Du mouvement au gouvernement. Ce mardi, le remaniement a finalement été annoncé par communiqué de l'Elysée. Depuis plusieurs jours, l'exécutif menait des consultations pour remplacer, non seulement le ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérard Collomb, mais également plusieurs membres du gouvernement.
Ainsi, parmi les départs du gouvernement, Françoise Nyssen quitte le ministère de la Culture. L'ancienne dirigeante de maison d'édition sera remplacée par Franck Riester. Ce sera à lui de devoir porter la réforme de l'audiovisuel public, annoncée pour 2019. Un dossier piloté par l'Élysée, dans lequel l'ancienne ministre avait déjà peu de marge de manoeuvre.
Fragilisée et décrite par la presse comme "le maillon faible" du gouvernement, Françoise Nyssen était sur la sellette depuis plusieurs mois. Un an et demi après sa prise de fonction, le bilan de l'action de la ministre, très critiqué par l'opposition, apparaît mitigé. La ministre, affaiblie par la mainmise de l'Élysée sur la plupart de ses dossiers, a peiné à s'imposer, souffrant notamment de sa faible connaissance de son administration, au sein de laquelle de nombreux postes clés sont actuellement vacants. Par ailleurs, cet été, Françoise Nyssen s'était vue retirer, au profit de Matignon, la régulation économique du secteur de l'édition ainsi que la tutelle du CNL (Centre national du livre, ndlr).
Moins présente et à l'aise dans les médias que certaines personnalités comme Marlène Schiappa et Jean-Michel Blanquer, la ministre a aussi pâti d'erreurs de communication. La nomination, directement par Emmanuel Macron, l'année dernière, de Stéphane Bern à la tête d'une mission sur le patrimoine, n'a pas non plus contribué à asseoir l'autorité de la ministre. Même au sein du secteur de l'édition, Françoise Nyssen était critiquée. "L'histoire retiendra que c'est une ministre éditrice qui a massacré les écrivains", avait ainsi fustigé l'auteur Joann Sfar en juin dernier, évoquant la réforme du régime social des auteurs.
Fin août dernier, "Le canard enchaîné" affirmait que l'ancienne patronne d'Actes Sud devenue ministre de la Culture en 2017, aurait, en 1997, augmenté de 150 m2 la surface des bureaux parisiens de sa maison d'édition "sans autorisation de travaux ni déclaration au fisc". "Aucune entreprise n'est au-dessus des lois (...) la mise en conformité par Actes Sud est une évidence", avait alors réagi Françoise Nyssen. Une semaine après la parution de cet article de l'hebdomadaire, le Parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire.