Aujourd'hui à Cannes : Russell Crowe refait l'Histoire et Tim Burton lance le Festival

En direct de Cannes. Le soleil est revenu. Les dernières pelleteuses s'affairent sur les plages. Et le Président Tim Burton et ses huit jurés ont débarqué sur la Croisette et sont prêts à commencer leur marathon cinématographique. Lors de la conférence de presse, le cinéaste américain a avoué être heureux « de voir des films qu’il ne ferait pas forcément ». Et à regarder la sélection de plus près, on veut bien le croire. Il a également promis de laisser tranquille le jury pour voir les films sans être perpétuellement derrière leur dos. Alors forcément, après la présidence (de fer) d’Isabelle Huppert l’an dernier, le jury de cette année peut être sûr d’avoir la vie, disons, un peu plus... cool.


Ils ont été projetés hier, et on ne parle plus que d'eux.

Robin des Bois : Ridley Scott revisite la légende pour la replacer dans l’Histoire. Dix ans après avoir remis au goût du jour le peplum avec son Gladiator, le cinéaste britannique nous plonge dans le Moyen-Âge (une période qui n’a pas souvent réussi au 7ème Art), s’attache pour la cinquième fois les services de Russell Crowe et offre une vision musclée de celui qui, dans l’imaginaire collectif, vit dans la forêt et vole aux riches pour donner aux pauvres. Alors pour apprécier le dernier né de Ridley Scott, mieux vaut d’ores et déjà oublier les collants d’Errol Flynn où la version édulcorée avec Kevin Costner. Ici, Robin des Bois ressemble plus à Maximus qu’au renard de Disney... Mais que faut-il penser de cette nouvelle version ?
*Ses points forts : Pas de soucis, Ridley Scott sait parfaitement ce qu’il veut et comment il le veut. Sa mise en scène est soignée et maîtrisée, tout comme l’atmosphère qu’il impose avec des batailles filmées au plus près. Le film trouve la bonne alchimie entre romance, légende et action. Si les performances de Russell Crowe et Cate Blanchett pour incarner Robin et Marianne sont de bonne facture, ce sont surtout les seconds-rôles qui se démarquent, à commencer par l’inoxydable Max Von Sydow, et celui qui va finir par devenir le méchant de service à Hollywood, Mark Strong (Sherlock Holmes, Kick-Ass...)
*Ses points faibles : Les détracteurs de Ridley Scott verront tous leurs arguments se confirmer, car le cinéaste ne surprend pas vraiment avec cette adaptation académique dans la pure tradition des films historiques hollywoodiens. En voulant rendre à la légende de Nottingham ses lettres de noblesse, le film pèche par le trop peu d’éléments historiques dont il dispose, et fait donc comme tous les autres en piochant dans son imaginaire. Du coup, le scénario se révèle un peu léger. Ah, et oui, petite recommandation... mieux vaut être prêt à voir sa fibre patriotique fortement chahutée, car ici, les Français sont les "Bad Guys" de l’Histoire...



Tournée
Mathieu Amalric passe derrière la caméra et s’invite pour la première fois à Cannes avec la casquette de réalisateur. Habitué du Festival, le comédien plongera les festivaliers dans l’univers des strip-teaseuses du "New Burlesque", dans ces lieux où le sexe et l’argent ne font pas forcément bon ménage...



Rizhao Chongqing
Cinq ans après avoir remporté le Prix du Jury avec Shangai Dreams, Wang Xiaoshuai revient à Cannes présenter son second film en compétition officielle. Il racontera l’histoire de Lin, un capitaine de bateau, qui découvre après six mois passés en mer que son fils de 25 ans a été abattu mystérieusement par la police.


Quand on leur demande leur sentiment sur le fait de faire l’ouverture du Festival de Cannes avec un film où les Français ont le mauvais rôle, que répondent les principaux intéressés ?
*Cate Blanchett : « Mais ce sont les Anglais qui ont le mauvais rôle ici ? ». Vite dit...
*Russell Crowe : « Richard Cœur de Lion n’est jamais revenu en Angleterre de ses croisades. Il a été tué par un cuisinier français. C’est pour ça qu’on fait l’ouverture du Festival ! » On passera sur la véracité historique de l’épisode...


Pour éviter de signer des autographes et de poser trop longtemps pour les journalistes avant de se rendre à la conférence de presse de Robin des Bois, Russell Crowe a trouvé la parade. Il est arrivé en tenant son fils par la main et a filé droit sans s’arrêter. Cate Blanchett, elle, n’avait personne à qui donner la main. Elle s’est donc prêtée au jeu.


Des réalisateurs dans la tourmente...
*Roman Polanski : Celui a été président du Jury en 1991 et a obtenu la Palme d’Or en 2002 pour Le Pianiste vient de recevoir le soutien de dix réalisateurs présents à Cannes via une pétition menée par le philosophe Bernard Henri Levy. Jean-Luc Godard, Mathieu Amalric, Bertrand Tavernier, Xavier Beauvois, Olivier Assayas ou Agnès Varda font partie des réalisateurs à avoir signé cette pétition. Libéré sous caution le 4 décembre dernier et assigné à résidence à Gstaadt, le cinéaste franco-polonais pourrait être bientôt extradé aux Etats-Unis.
*Jafar Panahi : Retenu prisonnier dans son pays et invité à rejoindre le jury cette année, le cinéaste iranien sera finalement absent de la cérémonie. Lors de la conférence de presse du Jury, Tim Burton s'est exprimé sur le sujet : « Nous sommes tous pour la liberté d'expression. On se bat pour ça tous les jours pour ça ». En son hommage, une chaise vide a trôné sur la scène du Palais des Festivals lors de la cérémonie d'ouverture.

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