Interview
Florian Gazan (L'Equipe) : "Notre pari avec le catch, c'est d'être crédible"
Publié le 9 mars 2018 à 15:59
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la diffusion du catch sur la chaîne sportive, le chroniqueur de "L'Equipe d'Estelle" s'est confié auprès de puremedias.com.
Florian Gazan Florian Gazan© Faugere / L'Equipe
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Il va y avoir du show sur L'Equipe. A partir de demain, la chaîne sportive diffusera tous les samedis à 10h une heure de "Raw", l'une des plus grandes compétitions de catch aux Etats-Unis. La chaîne rediffusera ensuite le programme le samedi en seconde partie de soirée à 22h50. Pour commenter ces rencontres, L'Equipe a fait appel à un expert du catch et mythique voix de la discipline en France, Christophe Agius. Il sera en tandem avec le chroniqueur de "L'Equipe d'Estelle", Florian Gazan. A cette occasion, le proche de Laurent Ruquier s'est confié auprès de puremedias.com.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

"Chaque semaine, on a un Super Bowl sur la chaîne L'Equipe." Florian Gazan

puremedias.com : Pour quelles raisons L'Equipe a-t-elle misé sur le catch américain ?
Florian Gazan :
C'est un divertissement hyper populaire sur toutes les générations, notamment les enfants. Si tu vas te balader chez Toys'R'Us, il y a des poupées de catcheurs. Ce sont les Marvel qui font du sport. Ils ont tous des particularités, des tenues et une histoire. C'est une sorte de grande sitcom sportive. Il y a des rivalités, des affrontements, des combats et des surprises sans cesse. C'est "amour, gloire et sportivité". Mais ça reste du sport et c'est pour ça que ça a sa place sur la chaîne L'Equipe. C'est du sportainement, c'est un show à l'américaine. Ce sont des stades remplis chaque semaine, avec un public en feu. Il y a beaucoup de codes et de rituels. C'est hyper spectaculaire comme tout ce qui vient des Etats-Unis. Chaque semaine, on a un Super Bowl sur la chaîne L'Equipe. C'est ce niveau-là d'intensité.

Est-ce plus du show ou du sport ?
Ca reste quand même du sport ! Il y a quand même des athlètes. Les mecs s'entraînent, les mecs se blessent. Même si c'est scénarisé, quand tu te prends un mec de 2 mètres et 150 kilos sur toi, même si lui a appris à tomber et toi à le recevoir, parfois ils peuvent se faire très mal. Il y a des super stars qui arrêtent pendant 2 ou 3 mois parce qu'ils se font mal. Ce n'est pas que du spectacle, ce n'est pas que du sport. C'est au confins des deux. Et ça fait des audiences de folie aux Etats-Unis. La WWE (World Wrestling Entertainment, société américaine qui organise les compétitions de catch, ndlr) est cotée en bourse. C'est un truc énorme. Sur les réseaux sociaux, ils sont devant la NBA et devant la NFL. C'est une vraie machine de divertissement. On est ravi de diffuser ce show qui passe tous les lundis soirs aux Etats-Unis en prime time.

"Dans le vocabulaire, on ne dit plus 'catch', c'est un mot du passé." Florian Gazan

Quelle est la recette d'une bonne rencontre de catch ?
Ca va être les retournements de situation. Chaque combattant a aussi des prises spécifiques. Ce qu'on appelle des signatures. C'est souvent la prise avec laquelle il achève son adversaire. Après, c'est comme un combat de boxe. Par moment, il y en a un qui a le dessus sur l'autre, puis l'autre revient. Il y a une donnée supplémentaire dans ces événements-là. Il y a toujours des éléments externes qui peuvent intervenir. Dans le catch, on ne sait jamais ce qu'il va se passer. On ne sait jamais ce qu'ils vont imaginer. Chaque semaine, il y a des Oscars du scénario à décerner, parce que c'est un truc vraiment efficace à ce niveau. Ils arrivent toujours à réinventer le truc.

Le catch n'est pas devenu ringard ?
Non, parce qu'ils ont beaucoup évolué ! C'est comme les séries télé. Quand on regarde une série des années 80, "Magnum", et qu'on regarde aujourd'hui "Casa del papel", on voit l'évolution. C'est pareil, dans les années 80, les super stars du catch qu'on voyait sur Canal avec Hulk Hogan et Randy Macho Man, c'était très extravagant avec les tenues fluo. Aujourd'hui, on est entré dans un truc un peu plus réaliste. Il y a moins de masques, ce sont des athlètes tatoués. Ils sont plus entrés dans des codes visuels de ce qui est la boxe ou la MMA, le free fight. Ils sont à l'écoute de leur public. Ils ont le souci de ne pas devenir ringard et ont tendance à ne pas anticiper. Même dans le vocabulaire, on ne dit plus "catch", c'est un mot du passé, maintenant, on dit des matchs.

Il y a dix ans, le catch était à son sommet. Il y avait de nombreuses stars comme Undertaker, Big Show, Batista, Rey Mysterio, John Cena...
John Cena qui est là ! Rey Mysterio qui va peut-être revenir, car cette année on va fêter les 25 ans de "Raw". Mais il y a Brock Lesnar (champion du monde poids lourds de la WWE, ndlr) qui vient du free fight. Il va affronter Roman Reigns, qui est le cousin de The Rock (l'acteur Dwayne Johnson, ndlr). Il y a beaucoup de super stars qui arrêtent et qui reviennent par la suite. Après "Fast and Furious", The Rock est revenu régulièrement. Batista a aussi fait "Les Gardiens de la galaxie". Des stars, il y en a et il y en a toujours. Ils en ré-injectent des nouveaux. Ils ont une sorte de centre de formation, avec un programme où ils ont des catcheurs en développement. Quand ils sont mûrs, ils les intègrent.

"On ne met pas un orteil dans l'eau froide. On rentre dedans, on plonge direct. Il faut faire vivre le truc." Florian Gazan

En tant que commentateur, comment vous êtes-vous préparé ?
On reçoit le programme US, brut de décoffrage, dans une version 45 minutes. J'ai la grande chance et le bonheur d'être avec Christophe Agius, "The Guy". Il connait tout par coeur. C'est le consultant de rêve. Être avec lui, c'est un luxe. Moi, je suis un fan, un amateur. C'est rassurant pour moi de l'avoir. Notre pari avec le catch, c'est à la fois de faire venir les fans, d'être crédible, on sait qu'il y a une attente, et à la fois, pour la chaîne L'Equipe, de démarrer une nouvelle histoire. On débute. On veut expliquer aux gens comment ça fonctionne.

Christophe Agius formait auparavant un duo avec Philippe Chereau sur AB1. Ils proposaient des commentaires complètement décalés. Est-ce que vous serez dans ce même état d'esprit ?
Exactement. Je suis très fan de ce qu'ils font. Je les ai regardés sur AB1. C'est un duo qui marche bien. Nous, on va essayer de créer notre petite histoire avec Christophe. Lui, il va rester dans ses codes. Moi, je vais être moi, ce que je suis dans la chaîne L'Equipe. On s'entend bien et on va se vanner. L'idée est de faire notre petit numéro à nous. On n'est pas uniquement en train de raconter ce qu'il se passe. On est en train de faire monter la sauce. On va se taquiner, on va se chambrer.

Vous allez aussi surjouer comme les catcheurs peuvent surjouer de leur côté ?
Ouais ! On en rajoute, mais aussi parce qu'on est dans le truc. Il faut le vivre à fond, on ne le fait pas à moitié. On ne met pas un orteil dans l'eau froide. On rentre dedans, on plonge direct. Il faut faire vivre le truc. Tu n'as pas à te forcer.

"J'ai donné à la présentation. J'ai fait. Mon ego a été flatté de ce côté-là. Mais ce n'est pas ce qui m'amuse fondamentalement." Florian Gazan

Pourquoi une programmation le samedi matin en première diffusion ?
Je pense que l'idée est d'aller chercher les familles. Le samedi matin, il y a les enfants devant la télévision. Ils ne sont pas à l'école ! Puis, il y a une rediffusion le samedi soir pour toucher un autre public, les plus âgés, les ados et les 20-30 ans. J'ai découvert à travers les réseaux sociaux qu'il y a énormément de gens qui suivent en France ! Je ne pensais pas que c'était encore aussi suivi. Il y a une grosse attente.

Avec le catch, vous incarnez de nouveau un programme. Ca vous avait manqué la présentation ?
Non, parce que ce n'est pas ce que je recherche particulièrement. Je suis moi dans ce que je fais. Dans "L'Equipe d'Estelle", je l'incarne un peu. C'est elle la présentatrice, il n'y a pas de doute là-dessus. Mais je suis là tous les soirs, donc j'incarne un peu l'émission à ma manière. Dans "Les Grosses Têtes", j'incarne ce que je suis, j'ai mon rôle. Je ne suis pas la lumière. J'ai donné, j'ai fait. Mon ego a été flatté de ce côté-là. Mais ce n'est pas ce qui m'amuse fondamentalement. J'aime être dans un programme que je regarderais. Le catch, j'ai toujours aimé ça, depuis mon enfance, puis quand c'était diffusé à Canal. Donc, là, oui, j'incarne ce programme, mais les stars, ça va être les gars et les filles qui vont s'affronter tous les samedis. Je ne cours plus après la présentation. J'ai toujours rêvé d'être dans une émission de foot. J'ai eu la chance de pouvoir faire "L'Equipe du soir", "L'Equipe d'Estelle". J'ai toujours rêvé de bosser avec Ruquier, j'ai fait "On va s'gêner" et je suis aux "Grosses Têtes". Ce qui me motive, c'est ça.

"L'Equipe d'Estelle" marche plutôt bien en access. Comment vous expliquez ce succès ?
Estelle est une superbe animatrice. Elle est retournée dans ce pour quoi elle est faite naturellement. Je pense que c'est sa place. Au delà d'être une femme, c'est une journaliste extrêmement compétente sur le sport et le foot. C'est une passionnée. Elle dégage un truc sympa. Elle fait un show dans une émission d'accueil. Et puis, c'est dans le développement de la chaîne. Il y a une vraie montée en puissance.

"Quand on retransmet la Ligue 1, la Ligue des champions, qu'on paye très cher pour avoir ces droits, la liberté de ton va jusqu'à un certain point." Florian Gazan

Est-ce qu'on a une plus grande liberté sur la chaîne L'Equipe que sur les chaînes concurrentes ?
L'avantage de ne pas être détenteur de droits quand on parle de foot, c'est qu'on n'a pas à ménager la chèvre et le chou. Je comprends bien. J'ai pu connaître ça. Quand on retransmet la Ligue 1, la Ligue des champions, qu'on paye très cher pour avoir ces droits, la liberté de ton va jusqu'à un certain point. Je ne dis pas que mes petits camarades sur les autres chaînes sont bridés. Pierre Ménès sur Canal dit ce qu'il pense. Sur beIN, ça arrive aussi. Mais il y a forcément des enjeux industriels, donc on ne peut pas aller à l'encontre de ce que tu diffuses. Nous, on n'a pas cette problématique. Je pense que c'est ce qui fait le succès de "L'Equipe du soir" depuis des longues années, c'est un espace de liberté de ton, de débat, avec des gens compétents. Par moment, j'imagine - on n'est pas au courant de tout - que peut-être les téléphones sonnent un peu au-dessus de nous, dans le bureau d'Arnaud (de Courcelles, directeur de la chaîne, ndlr), peut-être même dans le bureau de Cyril Linette (directeur général du groupe L'Equipe, ndlr).

Vous êtes également pensionnaire dans "Les Grosses Têtes" de Laurent Ruquier sur RTL. En fait, aujourd'hui, vous êtes "chroniqueur en chef".
C'est un rôle dans lequel je m'épanouis. Aujourd'hui, je préfère ce rôle à celui d'animateur. Même si je le suis un peu dans ce qu'on fait dans "Raw". Être chroniqueur, c'est un luxe. On se retrouve dans le sillage de gens comme Laurent ou Estelle, qui mènent ça de main de maître. Nous, on a juste à être là. On n'a pas tout le poids de gérer l'émission. Nous, on arrive, on prépare nos conneries, on essaye de détendre l'atmosphère. C'est génial à faire. Franchement, ce n'est pas un travail - même si je prépare quelques trucs pour l'émission. Je n'arrive pas non plus les mains dans les poches pour "Les Grosses Têtes".

"Si Laurent Ruquier a l'opportunité d'avoir une chronique humoristique avec quelqu'un qui peut ajouter un plus à 'On n'est pas couché', il le fera." Florian Gazan

Vous avez également fait quelques chroniques dans "On n'est pas couché" sur France 2. Aujourd'hui, il n'y a plus d'humoriste dans l'émission. Est-ce que ça manque à la mécanique de l'émission ?
Je ne sais pas. Je pense que l'émission est très bien comme ça sans ces chroniques. Il y a eu Jonathan Lambert très longtemps, puis après Nicolas Bedos, puis Fary qui était le dernier à ce poste. Je pense que c'est un plus. Quand ce n'est pas là, l'émission marche très bien. Ce n'est pas une obligation. Laurent est content de pouvoir avoir un truc de temps en temps avec des gens qui veulent venir, plutôt que des gens qui sont obligés de venir. L'émission est déjà très drôle et percutante sans qu'il y ait cette chronique. On a pris cette habitude, donc faut que ce soit un passage obligé. Mais non, les choses évoluent. Maintenant, s'il y a un truc qui arrive, Laurent est quelqu'un qui est ouvert. Il suffit de voir aux "Grosses Têtes", il intègre toujours des nouvelles personnes. S'il a l'opportunité d'avoir une chronique humoristique avec quelqu'un qui peut ajouter un plus à l'émission, il le fera. Ce n'est pas une position de principe.

Ca fait quand même plusieurs mois qu'aucun humoriste ne s'est rendu dans l'émission.
Ils n'ont peut-être pas la bonne personne par rapport à ce qu'ils voudraient. Ce n'est pas simple parce que des mecs comme Nicolas Bedos ou Vincent Dedienne,- qui est dans "Quotidien" et qui pourrait très bien venir faire un papier dans "On n'est pas couché" par rapport aux liens qu'il a avec Laurent -, ou Alex Lutz ont une carrière. Ils ne sont pas forcément libres tous les jeudis. Laurent va vouloir quelqu'un de ce calibre et c'est normal. Il veut les meilleurs pour l'émission. En l'état aujourd'hui, ils sont soit en recherche s'ils n'ont pas trouvé la perle, ou soit c'est de la rareté avec des gens qui viennent de temps en temps. Après, je ne sais pas pourquoi il n'y en a pas particulièrement cette année.

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