Une voix historique de la station prend le large après "quarante années de CDD successifs imposés". Arrivée à la Maison de la radio en 1982, Noëlle Bréham, présentatrice et productrice de l'émission dominicale "Les p'tits bateaux" depuis 1997, a été remerciée par la direction de France Inter et a présenté, sans le savoir, sa dernière émission dimanche 6 novembre. Son tort : avoir refusé de signer un énième contrat à durée déterminée d'usage (CDDu) pour la saison 2022/2023.
Elle avait "réclamé, d'abord directement à son employeur (au printemps dernier, ndlr) puis ensuite devant la justice (en juin devant le conseil de prud'hommes de Paris, ndlr), un statut normal en CDI, tel que prévu par le Code du travail", expliquait lundi soir dans un communiqué son avocat, Me Yoann Sibille. Une requalification en CDI rejetée par France Inter, qui se refuse de commenter une procédure en cours.
Très fréquent dans le monde des médias, de la production et du journalisme, le CDDu est un contrat qui peut être renouvelé saison après saison en fonction de la décision de la direction de reconduire ou non une émission. "Se demander constamment si l'on travaillera l'année suivante, ça veut dire qu'il faut plaire, ne pas faire de vagues, ne pas contrarier le directeur ou la directrice", résumait, hier dans "Télérama", celle qui avait mené sur l'antenne du service public les émissions "La nuit est à vous" et "État d'esprit".
D'après "Le Monde", la voix de cette émission qui fait le lien entre des questions d'enfants et des réponses d'experts a reçu lundi 7 novembre un courrier recommandé lui signifiant son "licenciement pour motif personnel" faute d'accord entre la principale intéressée et sa direction. Depuis la rentrée, l'émission était ainsi produite et diffusée hors de tout cadre contractuel.
"La décision d'une séparation s'est faite à regret, après avoir constaté que Noëlle Bréham n'avait pas souhaité régulariser sa situation contractuelle (c'est à dire signer un nouveau CDDu, ndlr) deux mois après le début de la saison en cours, malgré plusieurs rappels", a indiqué, de son côté, Radio France dans un communiqué transmis à l'AFP. "Nous voyons partir Noëlle Bréham avec regret", a ajouté Adèle Van Reeth, la directrice de France Inter, dans un courriel, rapporté par "Le Monde" et envoyé aux équipes mardi 8 novembre à la mi-journée.
La veille, Noëlle Bréham, elle, dénonçait dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux par son avocat, Yoann Sibille, un licenciement "brutal". L'ancienne incarnation de "Silence ça pousse" sur France 5 "est une nouvelle victime de la politique structurelle d'abus de recours aux contrats précaires, qui est profondément illégale", pratiquée par Radio France, a souligné son avocat en référence à des rapports publiés par la Cour des comptes.
Cette affaire rappelle en tout point celle qui a conduit au départ médiatisé, à la rentrée dernière, de Bertrand Renard et Arielle Boulin-Prat de l'émission de France 3 "Des chiffres et des lettres". Le cas Noëlle Bréham ne sera pas tranché par les prud'hommes avant plusieurs mois, à moins qu'intervienne auparavant un accord à l'amiable, rappelle, à ce titre, "Le Parisien".
À l'avenir, l'émission de France Inter "Les p'tits bateaux" pourrait continuer avec un nouvel incarnant. En attendant, les fidèles du programme devront se contenter, dès ce dimanche 13 novembre, de rediffusions.