Retour aux sources pour Estelle Denis. Depuis deux semaines, la journaliste est aux commandes d'une quotidienne sur la chaîne L'Equipe, baptisée "L'Equipe d'Estelle". Tous les jours à 17h45, l'ancienne présentatrice de C8 revient sur l'actualité sportive de la journée. Depuis la rentrée, l'émission est regardée en moyenne par près de 250.000 téléspectateurs. La part de marché s'est élevée à 2,0% du public, selon la chaîne, soit plus du double par rapport à l'an dernier. A l'occasion des bons résultats de "L'Equipe d'Estelle" et des premiers pas de l'animatrice, puremedias.com a rencontré Estelle Denis.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
"Il se passe vraiment quelque chose sur L'Equipe et j'avais envie de faire partie de cette aventure."
puremedias.com : Pourquoi avoir choisi de rejoindre la chaîne L'Equipe ?
Estelle Denis : C'était le projet qui me semblait le meilleur pour moi. Ils m'ont appelée le jour même de l'arrêt de "Touche pas à mon sport". J'avais vraiment envie de retrouver le sport et la quotidienne. C'est vraiment le rythme qui me plaît le plus : avoir les mains dans le cambouis, cinq jours sur sept, voire un peu plus car le week-end, je regarde les matchs. Puis, L'Equipe est la chaîne qui monte. On le voit dans tous les chiffres. Il se passe vraiment quelque chose et j'avais envie de faire partie de cette aventure. Il y a un esprit de famille. J'ai l'impression d'être là depuis des semaines. Je suis à ma place, je suis chez moi. Ça me rappelle vraiment mes débuts à M6 : cet esprit d'équipe et cette idée que tout est possible et qu'on peut faire plein de choses. Il n'y a pas une pression monumentale même si l'exigence est énorme. Pour moi, c'était important aussi d'être rédactrice en chef de mon émission. C'était la condition sine qua non.
Comment s'est passée votre intégration aux côtés des visages de la chaîne ?
Je gravite dans ce milieu depuis quasiment 20 ans. Alors, la plupart des gens, je les connais. Il y a des gens que je côtoie depuis des années. Ce sont plutôt les gens derrière que je ne connaissais pas. A l'antenne, ça n'a pas été un souci. Tout de suite, j'ai demandé à travailler avec l'équipe qui existait déjà sur la chaîne, parce que les journalistes de L'Equipe sont les plus compétents. Je voulais m'appuyer sur cette base, quitte à apporter après des envies et quelques personnes de l'extérieur.
"Les audiences, on les a à 11h. C'est un peu chiant, on ne va pas se mentir."
Quels vont être les grands enjeux de "L'Equipe d'Estelle" ?
On va essayer de faire mieux que l'année d'avant. Puis, on veut surtout monter en puissance avant la Coupe du monde en Russie en 2018. C'est un peu la cerise sur le gâteau. En audience, on va essayer d'améliorer notre base. On va grappiller petit à petit des points. C'est un vrai challenge. Les audiences, on les a à 11h. C'est un peu chiant, on ne va pas se mentir (rire). Ça me perturbe dans mes habitudes !
Vous avez plutôt bien démarré.
On a hyper bien démarré ! On est à 250.000 de moyenne sur les deux premières semaines. C'est top et hyper motivant ! Ça veut dire qu'il y a une base. A cette heure-là, on est la seule émission de sport. Mais ça veut dire qu'il y a un public pour ça !
Avez-vous des exigences d'audience ?
Non, mais je me les fixe moi-même. Ça veut dire que je veux faire mieux que l'année dernière. Moi, j'ai un petit chiffre dans la tête, mais je ne veux pas le donner maintenant. Mais déjà, on est au-dessus de ce que je m'étais fixé ! C'est plutôt pas mal !
A qui s'adresse exactement cette émission ?
Je m'adresse à tout le public, la base la plus large possible ! L'idée est surtout de ne pas faire doublon avec "L'Equipe du soir" d'Olivier Ménard. On veut faire une émission de sport, mais avec un ton léger. On ne s'interdit pas d'avoir des jeux. On est en fin d'après-midi, donc il faut que les gens qui rentrent du boulot puissent se divertir. Mais l'idée reste de traiter, débattre et analyser l'actualité sportive. C'est sûr que ce soir, on va débattre sur la défaite de l'OM (1-3 à domicile face à Rennes, ndlr). On le traite d'abord en actu, mais ça ne nous empêchera pas derrière d'avoir un jeu, comme "Trouvez les dix derniers entraîneurs de l'Olympique de Marseille". Il y a quatre gros débats dans l'émission et il y a toujours des rubriques humoristiques. Le lundi, c'est "L'Equipe Pipe", c'est l'antithèse de "L'Equipe Type" avec Florian Gazan. Il s'occupe aussi de "Dans la peau de" où il se met dans la peau de personnages de football chaque jour. Et le vendredi, avec "L'Arbitrage vidéo", il revient sur les grands moments de la semaine de la chaîne L'Equipe.
"J'adorerais recevoir François Hollande et Nicolas Sarkozy dans l'émission."
Votre émission arrive tout de même au bon moment : des stars au Paris-Saint-Germain, un mercato de folie en Ligue 1, la Coupe du monde en Russie. Comment l'appréhendez-vous ?
Je ne vais pas parodier les joueurs en disant que je prends match après match mais c'est quand même un peu ça. Quand vous faites une quotidienne, vous avez la tête dans le guidon tout le temps. J'ai du mal à me projeter dans deux semaines. En ce moment, je ne pense qu'à cette semaine qui arrive. On est en semaine Ligue des champions. On va voir aussi ce que vont donner l'OM, Lyon et Nice en Europa League.
Est-ce qu'il y a une personnalité du sport que vous rêvez d'inviter sur votre plateau ?
Cette année, j'adorerais avoir François Hollande et Nicolas Sarkozy.
Pourquoi ?
Ce sont des dingues de sport. On ne les a pas vus forcément s'exprimer sur ce sujet. Je trouve que d'avoir Sarkozy et Hollande sur L'Equipe, ça serait fort. J'adorerais les avoir avant la Coupe du monde.
Et l'actuel président ?
Oui, mais il est plus compliqué à avoir, je crois (rire). En ce moment, sur la crise à l'OM, j'adorerais l'avoir, mais ça m'étonnerait qu'il me dise oui. Je pense qu'il est un poil plus dur à avoir que François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui doivent avoir un emploi du temps un tout petit peu plus allégé.
"Je ne suis pas très féministe."
Vous faites partie des premières présentatrices à avoir animé une émission de sport à la télévision. Que pensez-vous de la féminisation des émissions sportives aujourd'hui ?
Vous voulez vraiment mon avis ? Mais alors, je m'en fous, mais à un point... C'est le débat que je déteste le plus. Moi, je considère que je ne suis pas là parce que je suis une femme. Vous voyez ce que je veux dire. Je ne me suis jamais revendiquée comme telle. J'ose espérer que je suis là parce qu'on m'a trouvée compétente. Je ne me prends pas du tout la tête avec ça. Il y a des soirs où sur mon plateau, il y a des femmes, des soirs où il n'y en a pas. Mais je m'en fous ! Il y a des soirs où il y a des vieux, des soirs où il n'y en a pas. Je ne construis pas un plateau en fonction du sexe des gens, de leur âge, de leur nationalité... Il n'y a rien qui m'énerve plus que ça. Parce que c'est profondément injuste pour les filles qui sont là. Je suis arrivée en même temps que Nathalie Iannetta... Je n'aime pas ce débat. Il est sexiste, il est d'un autre âge. Tout ce qui est parité me fatigue. J'ai horreur de ça. Je ne suis pas très féministe. Quelqu'un qui est compétent, qu'il soit une femme ou un homme, est compétent.
Est-ce qu'on va vous voir dans d'autres émissions sur L'Equipe ? Pour les soirées de Ligue des champions, par exemple.
Je n'ai pas trop le temps. Mon truc, c'est vraiment "L'Equipe d'Estelle". Il y a des gens qui sont bien plus aptes que moi pour faire ça et qui ont une valeur ajoutée beaucoup plus importante. J'ai des journées très bien remplies. Moi, les matchs de Ligue des champions, je vais les regarder chez moi, tranquilou, avec mon fils, devant ma télé. Je vais juste prendre des notes pour le lendemain.
Et pour les émissions lors de grands événements ?
C'est complètement différent. Être sur de grands événements et y participer, oui, j'ai envie. Quand on va avoir les droits pour les matchs de l'Euro 2020 et la Coupe du monde 2022, il y aura des dispositifs exceptionnels dans lesquels on pourra jouer un rôle, mais que ce soit Olivier Ménard, Messaoud Benterki, moi et plein de gens de L'Equipe.
Vous n'avez donc pas aussi le temps pour écrire dans le journal "L'Equipe"...
Ce n'était pas prévu. C'est un sujet qui n'a pas été posé. Je ne vois pas ce que j'aurais pu apporter.
Le groupe a beaucoup de synergies. Certaines signatures apparaissent à l'antenne.
Le journal "L'Equipe", je ne vois pas ce que je pourrais apporter. Pourquoi pas un jour faire des choses pour "Le Magazine L'Equipe", ce qui serait plus cohérent. Encore une fois, je fais deux heures d'émission quotidienne. C'est déjà beaucoup. Ce matin, je suis arrivée à 8h45, quand je vais repartir, il va être 20h30.
"Mon rêve absolu est de commenter du cyclisme à l'arrière du peloton."
Pourrait-on vous imaginer aux commentaires d'un match de football ?
Certainement pas, ou en tout cas, pas de foot. Pour une raison toute simple et, là, je vais faire une différence entre les hommes et les femmes. Je pense que nous, les femmes, on a une voix qui est plus aiguë que celles des hommes. Un match, c'est 1h30, ça ne vous a pas échappé. Au bout d'1h30, entendre une voix un peu plus aiguë, à l'oreille, je ne suis pas sûre que ce soit ce qui est de mieux. C'est mon point de vue. Tout le monde n'est pas d'accord. Moi, en tout cas, je ne me sentirais pas de commenter des matchs, car je me fatiguerais moi-même l'oreille. Quand je suis chez moi, je hurle après un but, j'ai la voix qui monte. Et c'est un autre métier. Après, sur d'autres sports, ça pourrait m'intéresser.
Lesquels ?
Des sports posés. J'ai fait énormément d'athlétisme, c'est quelque chose qui m'intéresse. Mais aujourd'hui, il n'y a pas d'athlétisme sur L'Equipe. La natation aussi, mais il n'y en a pas non plus sur la chaîne. Le tennis aussi (rire).
Il y a du cyclisme, de la pétanque sur L'Equipe.
Mon rêve absolu est de commenter du cyclisme, mais pas à l'avant de la course. Mon rêve est d'être sur une moto et d'être à l'arrière. C'est raconter les souffrances des coureurs et tout ce qui se passe à l'arrière du peloton. C'est un vieux rêve, je l'ai depuis 20 ans. Je ne désespère pas.
Tout est possible puisque L'Equipe diffuse régulièrement du cyclisme.
On verra, ce n'est pas mon objectif de l'année ! Mais c'est un truc que j'adorerais faire. Commenter les histoires à l'arrière du peloton.
"Pourquoi est-ce que je ferais une croix sur le divertissement ? J'ai 40 ans ! Non !"
Vous retournez au sport, votre premier amour. Regrettez-vous de vous être orientée vers du divertissement ces dernières années ?
Jamais. Pourquoi je regretterais ? J'ai fait du divertissement sur TF1 qui a marché. Après, j'avais envie de tenter ça. Si je n'étais pas allé sur TF1, je l'aurais regretté toute ma vie. C'est une expérience. Ce n'est pas dedans où je me sens le plus à l'aise ? Très bien. Mais, j'ai été sur M6, j'ai fait du foot. Au bout de dix ans, j'ai dit "J'arrête, je veux faire autre chose". J'ai fait "100% Mag", une émission qui a cartonné sur M6. J'ai fait des émissions politiques, du divertissement, j'ai fait plein de choses. Je considère que je fais un métier qui me permet de toucher à tout.
Avez-vous fait une croix définitivement sur le divertissement ?
Pourquoi est-ce que je ferais une croix ? J'ai 40 ans ! Non ! Je ne sais pas ce que je ferai dans un an. Je n'en sais rien. Je suis très heureuse ici, j'ai très envie de m'inscrire dans la durée sur la chaîne L'Equipe. Mais je ne peux pas vous dire ce que je ferai dans dix ans.
"Il y a 20 ans, j'ai passé le casting pour intégrer L'Equipe et je n'ai pas été prise. Il y a une petite revanche personnelle."
Concernant "Touche pas à mon sport" que vous avez animée, est-ce que le format de "L'Equipe d'Estelle" était ce que vous vouliez faire sur C8 ?
Toutes les émissions sont différentes. On me parle toujours de "100% Foot", de "TPMS". Chaque émission est différente, parce qu'elle est sur une chaîne différente, parce qu'elle est avec des gens différents et parce qu'elle correspond à une période différente. J'ai adoré faire "TPMS", je me suis éclatée pendant un an. L'émission s'est arrêtée et aujourd'hui, je suis dans une autre aventure. Je n'ai pas de regret, mais j'ai de beaux souvenirs. Il n'y a pas une émission qui m'a laissé un mauvais souvenir. "TPMS" était un super souvenir. Aujourd'hui, c'est "L'Equipe d'Estelle".
Comment expliquez-vous la fin si brutale de "TPMS" ?
C'est la télé ! Après, la fin de l'hebdo, les audiences n'étaient pas bonnes. Sur la quotidienne, simplement, il y avait une envie d'avoir une émission plus cohérente avec "TPMP", avoir le même public. C'est sûr que nous, une émission de sport, on est moins bon en ménagères. C'était logique. "TPMS" était faible en ménagères et plutôt assez bon sur les hommes. On en avait beaucoup parlé avec Cyril (Hanouna, ndlr). "TPMS" était une émission qu'il aimait beaucoup.
Comment s'est passée votre fin de saison sur C8 ? La chaîne ne vous proposait plus de projets ?
Quand "TPMS" s'est arrêtée, on s'est assis autour d'une table avec les dirigeants de C8. J'ai parlé aussi avec les dirigeants de Canal. On s'est demandé ce que je pouvais faire. Après, la saison était lancée. Il y avait déjà des gens en place. J'ai fait des choses qu'on m'a proposées. Simplement, j'ai beaucoup réfléchi à la proposition de L'Equipe. J'avais des touches avec d'autres chaînes aussi. Pour moi, c'était cette proposition qui me touchait le plus. Ils ont été les premiers à m'avoir contactée. Puis, il y a 20 ans, j'ai passé le casting et je n'ai pas été prise, il y avait une petite revanche personnelle. Tout ça s'est fait en très bonne intelligence. J'ai toujours Cyril au téléphone, on s'envoie des textos. Tout va bien.