"Poupée de cire, poupée de son", "Évidemment", "Si maman si", "Ella, elle l'a"... Elle laisse derrière elle, de nombreux titres incontournables de la chanson française. France Gall est morte ce dimanche matin à Paris, a annoncé l'AFP. "France Gall a rejoint le paradis blanc le 7 janvier, après avoir défié depuis deux ans, avec discrétion et dignité, la récidive de son cancer" a simplement écrit la chargée de communication de la chanteuse dans une déclaration transmise à l'agence de presse. Âgée de 70 ans, cette dernière avait été hospitalisée le 19 décembre dernier à l'hôpital américain de Neuilly pour une grave infection.
Née à Paris en octobre 1947, France Gall, de son vrai nom Isabelle, était la fille de Robert Gall, auteur-compositeur interprète qui a notamment écrit "La Mamma" pour Charles Aznavour, et la petite-fille de Paul Berthier, l'un des fondateurs des petits chanteurs à la Croix de bois. Enfant, France Gall est très vite initiée à la musique et voit défiler de nombreux artistes chez ses parents. Et c'est son père, qui la surnomme affectueusement "le petit caporal", qui va lui mettre le pied à l'étrier. Elle enregistre ainsi son tout premier disque en 1963, à l'âge de quinze ans.
En cette période yéyé, le succès va vite faire florès. Après "Ne sois pas si bête" en 1963, la jeune chanteuse prend la tête du hit parade l'année suivante avec "N'écoute pas les idoles", un titre composé par Serge Gainsbourg. La même année, elle chante "Sacré Charlemagne", morceau écrit par son père qui s'écoule à plus de 2 millions d'exemplaires et s'exporte au-delà des frontières françaises. Serge Gainsbourg devient rapidement son premier pygmalion tandis qu'elle s'affirme comme la première lolita française.
En 1965, France Gall, qui représente les couleurs du Luxembourg, remporte l'Eurovision avec le titre "Poupée de cire, poupée de son", composé par le poète maudit. L'année suivante, s'amusant de l'apparente ingénuité de la jeune chanteuse, Gainsbourg compose les célèbres "Sucettes". Perçu comme érotique, le titre est mal reçu dans l'opinion et France Gall, qui n'a pas encore la vingtaine fait, malgré elle, scandale. Son tandem avec Serge Gainsbourg ne s'en remettra pas.
En 1973, alors qu'elle est en pleine traversée du désert, France Gall rencontre à son initiative Michel Berger après avoir entendu le morceau "Attends-moi" à la radio. La chanteuse sent qu'elle a rencontré l'homme qui va changer sa vie et lui demande de réinventer son répertoire. Fraichement séparé de Véronique Sanson, Michel Berger hésite avant de finir par accepter quelques mois plus tard. En 1974, il compose pour elle "La Déclaration", le succès est instantané et l'image de lolita française vite oubliée.
Le nouveau couple, apprécié par les Français, enchaîne les succès. En 1976, année de leur mariage, Michel Berger et France Gall chantent "Ca balance pas mal à Paris". Suivront une foule de chansons restées à la postérité du répertoire français, parmi lesquelles "Musique", "Si maman si", "Viens je t'emmène", "Besoin d'amour" extrait de Starmania, ou encore "Il jouait du piano debout". Au début des années 80, ce couple auquel tout réussit fait chanter la France sur "Résiste" puis sur la malade "Diego", qui sera reprise plus tard par Johnny Hallyday.
Les années 1980 s'écoulent au rythme des tubes, de "Débranche" à "Evidemment" en passant par "Cézanne peint" et "Calypso". Mais, en août 1992, Michel Berger décède brutalement à l'âge de 44 ans des suites d'une crise cardiaque. Terrassée par le chagrin, France Gall doit affronter un autre événement tragique quelques années plus tard avec le décès, en 1997, de Pauline, sa fille aînée, qui succombe à la mucoviscidose. La chanteuse met alors un terme à sa carrière.
Quelques années plus tard, en 2000, France Gall fera son retour sur scène aux côtés de Johnny Hallyday. À l'Olympia, elle chante "Quelque chose de Tennessee" avec l'ex-idole des jeunes sans imaginer qu'elle disparaitrait dix-sept ans plus tard à peine un mois après le décès du rocker. En 2015, elle avait retrouvé le goût de la création et mis en scène la comédie musicale "Résiste" en hommage à son époux Michel Berger. Le mois dernier, affaiblie, elle n'était pas apparue aux funérailles de Johnny. La chanteuse avait alors fait passer un message à Michel Drucker qui avait lu ce dernier à l'antenne sur France 2.