentielle".