Bouygues n'a pas dit son dernier mot. Grand perdant de la vente de SFR, acquis par Numericable à Vivendi, le troisième opérateur français est, selon Le Parisien ce matin, en discussions avancées avec Free pour lui céder son réseau et sa base clientèle. Une banque a été mandatée pour mener l'opération aux côtés de Maxime Lombardini, directeur général d'Iliad (Free) et Olivier Roussat, PDG de Bouygues Telecom. Officiellement, les deux hommes ne discutent pas d'un rapprochement. Mais en coulisses, ils réfléchissent à cette option depuis des semaines, bien en avant la tentative avortée du rachat de SFR par Bouygues telecom.
Le premier indice de ce rapprochement entre les ennemis jurés du mobile (Martin Bouygues déteste notoirement Xavier Niel) a été la signature d'un accord de cession du réseau Bouygues à Free en cas de rapprochement SFR/Bouygues pour 1,8 milliard d'euros. Reste à savoir si Bouygues et Free peuvent désormais s'entendre sur une opération aux conséquences plus importantes. Le prix offert par le quatrième opérateur mobile au troisième sera décisif. Selon Le Parisien, Bouygues espère tirer 8 milliards d'euros de sa filiale télécom alors que Free n'est prêt à lâcher que 5 milliards d'euros. Les importantes enchères menées par Martin Bouygues pour le rachat de SFR avaient aussi ce but : survaloriser son concurrent pour mieux se vendre plus tard.
Ce rapprochement permettrait à Bouygues, qui a le plus souffert de l'arrivée de Free sur le marché, de se désengager d'un secteur où seuls les gros acteurs existeront demain. Free, de son côté, pourrait en quelques mois acquérir un réseau national haut débit sans avoir à déployer le sien. Ce rachat, s'il se concrétisait, devrait obtenir l'aval des autorités de la concurrence. Et ce n'est pas une mince affaire, cette concentration ramenant le paysage de la téléphonie mobile à trois opérateurs comme avant l'arrivée de Free : Orange, SFR/Numericable et Free/Bouygues Telecom.