Harcèlement dans les coulisses de "La bande originale" sur France Inter ? L'humoriste Florence Mendez, qui officiait la saison dernière dans l'émission présentée par Nagui et Leïla Kaddour, sur les ondes de la première station de France, a confié, dans un communiqué publié hier sur les réseaux sociaux, avoir été "victime de harcèlement de la part d'une (très) proche collaboratrice de Nagui", dont elle ne cite jamais le nom. Ce qui expliquerait, selon elle, sa mise à l'écart de France Inter.
L'humoriste a ensuite illustré cette accusation par un cas précis. "A la fin de l'enregistrement d'une émission en mars 2022, cette personne m'a - littéralement - hurlée dessus, de manière si violente que cela m'a déclenché une crise de panique qui a nécessité l'intervention des pompiers de Radio France. A aucun moment ne m'a été laissée la possibilité de me défendre", écrit-elle. Des "choses humiliantes" - comme "Je n'ai pas arrêté le métier de prof pour me retrouver avec des gens comme toi" - lui ont été dites devant d'autres personnes qui n'ont pas réagi. Florence Mendez souffre d'un trouble du spectre autistique.
La "personne incriminée" n'aurait par ailleurs fait preuve d'aucune empathie ou indulgence à l'égard de Florence Mendez lorsque l'humoriste lui a expliqué dans un mail au ton pédagogique, envoyé le soir de l'incident, ce qu'il en était de son handicap et que "rien ne justifiait une telle violence à (son) égard".
"La réponse que j'ai eue était très claire : ce n'était pas son problème si j'étais autiste et trop sensible. Nagui m'a d'ailleurs tenu les mêmes propos par téléphone ensuite", révèle-t-elle. La relation avec celle qu'elle accuse s'est ensuite dégradée après cet épisode de mars. "Cette personne ne répondait plus à mes 'Bonjour', ne m'adressait plus du tout la parole, s'abstenait volontairement de rire à mes chroniques, ne voulait plus donner mes dates de spectacle à l'antenne", poursuit-elle.
Dans son communiqué, l'humoriste rapporte également que d'autres membres de l'équipe ont subi les coups de sang, humiliations et brimades de celle qu'elle accuse, "à nouveau sans que personne ne réagisse". Elle aurait alors informé sa hiérarchie qui lui a assuré que "si le problème ne s'arrangeait pas (elle serait) transférée dans une autre case de la chaîne". Ce qui ne s'est jamais produit. "Ma hiérarchie (a) oublié je suppose qu'elle avait parlé de me trouver une autre case... Je n'ai plus eu de réponses à mes messages de ce côté-là ensuite, ce qui est en fait du harcèlement au travail a été qualifié de 'dispute de cour de récré'", affirme l'humoriste.
Florence Mendez avait consacré sa dernière chronique de la saison, en début d'été dernier, aux peines de justice légèrement alourdies infligées à d'anciens dirigeants de France Télécom, pour harcèlement moral institutionnel, après une série de suicides de salariés dans les années 2000. "Alors pas besoin de détails, le harcèlement moral, ce n'est pas aux collaborateurs de Nagui que j'ai besoin d'expliquer ce que c'est", avait-elle glissé dans son dernier billet sur France Inter. Une autre phrase résonne aussi différemment aujourd'hui : "Je n'oublierai jamais tous ces moments passés ici avec vous, pourtant ce n'est pas faute d'essayer". puremedias.com vous propose de visionner la séquence dans la vidéo en tête d'article.
Depuis juin, la Belge, désormais chroniqueuse dans "Piquantes !", une émission de Téva, dit se sentir "très mal" et a "perdu toute confiance" en elle. "Je me dois donc de me faire justice mais aussi de dénoncer afin que cela n'arrive pas à d'autres". Si Florence Mendez "comprend" que certains "aient peur de perdre leur place en parlant", elle "poste ce communiqué dans l'espoir qu'il améliore les conditions de travail de toutes et tous au sein de France Inter".
Yann Chouquet, directeur des programmes et des productions de France Inter, réagit à ce témoignage auprès de puremedias.com. C'est lui qui a reçu et "écouté" Florence Mendez en mars après le déroulement des faits qu'elle décrit. "Je ne lui ai pas dit 'Passe ton chemin, ce sont des problèmes de cour de récré'", rétorque-t-il en référence à une affirmation de l'humoriste. Il retient de son échange avec elle "un différend de comportement" avec l'équipe de "La bande originale" et "une incompréhension dans la manière d'être et de faire". "On ne m'en a pas dit plus. J'ai conseillé à Florence Mendez la voie du dialogue et c'est ce qu'elle a fait et cela a porté ses fruits. Elle m'a fait part du bien que ça lui a fait de discuter avec Nagui. Que six mois plus tard, cette situation devienne du harcèlement, je n'ai pas compris ! Dans nos échanges, elle appelait ça un couac", ajoute Yann Chouquet, qui a pour intention de "démêler le vrai du faux de cette histoire".
Et le directeur des programmes, qui dit ne jamais avoir eu vent de relations dégradées dans l'équipe de "La bande originale", de développer son propos : "Florence Mendez a continué d'assurer sa chronique jusqu'à fin juin. Au 15 mars, les faits ne m'apparaissaient absolument pas dramatiques au point qu'ils méritent une intervention impérieuse de notre part. Pour ma part, ce communiqué est incompréhensible". Yann Chouquet a reçu aujourd'hui Nagui et les membres de l'émission. "Ils sont dans la même incompréhension", promet-il, avant de défendre : "Je n'ai pas constaté de situation de harcèlement. En dehors du fait que cette accusation soit très grave, ce serait inconscient de faire perdurer une situation pareille dans une émission d'humeur... J'ai l'impression que dans cette histoire qui remonte il y a six mois, les propos ont été amplifiés et ont changé de titulaire".
A la question "Pourquoi Florence Mendez n'est plus sur France Inter ?", Yann Chouquet répond : "La saison dernière s'est terminée, elle m'a confié que cela ne s'est pas très bien passé au sein de l'équipe de 'La bande originale', on ne lui a donc pas proposé une collaboration à la rentrée dans cette émission. Je ne peux pas promettre en revanche de transférer un humoriste d'une case à l'autre. Un humoriste, on va l'inclure dans une émission parce que son profil correspond à quelque chose et on n'avait pas besoin du profil de Florence Mendez". Pour autant, conclut-il, "elle n'est pas bannie de l'antenne".