Le ciel s'assombrit pour Françoise Nyssen. Alors que la ministre de la Culture s'apprête à porter devant le Parlement une réforme majeure de l'audiovisuel, l'AFP a annoncé hier que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire après de récentes révélations du "Canard enchaîné".
Dans son édition parue mercredi, le journal satirique affirme que l'ancienne patronne d'Actes Sud devenue ministre de la culture en 2017, aurait, en 1997, augmenté de 150 m2 la surface des bureaux parisiens de sa maison d'édition "sans autorisation de travaux ni déclaration au fisc". Ces travaux, réalisés dans un bâtiment du XVIIIe siècle inscrit à l'inventaire des Monuments historiques, auraient également dû faire l'objet d'une demande auprès des Bâtiments de France et de l'architecte en chef des Monuments historiques, selon le Palmipède. "Ce petit 'oubli' a pu permettre à la société de la ministre de réduire d'un tiers l'impôt immobilier (la cotisation foncière des entreprises) qu'elle acquitte chaque année pour son siège parisien", accuse l'hebdomadaire.
Plus tôt dans la journée d'hier, l'association de défense du patrimoine Sites et Monuments avait accusé Françoise Nyssen de s'être "affranchie des règles du droit du patrimoine et de l'urbanisme", et a fait savoir dans un communiqué qu'elle avait "décidé de déposer une plainte" auprès du procureur de la République contre la ministre. La plainte doit être déposée en début de semaine prochaine, a précisé l'association. Interrogé mercredi à la sortie du conseil des ministres, Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, a rappelé que "personne n'est au-dessus des lois".
"Aucune entreprise n'est au-dessus des lois (...) la mise en conformité par Actes Sud est une évidence", a pour sa part déclaré Françoise Nyssen auprès de l'AFP. Plus tôt, les éditions Actes Sud, dirigées par Françoise Nyssen à partir du début des années 80 et jusqu'à son entrée au gouvernement en 2017, avaient annoncé qu'elles allaient entreprendre "les démarches qui s'avéreraient nécessaires" pour régulariser la situation de ses bureaux à Paris.