Elle a obtenu justice. Depuis novembre 2022 et son remerciement par la direction de France Inter, Noëlle Bréham attendait de connaître son sort. Pendant plus de quarante années et autant de "CDD successifs imposés", l'ancienne productrice et animatrice prêtait sa voix à la station de radio, notamment dans l'émission dominicale "Les p'tits bateaux". Mais pour avoir refusé de signer un énième contrat à durée déterminée d'usage (CDDU) pour la saison 2022/2023, et réclamé un CDI, elle s'était faite indiquer la porte de sortie par son employeur, coutumier des faits. Le groupe du service public avait alors évoqué "une séparation faite à regret", "après avoir constaté que Noëlle Bréham n’avait pas souhaité régulariser sa situation contractuelle deux mois après le début de la saison en cours". Et avait choisi Camille Crosnier pour assurer le relais des questions directes posée par des enfants sur l'évolution du monde.
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Le mardi 12 novembre 2024, le tribunal des prud’hommes de Paris a donné raison à l'ex-présentatrice de "Silence ça pousse", et a "requalifié l’ensemble des CDD conclus depuis 1982 en un CDI, en imputant à l’employeur la responsabilité fautive de la rupture du contrat de travail et en ordonnant une indemnisation conséquente", comme l'a indiqué son avocat Yoann Sibille.
"Les emplois occupés par la salariée étaient liés à l'activité durable de l'entreprise et ne constituaient pas des emplois temporaires", stipule le jugement consulté par l'AFP. En conséquence, Radio France a été condamné à lui régler, entre autres, près de 70.000 euros au titre d’indemnité de licenciement et 26.000 euros pour dommages et intérêts pour licenciement "sans cause réelle et sérieuse".
Si le groupe, contacté par "Télérama", n'a pas donné suite à cette décision, Noëlle Bréham a, quant à elle, interjeté appel, par l'intermédiaire de sa défense. Le montant des sommes versées ne satisferait pas la plaignante. "L’indemnisation pour le caractère abusif du licenciement me paraît trop faible au regard de la situation. Il s’agit donc d’une victoire, mais qui a vocation à être amplifiée", assure Yoann Sibille. Pour arguer son pourvoi, celui-ci souligne que la carrière de sa cliente a été ponctuée par "une précarité contractuelle insécurisante et préjudiciable financièrement : peur de ne pas être reconduite à la fin de la saison, impossibilité d’émettre la moindre critique de ce fait, période estivale non rémunérée". Au delà du cas personnel de la journaliste, il espère aussi que ce jugement fera jurisprudence et "conforte de nombreux salariés de l’audiovisuel public qui remettent en cause une politique structurelle illégale de recours aux contrats précaires".