"On est resté fidèles à la promesse de départ, c'est-à-dire faire parler des Français autour de la table". Depuis 20 ans, Olivier Truchot et Alain Marschall animent chaque jour "Les Grandes Gueules", diffusée sur RMC et RMC Story de 9h à 12h en direct. Une longévité rare dans le milieu. "On est la plus vieille émission avec les mêmes animateurs de radio", ont confié à Puremédias les visages des "GG". Et pour fêter les 20 ans du programme, une émission spéciale et en direct sera diffusée ce jeudi 17 octobre sur RMC Story. Aux manettes, on retrouvera bien entendu les deux journalistes, qui seront accompagnés des "Grandes Gueules" les plus emblématiques. C'est à cette occasion que Puremédias les a rencontrés, et qu'ils sont revenus sans langue de bois sur les polémiques qui ont émaillé les "Grandes Gueules" mais aussi "BFM Story", qu'ils animent chaque soir de 17 à 19h sur BFMTV.
La dernière en date est survenue dans l'émission des "Grandes Gueules" de ce lundi 14 octobre. Alors qu'ils évoquaient en plateau la fin de la saison 3 de la série Netflix "Emily in Paris", qui se termine à Rome, Olivier Truchot lançait : "Pourquoi ils ne font pas 'Emily in Cavaillon' ?". "J’aimerais bien voir 'Emily in Kaboul'", ajoutait Alain Marschall. "Ça va durer un épisode alors", avait-on pu entendre, avant que le chroniqueur Jean-Loup Bonnamy n'ajoute : "'Emily in Kaboul' tourné à Trappes, il n'y a pas besoin d’aller très loin pour faire le tournage". Des propos qui ont fait bondir le maire de Trappes, Ali Rabeh, et qui ont entraîné un signalement auprès de l'Arcom. Une réaction déplorée par les animateurs des "GG". "Il y a un truc qui a pris de la place aujourd'hui : c'est la vexation ou l'émotion", a estimé auprès de Puremédias Alain Marschall. "C'est-à-dire que tu peux faire une blague qui est de l'humour noir ou de la moquerie, et on prend ça tout de suite pour soi, premier degré. Lundi, on a fait des blagues sur "Emily in Paris". (...) La ville de Trappes, elle n’est pas contente et l'Arcom a été saisie. C'est bon, c'est une vanne. Ce n'est pas grave", a-t-il balayé.
Une autre séquence a fait parler ces derniers jours, et elle s'est déroulée sur "BFM Story", l'émission qu'ils incarnent en fin de journée sur la chaîne d'info en continu. Olivier Truchot et Alain Marschall avaient invité (en duplex) la députée européenne LFI Rima Hassan, figure de la lutte pour les droits du peuple palestinien. Alors qu'une question lui était posée sur Emmanuel Macron, la juriste franco-palestinienne avait remis en cause la ligne éditoriale de la chaîne. "Je veux simplement dénoncer le fait que vous avez été félicité par Olivier Rafowicz, qui est un porte-parole de l'armée israélienne, une armée génocidaire, de votre ligne éditoriale", avait-elle commencé. "Et j'espère que vous vous rendez compte quand même que vous aurez tôt ou tard des comptes à rendre en tant que média", avait-elle ajouté. La veille, lors d’une émission spéciale présentée par Benjamin Duhamel en direct depuis Tel-Aviv, le porte-parole a en effet félicité BFMTV pour son "travail excellent par rapport à la présentation du conflit des deux côtés".
Les deux journalistes avaient jugé "inacceptables" ses propos et avaient mis fin à l'interview. Un épisode sur lequel ils sont revenus auprès de Puremédias. "On ne regrette pas du tout d’avoir mis fin à l’interview car elle insultait le travail de BFMTV et mettait en danger les équipes sur place, au Liban, en leur mettant une cible en disant 'Vous aurez des comptes à rendre'. Donc ça, c’est inadmissible. Nous, on doit maîtriser l’antenne, c'est pour ça qu’on dit 'merci au revoir'", a expliqué Olivier Truchot, qui estime que la députée "a monté un coup". "C'est un traquenard dans lequel on est tombé", a-t-il ajouté. Il "regrette" même d'avoir invité l'élue. "On a perdu du temps", a-t-il justifié. "On peut regretter ce qu'il s’est passé mais il fallait l’inviter, depuis le temps qu’elle nourrit sa communauté... De temps en temps, c’est bien de venir se frotter aux journalistes et à la première chaîne info de France. C’était normal qu’on l’invite", a de son côté réagi Alain Marschall.
Les "Grandes Gueules" ont perdu une de leurs voix fin août dernier. Après des propos "inacceptables" contre le Maroc tenus sur une chaîne algérienne, le chroniqueur régulier Mehdi Ghezzar a été écarté de l'émission. Cela avait été annoncé à l'antenne par Alain Marschall, qui a confié à Puremédias que les deux animateurs des "GG" avaient de leur côté souhaité une suspension temporaire de leur chroniqueur. "Nous, on voulait suspendre Mehdi. On s'est dit qu'on allait le suspendre huit jours, le temps que ça se calme. La direction a estimé que de toute manière, à chaque fois qu'il viendrait, ça repartirait. Et comme en plus, on n'était pas responsable de ce qu'il avait dit, il ne fallait pas que ça nous retombe dessus. Donc on a arrêté. C'est dommage parce que c'était une bonne "GG". Il avait un bon capital sympathie. C'est du gâchis", a-t-il regretté.
Au cours de ces deux décennies à la tête des "Grandes Gueules", Alain Marschall et Olivier Truchot ont mis en lumière et fait éclore des personnalités désormais bien connues des Français. Le médecin Jimmy Mohamed par exemple, qui anime depuis la rentrée "Le magazine de la santé" sur France 5 et a multiplié les collaborations médiatiques ces dernières années. "C'est devenu une vraie star", a souligné Alain Marschall auprès de Puremédias. "Certains sont devenus députés comme Claire Aupetit" (ou Louis Boyard, ndlr), a ajouté son compère.
D'autres écument les plateaux télé mais ne sont plus aux "GG". C'est le cas de Sarah Saldmann, qui lorsqu'elle était encore sur RMC avait choqué en disant en 2022 : "Je me fous complètement de l'écologie, ça ne m'intéresse pas", ajoutant qu'elle prenait "deux bains par jour". "Sarah, à un moment donné, on voyait qu'elle avait davantage envie d'aller sur CNews. Et donc, on l'a laissée partir. Après, il faut faire des choix. Maintenant, effectivement, elle est beaucoup sur CNews. Comme Gilles-William Goldnadel aussi qui était chez nous pendant longtemps. Et puis, à un moment donné, CNews le voulait quasiment tous les jours avec un contrat. Nous, on ne pouvait pas lui proposer ça. Donc, voilà, il est parti là-bas. Mais on est resté en très bons termes", a précisé Olivier Truchot.
"On ne fait pas d’exception aux règles. S’il y a des 'GG' qui veulent davantage exister médiatiquement, nous on a des participations, des cachets qui sont les mêmes pour tout le monde. Si certaines veulent plus d’exposition, on leur dit d’accord une fois, deux fois, mais si après, on les retrouve sur les autres plateaux, on leur dit : 'Tu vas vivre ta vie et ça s'arrête avec nous'", a complété Alain Marschall.
"On les paye donc c’est pas pour qu’on les voie ailleurs", a ajouté Olivier Truchot. "On a remarqué un truc aussi, c’est qu'on a une vraie relation de confiance avec les auditeurs des 'GG'. Quand ils voient des personnalités qui sont dans beaucoup de médias, ils nous disent : "Alors ce ne sont pas des 'GG'". Ils aiment que les chroniqueurs soient fidèles et qu'ils n’aillent pas faire les beaux sur les autres plateaux", a conclu Alain Marschall.