Des économies confirmées. Mardi dernier, "Le Monde" révélait que le gouvernement d'Edouard Philippe réclamait à France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et Arte de nouvelles économies dans le cadre de la loi de finances 2018. L'Etat aurait réclamé près de 80 millions d'euros d'économies à l'audiovisuel public, dont 50 millions uniquement pour le groupe présidé par Delphine Ernotte.
Dans une interview accordée à l'AFP, la ministre de la Culture Françoise Nyssen a annoncé que le budget des groupes de l'audiovisuel public français serait réduit de 36 millions d'euros l'an prochain par rapport à 2017. "Le gouvernement précédent avait prévu dans les Contrats d'objectifs et de moyens signés avec les groupes de l'audiovisuel public une dépense qui augmentait en 2018. Mais compte tenu d'une situation très dégradée du budget de l'Etat, cette hausse n'est pas finançable", a-t-elle expliqué, soulignant que "cette situation financière" avait été "clairement établie en juillet" par la Cour des Comptes.
L'ancienne patronne d'Actes Sud a poursuivi : "Le gouvernement a fait de la maîtrise des dépenses publiques une priorité. Effectivement, l'audiovisuel public sera amené à contribuer à cette maîtrise des dépenses, mais dans une proportion mesurée". Ainsi, Françoise Nyssen a dévoilé que "l'effort demandé sera de 36 millions par rapport à 2017", "sur un budget global d'environ 4,5 milliards", "soit moins de 1%". "Malgré cet effort, le budget de l'audiovisuel public en 2018 restera supérieur à celui de 2015 et de 2016", a-t-elle précisé.
Alors 36 millions d'économies comme l'affirme Françoise Nyssen ou 80 millions comme l'écrivait "Le Monde" ? En réalité, les deux. Dans un exercice habile de communication, la ministre de la Culture a simplement changé le point de comparaison. La ressource publique baissera ainsi bien de 36 millions d'euros par rapport à 2017 mais bien, aussi, de 80 millions environ par rapport à ce qui était prévu dans le budget prévisionnel 2018.
En effet, outre un coup de rabot de 36 millions par rapport à 2017, des augmentations de crédits prévues en 2018 ont également été annulées. Les "contrats d'objectifs et de moyens" signés avec l'Etat pour cinq ans prévoyaient notamment deux hausses pour l'année prochaine. L'une, d'environ 25 millions d'euros répercute l'inflation sur la redevance. L'autre, d'environ 20 millions d'euros, était une compensation par l'Etat de la suppression de la publicité dans les programmes jeunesse pour France Télévisions.
De plus, la ministre d'Edouard Philippe a évoqué une éventuelle refonte de la redevance télé. "La question de modernisation de la contribution à l'audiovisuel public, pour l'adapter aux nouveaux usages, est légitime, mais mérite un débat. Tout le monde le sait, la télévision ne se regarde pas seulement sur un téléviseur, la radio ne s'écoute pas seulement sur un poste de radio", a expliqué Françoise Nyssen, rappelant qu'il existe aujourd'hui "les diffusions numériques, le replay, les podcasts".