Il est le héros d'"Osmosis", la nouvelle série française que lance Netflix ce vendredi. Après ses rôles à la télévision dans "Baron Noir" ou "Au service de la France" mais également au cinéma ("L'Assaut", "Jusqu'ici tout va bien"...), Hugo Becker incarne Paul Van Hove, le créateur d'une application de rencontres d'un nouveau genre. puremedias.com s'est entretenu avec le comédien pour évoquer avec lui cette série Netflix mais également ses autres projets.
Propos recueillis par Kevin Boucher.
puremedias.com : Pouvez-vous nous présenter Paul Van Hove ?
Hugo Becker : Paul Van Hove est quelqu'un d'intransigeant, de visionnaire, de déterminé, de fou dans le bon sens du terme, dans le sens où il est absolument déterminé à accomplir quelque chose et qui peut, de prime abord, apparaître comme quelqu'un d'extrêmement ambitieux, peut-être mégalomane, dangereux, mais qui porte en lui quelque chose de bien plus complexe. C'est paradoxalement un excellent orateur, presque un peu gourou, et en même temps quelqu'un d'assez taiseux. Finalement, on sait peu de choses de lui, de son ressenti des choses. C'est quelqu'un qui a posé un vrai masque. Si je devais le résumer en une phrase, et c'est une des répliques de la série : "Johannes Gutenberg, Thomas Edison, Louis Pasteur, les frères Wright, Steve Jobs... Qu'est-ce que tous ces gens-là ont en commun ? Ils n'ont jamais cédé". De plus, ce qui est intéressant dans une série, c'est que la première impression qu'on a sur un personnage n'est jamais la vraie ou la bonne.
En 2018, vous expliquiez à Audrey Pulvar sur Youtube avoir fait des services en cuisine pour "Chefs" sur France 2, rencontré des politiques pour "Baron Noir"... Vous êtes-vous inscrit sur Tinder pour "Osmosis" ?
Pas sur Tinder, parce que pour moi ce n'est pas la série. Tinder est une application un peu consumériste. Le rêve d'Osmosis est que cet implant neuronal permet de détecter et d'analyser votre mémoire et tout ce que vous êtes pour vous trouver un équilibre affectif durable, ce qui est très difficile à expérimenter (Rires). En revanche, évidemment que j'ai préparé le personnage, de façon très importante. Ce qui m'importait le plus, comme toujours, était de trouver la première facette de moi qui pourrait faire que je choisirais un jour de devenir quelqu'un comme lui. C'est un choix que l'on fait. Cela dépend aussi des choses qu'on a subies, vécues, ressenties, une façon de voir le monde. De là, j'ai eu besoin évidemment de regarder des discours et interviews de chefs d'entreprises - évidemment les plus connus comme Steve Jobs, Mark Zuckerberg... mais également Emmanuel Faber. On ne sait pas à quel degré ils sont honnêtes dans ce qu'ils disent mais ils sont fascinants, c'est une certitude. On a envie de les écouter et de les croire. Une des phrases de Paul que j'aime beaucoup, c'est "L'avenir appartient en ceux qui croient en la beauté de leurs rêves". Mais une phrase comme ça, on peut lui faire dire n'importe quoi. C'est extrêmement dangereux d'utiliser une phrase comme ça. On peut l'utiliser à bon escient ou pour une cause qui est beaucoup plus noire et sombre et on ne s'en rend pas compte.
Ce qui m'importait et ce que j'aime faire dans la préparation d'un personnage, c'est de ne pas le juger mais d'essayer de voir ce qui en moi pourrait faire que je devienne quelqu'un comme lui. Enfin, il y a la façon au quotidien de s'habiller, de manger, de se déplacer... C'est quelque chose qui peut prendre du temps et ces gens-là, par exemple, c'est une donnée qu'ils ont totalement analysée. De la même façon qu'ils sont toujours préparés. Ils ne vont jamais donner une interview s'ils ne sont pas préparés. Ils ne vont jamais faire quelque chose de façon spontanée, ils vont le faire croire. C'est là leur force et c'est quelque chose qui m'intéressait énormément, que j'ai analysée et que je voulais insuffler dans le personnage. Il ne s'agissait pas de copier Jobs ou Zuckerberg, loin de là, mais si vous regardez bien dans la série, la tenue de Paul par exemple est dans les mêmes tons, dans les mêmes couleurs.
"Je n'ai pas voulu regarder la version d'Arte"
"Osmosis" est adaptée d'une web-série d'Arte de 2015. L'avez-vous vue ?
Non. Je me suis posé la question. J'ai vu des extraits mais je ne vais la regarder que maintenant, parce que ça m'intéresse et parce que les auteurs méritent qu'on s'intéresse à leur travail également. Ce n'est pas absolument pas parce que leur travail ne m'intéressait pas, bien au contraire, mais c'est parce que, lorsque nous sommes choisis pour jouer un rôle, nous nous demandons ce que nous pouvons apporter. Je sais que si j'avais fait le choix de la regarder, elle allait m'influencer. C'est certain, c'est obligatoire. Et je n'avais pas envie de ça parce que j'avais peur de décevoir les gens qui vont regarder ou avec qui je travaille. Il faut que je leur apporte des choses de moi, que j'ai pu analyser ou glaner. Le travail doit aussi être intérieur. Enfin, c'est important de respecter le travail des autres acteurs et de ne pas les copier. Il n'y aurait aucun intérêt. De plus, je crois que le concept est semblable mais le développement et le format sont différents. Mais c'est vrai que ça m'a vraiment intrigué, donc je vais le faire maintenant.
"La vraie différence sur un projet n'est pas le diffuseur mais l'ampleur de la production"
Vous avez tourné pour TF1, France Télévisions, Canal+, The CW, Arte, BBC... On dit souvent que tourner pour Netflix est complètement différent.
C'est marrant parce qu'on m'a souvent posé cette question... C'est comme lorsqu'on nous demande la différence entre le cinéma et la télévision. En fait, la vraie différence, comme sur tous les projets, c'est l'ampleur de la production, de savoir si on va avoir ou pas le temps de faire les choses, si on va être avec des gens dont on partage la vision, si on va s'entendre avec les acteurs... Ce sont toujours ces questions-là qui changent la nature d'un projet plus que le média. En tout cas, c'est le sentiment que j'ai pour le moment. Peut-être que je vous répondrai différemment dans quelques années. Peut-être que je ne suis pas allé sur certains projets qui sont absolument énormes et que ça change beaucoup les choses. Moi, aujourd'hui, je n'ai pas trop ce sentiment-là parce qu'une fois sur le plateau, pour moi, c'est toujours une situation qu'il s'agit d'habiter et la bulle se referme. Donc je ne vois plus le reste et je n'ai pas ce sentiment-là. Même un projet de grande ampleur, dépendant des gens avec qui on travaille, peut être fait de façon artisanale. Mais je ne sais pas, que disent les gens là-dessus ?
Le Palmashow nous expliquait récemment qu'ils ne connaissent pas personnellement les dirigeants de Netflix par rapport à ceux des grandes chaînes.
La différence, c'est qu'eux sont aussi producteurs. Ce sont des questions qu'il faut peut-être plus poser aux producteurs, pour le coup.
"Nous tournons la saison 3 de 'Baron Noir' en mai"
Vous participez aussi à "Baron Noir". Vous êtes de la saison 3 ?
On tourne en mai-juin. Je ne peux pas vous en dire plus mais ils m'ont écrit un arc très beau. Est-ce que je continuerai indéfiniment ? Vous le déduirez par mes réponses... mais en vrai, je ne sais pas.
Vous avez porté "Au service de la France" sur Arte pendant deux saisons. La saison 3 est-elle tamponnée, double-tamponnée ou non-tamponnée ?
Ce ne sera pas un code vert-vert, agent Boucher. Je crois qu'on est arrivé un peu au bout de l'arc de la série. Je suis ravi qu'il y ait une attente mais je préfère qu'on me dise ça plutôt que "La dernière saison était moins bonne...". Il y aurait peut-être matière mais l'histoire est bouclée et je crois que c'est très bien comme ça. Même si je retrouverais avec plaisir toute la bande. De plus, je me suis toujours promis à moi-même de ne pas étirer en longueur les choses parce qu'en temps que spectateur, ce sont des choses qui peuvent me décevoir. Ca me frustre parfois mais ce sont des frustrations souvent positives, je crois. Car on a parfois envie de re-regarder la série alors que s'il y a eu 12 saisons, c'est moins le cas. Sauf quand c'est "Friends" ! Et cela me permet de recevoir et d'accepter des propositions très différentes puisque mes rôles, que ce soit à la télévision ou au cinéma, sont toujours très différents.
Vous travaillez également sur un nouveau film...
Il y a un projet qui me tient énormément à coeur et sur lequel on travaille, adapté d'un court-métrage que j'avais fait avec Romain Quirot et qui s'appelle "Le Dernier Voyage de l'énigmatique Paul WR", de science-fiction aussi, qui a gagné à Rhode Island et à Tribeca. On travaille d'arrache-pied dessus pour une adaptation au cinéma.