Il a pris ses marques sur Virgin Radio. Depuis la rentrée, Guillaume Genton est aux manettes de la matinale de la station musicale du groupe Lagardère, baptisée "Le Morning sans filtre", aux côtés de la Miss France Diane Leyre et du chroniqueur Fabien Delettres. A quelques semaines de la première publication des audiences radios par Médiamétrie, celui qui est chroniqueur de "Touche pas à mon poste" sur C8 se confie auprès de puremedias.com. Il profite également de cet entretien pour parler des productions audiovisuelles de sa société, dont notamment un documentaire sur Christian Quesada, qui sera diffusé ce jeudi 27 octobre sur la chaîne TNT du groupe Canal+.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Depuis la rentrée, vous êtes aux commandes de la matinale de Virgin Radio, le "Morning sans filtre". Contrairement aux autres matinales musicales, vous animez de nombreux débats autour de l'actualité et des people. Est-ce cela votre ligne éditoriale ?
Guillaume Genton : Le "Morning sans filtre", c'est une émission qui reste une matinale de musicale, avec de la bonne humeur. On a essayé d'ajouter cette dimension "actu" pour avoir une émission qui s'inscrit dans l'actualité. C'est aussi une émission d'actus médias dans le sens large du terme. Ca veut dire qu'on ne va pas aller sur des faits trop sombres ou sur de la politique. Mais on va parler de ce qui fait parler un maximum de gens. C'est un peu la recette, proche de la ligne éditoriale de "TPMP", si on enlève les sujets trop lourds. On essaye de faire des sujets de la vie quotidienne et autour des grandes séquences télés qu'on a pu voir la veille. Ca nécessite beaucoup de travail mais ça nous permet de nous démarquer. On ne voulait pas faire moins bien ce que les autres font très bien, c'est-à-dire des émissions d'humeur et de vie quotidienne. Après, c'est un pari risqué. C'est une idée qu'a eue Cyril Hanouna, qui est le producteur de l'émission. On espère que ça va marcher et on prend beaucoup de plaisir à le faire avec Fabien Delettres et Diane Leyre.
"C'est toujours dur d'installer un nouveau programme quand on change toute l'équipe et toute la ligne éditoriale"
Est-ce une sorte de "TPMP" de la radio ?
Sur la ligne éditoriale, oui. Après le succès de "TPMP", ça reste quand même Cyril. Nous, nous essayons de faire ce que nous savons faire à notre niveau et en toute modestie. Oui, il y a un peu de "TPMP". Il y a même des séquences qui ont le même nom, comme "Ce qu'il ne fallait pas louper", par exemple. Moi, j'ai la chance de travailler dans "TPMP". Mais ça reste quand même très différent. Ce n'est pas construit de la même manière. Les prises de parole sont beaucoup plus courtes. Il y a l'ADN de "TPMP" mais c'est une autre émission.
Il y a quelques semaines, il y a eu un imbroglio avec Jean Lassalle. Convié pour la matinale, il avait été désinvité la veille de son intervention. L'ex-candidat à la présidentielle avait alors accusé la station de "censure". Que s'est-il passé ?
C'est très simple. Nous n'avons aucun problème avec Jean Lassalle. Simplement, nous ne faisons pas de politique. Quand on termine l'émission le matin, on prépare celle du lendemain la veille et on détermine les sujets. Les équipes lancent alors des intervenants. Toute la journée, on se valide les noms par Whatsapp. Ils ont appelé Jean Lassalle pour réagir sur un fait d'actualité. Finalement, nous avons décidé de ne pas l'avoir à l'antenne car c'était un politique qui allait venir parler de politique. On avait aussi annulé Alexis Corbière, de la France insoumise, pour la même raison. Mais il n'y a eu aucune volonté de censure. Il a publié son communiqué. Je pense qu'il avait aussi sauté sur l'occasion pour faire parler de lui. Ca fait partie du jeu. Puis, nous, on l'avait dit tout de suite à l'antenne. On a désamorcé la polémique. Si on veut l'inviter dans notre studio pour rigoler, on le fera avec plaisir. Mais là, c'était un débat sérieux. C'était au début de la saison. On se cherchait encore. On se demandait : "Est-ce qu'on fait de l'actu sérieuse et on donne la parole à des politiques ?".
Vous avez beaucoup misé sur une stratégie sur le numérique, avec un découpage des séquences de l'émission pour une diffusion sur les réseaux sociaux.
C'est une vraie fierté. Ce sont les seuls chiffres dont on dispose déjà, ceux du digital. Les équipes de Virgin Radio et de H2O Productions ont aussi créé un compte Tiktok. Il y a déjà pas mal d'abonnés. On a fait plusieurs millions de vues sur certaines vidéos. C'est une vraie satisfaction. On a réussi à faire parler de nous à travers le contenu qu'on relaie et qu'on crée. On a la chance d'avoir Diane Leyre, qui est la Miss France en titre, dans l'émission. Tout ce qu'elle dit intéresse. Si elle dit : "Ce matin, je me suis acheté un croissant", ça peut être repris. Ca, c'est une chance pour nous. Il faut exister sur le digital car je crois que c'est un vrai relai de croissance pour la radio. Les gens peuvent nous identifier et ça peut leur donner envie de venir nous écouter. On espère que les chiffres d'audience suivront. Mais on sait que ce n'est pas facile d'installer un nouveau programme. C'est toujours dur, surtout quand on change toute l'équipe et toute la ligne éditoriale.
"Les audiences radios, c'est du chinois pour moi"
Vous vous attendez à quel résultat pour la première publication des audiences radios de la saison ?
Pour être très honnête, je pense être un expert média, mais je n'y connais rien dans l'analyse des chiffres de la radio. Je ne sais pas encore ce que représente l'audience cumulée ou les vagues. Il faut que je me penche dessus. Je sais si ça sera bien ou non. J'espère tout simplement que ça marchera. Mais tout est relatif. Est-ce qu'il faut stabiliser ? Combien de temps ça prend ? Certaines personnes m'ont dit que ça prenait deux ans d'installer une matinale radio. Je veux d'abord faire la meilleure émission possible et que ça plaise aux gens.
Vous êtes-vous fixé un objectif ?
Celui de rester à l'antenne. (rires) L'objectif est que les auditeurs prennent plaisir à écouter cette émission et que nous prenions plaisir à la faire. Evidemment, je serai très déçu si ça ne marche pas. Mais autant je peux vous dire sur un documentaire que je produis combien j'attends d'audience, autant les quarts d'heure moyen et l'audience cumulée, c'est du chinois pour moi.
"Christian Quesada veut être exposé quoi qu'il arrive"
Vous avez fait votre rentrée également sur C8 avec "Touche pas à mon poste". Vous attendez-vous de tels scores d'audience ?
C'est rare en télé, une émission qui progresse autant après une telle longévité. En-dehors de Cyril Hanouna l'animateur, le succès de "TPMP", c'est vraiment la manière dont l'émission est construite. Cyril et ses équipes de production réfléchissent avant tout à intéresser le téléspectateur. Ils planchent sur la construction de l'émission et l'ordre des sujets. Malgré son succès et le fait qu'il pourrait s'installer dans son succès, Cyril est un mec qui remet toujours en question le conducteur. En tant que producteur, je trouve ça fascinant. Je sais que quand on fait des productions qui marchent bien, on a tendance à s'installer. Cyril, non. Tous les jours, il est là à modifier le conducteur, en tranchant sur les sujets. C'est ça le succès de "TPMP". Il sent ce qui marche. Ca fait que le "TPMP" de 2012 ne ressemble pas au "TPMP" de 2022. Avec la baisse globale de l'audience télé, il sait qu'il ne peut pas faire une heure de débrief de "Danse avec les stars", parce que ça intéresse moins les gens et que l'audience de "DALS" a été divisée par trois. Aujourd'hui, on a soit des gros débats sur l'actualité, soit des gros scoops, soit des témoignages de société forts. Ca marche et c'est ce que les gens ont envie de voir en ce moment.
En parlant de scoops, vous avez dévoilé dans "TPMP" il y a quelques semaines un enregistrement téléphonique de Christian Quesada, ancien candidat des "12 coups de midi" sur TF1, condamné pour "corruption de mineurs" et "détention et diffusion d'images pédopornographiques". Comment avez-vous réagi quand vous l'avez eu au téléphone ?
On a halluciné ! On était en plein tournage. On tournait une émission sur les fourrières pour RMC Story. Le téléphone a sonné. On avait déjà son numéro. On a vu "Christian Quesada". J'ai dit : "Les gars, on arrête tout !". Je pensais qu'il n'allait pas être tendre avec nous. Même si on a fait des documentaires qui sont justes journalistiquement, il aurait pu être pas très content qu'on médiatise l'affaire. Il a dénoncé un lynchage médiatique de la part de tout le monde, pas que de nous. Il nous a parlé pendant une heure et demie. Déjà, il parle. On ne peut pas lui reprocher de se cacher. Mais je me suis dit que le mec veut être exposé quoi qu'il arrive. On retrouve ça souvent chez les personnes qui font l'objet de "Faites entrer l'accusé". Les délinquants - il s'estime comme un délinquant, pas comme un criminel - sont des personnes qui ont soif d'exposition et de notoriété. Même quand c'est pour relater des horreurs à leur sujet, ils sont contents qu'on parle d'eux. On sait très bien quand il dénonce un lynchage et qu'il dit qu'il faut qu'on arrête qu'on parle de lui, il attend qu'on parle de lui. Il répond à toutes les accusations et à tous les témoignages. Vous le verrez le 27 octobre dans le doc sur C8. Il répond sur les faits. Il donne des informations sur les gens qu'il a rencontrés en prison. Franchement, on avait déjà fait trois documentaires sur Christian Quesada. Je pensais qu'on avait tout raconté. Finalement, il y a encore des rebondissements. Et le fait d'avoir sa première prise de parole depuis trois ans, c'est incroyable !
"Ca ne me dérangerait pas d'interviewer Christian Quesada en face-à-face"
Savait-il qu'il était enregistré ?
Oui. Lui, il savait qu'il parlait à des journalistes. Il a dit : "J'ai des choses à vous dire. Vous en faites ce que vous voulez". C'est comme quand il nous a écrit sa lettre en prison. La lettre, il ne l'écrit pas pour prendre de nos nouvelles. Il l'écrit pour que je la lise sur le plateau de "TPMP". Il était très content qu'on la lise, sa lettre. Bien sûr qu'il sait. Dans son suivi judiciaire, il n'a pas le droit de publier un ouvrage, mais il a le droit de s'exprimer et de parler à la presse. Surtout que quand on l'a eu au téléphone, il était encore libre. Là, il vient de retourner en prison. C'est un document très fort qu'on a eu. Dans le doc, on va s'intéresser à l'aspect psychologique de Christian Quesada et au rapport que les gens ont à la notoriété et aux réseaux sociaux. Le fait que les gens font confiance à des personnes qui sont connues, alors qu'ils ne devraient pas. Je trouve que c'est un puits sans fond. Il y a toujours des choses à dire.
Y a-t-il eu une rencontre en face-à-face ou ce sera seulement des enregistrements vocaux ?
On a essayé de le rencontrer. Mais il est retourné en prison pour un mois. En revanche, ça ne me dérangerait pas de l'interviewer. Même s'il a commis des horreurs, il a le droit de s'exprimer. Il faut le confronter à ce qu'il a fait. On peut lui demander la parole.
"Il est fini le temps des exclusivités et des contrats mirobolants des présentateurs"
Quelles sont vos prochaines productions à venir ?
On fait beaucoup de productions événements comme celui sur Christian Quesada, mais on produit aussi des programmes plus "feel good". Là, on va faire un documentaire sur Air France, sur RMC Story. On produit également des émissions de flux sur C8. On prépare un doc sur le camping des Flots Bleus (du film "Camping" avec Franck Dubosc, ndlr) qui a brûlé cet été. On va suivre toute sa reconstruction. C'est un camping que tous les Français connaissent. A côté de ça, je développe beaucoup ma société d'habillage qui s'appelle Kennedy Agency. Là, on est présent sur toute la télévision, que ce soit "Masterchef", "LOL" sur Amazon, les émissions de C8... On travaille également sur des plateaux virtuels, notamment avec TF1. On a fait la présidentielle et on va faire la Coupe du monde au Qatar. Il y a beaucoup de projets à venir.
Concernant vos productions, avez-vous un accord de priorité avec C8 ?
C8 est très cool. Ils nous donnent une grande liberté pour travailler. Ce doc sur Christian Quesada a été décidé il y a seulement trois semaines, pile avant le communiqué. Je sais que je vais le livrer le jour de la diffusion. C'est super d'avoir cette capacité de rebondir à l'actualité. On est en confiance avec eux. Après, évidemment, C8 est la chaîne sur laquelle j'ai la chance d'être tous les soirs à l'antenne. Bien sûr que je vais leur proposer en premier les programmes, mais c'est plus moi qui les priorise qu'eux. C8 ne m'a jamais demandé quoi que ce soit. Ils sont très conscients que la TNT est un marché très compliqué et que les producteurs ont besoin de vendre. Ils sont les premiers à nous dire : "Cette émission n'est pas pour nous, mais va la vendre ailleurs". Il n'y a aucune contrainte que ce soit de la part de C8 ou de Cyril, avec qui je suis en co-production sur pas mal de projets. Mais c'est comme avec les animateurs. Il est fini le temps des exclusivités et des contrats mirobolants des présentateurs. Aujourd'hui, il faut vendre tout en prenant en compte que les budgets ont baissé.