Musique
Julie Zenatti : "La qualité paie... mais peut-être pas les factures"
Publié le 27 mars 2010 à 12:19
Par Charles Decant
Entretien.
Julie Zenatti Julie Zenatti
Julie Zenatti sur le plateau de "X-Factor"
La suite après la publicité

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C'est ce lundi que Julie Zenatti a dévoilé "Plus de diva", son cinquième album studio. La chanteuse française, qui a déjà plus de dix ans de carrière à son actif, y tente un pari risqué, en associant des poèmes chantés sur des airs classiques, avec des titres plus pop, inspirés par ce qui se fait chez nos voisins anglais.

A cette occasion, Julie Zenatti a accordé récemment une interview à Ozap. Elle s'exprime avec franchise et sans détour sur ce nouvel opus, un pari pas si risqué que ça selon elle, mais aussi sur sa carrière, dont elle s'avoue très satisfaite aujourd'hui. Puis, Julie Zenatti revient sur son expérience dans X-Factor, qu'elle a considérée comme << une mission >>, avant d'évoquer l'état actuel de l'industrie du disque et leurs conséquences sur le travail d'artiste.



Ozap : Pourquoi vous êtes-vous lancée dans ce projet qui est un peu particulier et qui est un vrai parti pris ?
Julie Zenatti : Pourquoi ? Parce que j'aime la musique, j'aime les cordes, j'aime les grandes mélodies un peu lyriques et parce que je crois que j'ai toujours fonctionné un peu comme ça. J'ai toujours été un peu aventurière dans mes choix musicaux. "La Boîte de Pandore", mon dernier album, avait déjà une couleur particulière. Sur le troisième album, j'avais déjà bossé avec Axel Bauer et des gens comme ça, des gens avec qui on ne pense pas forcément que je puisse travailler dans ces univers-là.

Quel est l'élément qui rend cohérent cet album, à la fois classique et pop ?
Il y a des titres qui sont très symphoniques, et il y a aussi des titres un peu plus pop comme "Entre l'amour et le confort" ou "Comme une Geisha", qui sont vraiment des titres un peu "pop anglaise" à la Coldplay très très large. L'élément commun, ce sont les cordes et les inspirations symphoniques et lyriques. En fait, moi je me suis vraiment lancée là-dedans parce que j'ai fait une belle rencontre, un mec qui s'appelle Frédéric Chateau et qui m'a vu dans ce costume-là, tout simplement. D'un coup, ça allait à ma voix, je prenais beaucoup de plaisir à chanter ça et je pense que c'était le bon moment pour revenir à quelque chose de peut-être plus épuré, de moins temporel. Mais ça a quand même un petit goût de mon premier album.



Pourquoi l'avoir appelé "Plus de diva" ? Et est-ce que c'est "plus" (jamais) ou "plus" (davantage) ?
Eh bien c'est comme on veut en fait ! (Rires) C'est l'histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein. Pour moi, c'est plus de diva, dans le sens "il n'y en a plus". Parce que la dernière diva, comme moi j'imagine une diva - c'est-à-dire pas une femme capricieuse ou désagréable, mais une femme avec un vrai don, avec un charisme et un feu intérieur insaisissable et mystérieux - c'est Maria Callas.

Pour vous, c'est donc fini l'époque où on peut avoir des chanteuses comme ça ?
Andy Warhol parlait des fameuses quinze minutes de gloire de ces filles sans talent, juste un peu intelligentes, et qui pouvaient faire des choses originales et deviendraient des stars, ça ce sont les divas d'aujourd'hui. Et moi ce n'est pas ça que j'appelle des divas. Le seul endroit encore aujourd'hui où on utilise ce mot-là comme je l'imagine, c'est pour les divas de la soul comme Alicia Keys, Mary J Blige, Beyoncé. Elles portent ce truc de diva, elles ont un truc d'exception. Chez nous, diva ça veut dire capricieuse, chiante et très embêtante. Mais au sens d'origine, pour moi, la dernière diva en date, c'est Maria Callas.

Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a une dimension un peu sexiste dans la connotation actuelle du mot diva ?
Complètement. Même si aux Etats-Unis, ce mot rime avec don, exception, charisme ou fulgurant, il y a quand même une toile de fond qui est basée sur le sexe. Pour moi, la vraie force d'une diva, c'est pour ce côté où on est attiré, c'est quelque chose d'attractif, mais qui n'est pas du tout sexuel ou dans quelque chose d'aguichant ou de provoquant. Pour moi, c'est de la sensualité à l'état pur. Les hommes et les femmes sont attirés comme un aimant par le côté mystérieux. Mais c'est vrai que chez nous, le côté diva a une connotation parfois provocante et même vulgaire.

En fait, je parlais plus du côté sexiste que sexuel. C'est-à-dire que chez nous, un homme qui a du caractère, c'est justement un homme qui a du caractère, et une fille qui a du caractère, c'est un peu une...
Oui, mais ça c'est pour tout ! Un homme qui a beaucoup de conquêtes, on va dire que c'est un Don Juan, et une femme on va dire que c'est une salope. Voilà, malheureusement, on est comme ça.

Vous n'êtes pas dans la défense du "girl-power" ?
Non, mais vous savez quoi, à un moment, j'essaye déjà de me défendre moi, et je pense que c'est aussi en n'en parlant pas qu'on peut retrouver une proportion homme/femme à peu près normale. Mais il y a toujours eu une différence, et il y en aura toujours, c'est comme ça.



Le pari de votre album était risqué. Comment ça s'est passé avec votre maison de disques ? Vous avez frappé à la porte en disant "Bon, eh bien, mon prochain album, ce sera ça et puis c'est tout" ?
Vous savez, je ne suis pas née d'un coup marketing et j'ai eu la chance d'arriver avec quelque chose de très artistique avec "Notre-Dame de Paris", de faire un premier album qui a bien marché, même si ce n'était pas la folie. Ensuite, j'ai continué comme ça. Avec la maison de disques, on a ce truc ensemble de faire des projets ambitieux, artistiques et qui se renouvellent. C'est un peu ma marque chez Sony et c'est comme ça qu'ils me laissent travailler. Je pense que si j'étais arrivée avec quelque chose de beaucoup plus formaté, ils n'auraient peut-être pas aimé. Après, le pari plutôt fou avec cet album, c'était par exemple de n'envoyer aux journalistes que les six titres très lyriques et très classiques, sachant qu'il y a quand même un aspect pop dans l'album. Mais ça aussi c'est un choix.

Oui, parce que commencer la promo de l'album avec "L'herbe tendre"...
Oui, c'est drôle ! C'est risqué... Enfin, c'est risqué, oui et non. Car en même temps, qu'est-ce qu'on risque ? Que ça n'arrive pas jusqu'au public parce que ça ne plaît pas aux médias ? Il y a quand même tout un album derrière. On n'est plus dans la course de la réussite d'un premier single. Aujourd'hui, la musique est en train de changer. Moi, ce que j'ai envie de proposer aux gens, c'est un univers complet, ce n'est pas juste trois titres qui vont faire que je vais vendre des disques et qui vont m'emmener à l'Olympia. Cet album - et ça a été aussi le cas pour le dernier -, de la première à la dernière chanson, ce sont des chansons que j'aime et que j'ai envie de défendre. Aucune n'est formatée, je crois. Mais en même temps, formaté ça veut dire quoi ? Aujourd'hui, quand on écoute les radios, on ne sait plus ce qui plaît aux radios et ce qui ne plaît pas forcément aux gens qui achètent de la musique. Aujourd'hui, tout ça n'est plus lié. Il faut juste avoir l'opportunité que les gens sachent que votre album est sorti pour pouvoir s'y intéresser.



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Et votre label a réagi comment, alors ?
C'est vrai que "L'herbe tendre", quand je leur ai dit que je voulais que ça soit le premier extrait de l'album, au début, c'était un peu étrange, ils étaient un peu interloqués. Ils m'ont dit : "Bon, tu es sure, quand même ?" Mais moi, ce qui m'importe, ma différence - et je ne sais pas si c'est une force ou pas -, c'est de pouvoir donner de l'émotion au travers de ma voix. Je trouvais que cette chanson-là s'appropriait. Parce que pour la première fois, ce n'est pas une émotion pleureuse. C'est un thème bien particulier, même s'il y a de la mélancolie dans la mélodie, parce que Bach, c'est quand même assez mélancolique. Au niveau du texte, il y a une poésie qui est très contemporaine sur un fond un peu sensuel.

Sur l'album précédent, vous aviez essayé de sortir un peu de la case qu'on appelle en France "Chanteuse à voix". Est-ce que là, comme c'est un album qui est plus proche du premier, c'est un peu une marche arrière ?
Non, ce n'est pas du tout une marche arrière. Quand je dis que c'est plus proche du premier, c'est-à-dire dans ce que je veux entendre. Dans le premier, je voulais pleins de cordes, je voulais que ce soit grandiloquent, je voulais faire Barbra Streisand ! (Rires) Donc on avait fait ça dans la mesure des chansons que j'avais à ce moment-là, de la langue et aussi d'un format. Le premier album était beaucoup plus "calibré". Là, j'ai des chansons qui font 5 min 40, ce ne sont pas des chansons, ce sont des mini-opéras. Donc ce n'est pas un retour en arrière, c'est l'affirmation d'une personnalité. Un jour, on m'a dit que j'avais une voix de soprano dramatique et c'est rentré dans ma tête, puis c'est reparti comme c'est arrivé parce que ça voulait dire soprano, ça voulait dire lyrique, ça voulait dire travailler. Et moi, la musique, ce n'était pas encore un truc que je travaillais, je chantais parce que j'aimais bien et il y a eu l'aventure de "Notre-Dame" où on m'a offert un rôle plutôt obscur où je n'utilisais pas ma voix de petit oiseau que je ne contrôlais d'ailleurs absolument pas. Au fur à mesure, en vieillissant, ma voix s'est affirmée et aujourd'hui, elle et moi en sommes arrivées là !



Est-ce qu'aujourd'hui vous êtes contente de votre carrière ?
Oui !

Et sur une note de 1 à 10, par exemple... ?
D'un point de vue épanouissement artistique, je mettrais 8/10 parce que j'ai toujours été libre et j'ai toujours travaillé avec des gens qui m'ont fait plus ou moins confiance, même quand je pouvais me tromper ou que je ne vendais pas de disques. Ils ont toujours cru en l'artiste que je suis. Donc ça, ça vaut peut-être bien même 8,5 ! Maintenant, je suis assez contente de ce qui s'est passé entre "La Boîte de Pandore" et celui-là. "La Boîte de Pandore" a été un album que j'ai pris beaucoup de plaisir à faire. J'ai vraiment été chercher et j'ai été un peu seule. Il a fallu aller chercher Solaar, Akhenaton, même si je le connaissais. Et ça a été un plaisir de le faire parce que j'ai eu l'impression de jouer un peu à l'alchimiste. Après, ça a été un peu plus difficile avec le public dans un premier abord. Les gens n'ont pas compris que c'était un peu cynique, que c'était du second degré. Il a fallu du temps pour comprendre ça, mais c'est un album qui m'a permis de tourner comme je n'ai jamais tourné. Pour l'album précédent, j'ai fait beaucoup moins de dates donc du coup, avec cet album, j'ai pu faire un vrai spectacle et le défendre sur scène.

Et depuis "La Boîte de Pandore" ?
Depuis, il y a eu l'aventure X-Factor, mon bouquin... J'ai beaucoup aimé cette période-là parce que ça m'a permis de m'élargir artistiquement. Quand on travaille, on fait toujours les mêmes choses, dans le même schéma : on cherche des chansons, on rentre en studio, on fait de la promo, si ça se passe bien on fait de la scène et puis on repart. Ca, c'est un moment un peu étouffant, on se regarde le nombril tout le temps. Le fait d'avoir fait d'autres choses, qu'on m'ait fait confiance sur ça, que j'ai des responsabilités sur d'autres choses, sur des gens. Par exemple, par rapport à X-Factor ou à mon bouquin où d'un coup on me dit : "Est-ce que ça t'amuse de relever le défi ?". Donc oui, j'essaye, et pour le coup je l'ai vraiment fait seule. Personne n'a écrit pour moi. Personne ne m'a interviewée et a écrit par la suite. C'est bien pour ça que c'est écrit comme je parle, alors après, on aime ou on n'aime pas ! Tout ça fait qu'à un moment, aujourd'hui, je suis contente de ma carrière. Mais j'ai encore un million de trucs à faire, parce que je suis un peu boulimique.



Justement, qu'est-ce qui vous a poussée à faire X-Factor ?
Les gens que j'ai rencontrés en fait. D'abord, quand on m'a parlé d'une émission de jurés, j'ai dit : "Non, surtout pas ! Moi, je ne veux pas". Déjà, je ne savais pas si j'en serais capable et en plus, je n'ai jamais osé passer un vrai casting, une vraie audition, alors comment moi je peux dire : "Bon, toi, ouais, tu peux continuer avec nous". Après, on m'a parlé de l'aspect coaching où là on s'occupe des gens qu'on a choisis. Ca a commencé à me plaire un peu plus. Et puis, ensuite, j'ai regardé les émissions anglaises et j'ai vu que c'était un programme vraiment fait pour les chanteurs à voix. Ca chante, quoi. On n'est pas juste dans de l'apparence ou dans un truc qui ressemble à du Coca, mais c'est du Pepsi. Ce sont des vrais chanteurs et ça envoie du bois comme moi j'aime et comme c'est un peu décrié. On n'aime pas trop les chanteurs à voix chez nous... Donc j'ai pris ça un peu comme une mission. Je me suis dit : "Moi je suis une chanteuse à voix, je suis fière de l'être et je veux trouver des chanteurs à voix". Après je suis entrée dans ce truc-là sans aucune conscience de ce que cela pouvait engendrer psychologiquement.

Vous n'avez justement pas pris en compte l'image que vous pourriez avoir chez les gens ?
Ah non...

Car ce n'est pas de la télé-réalité, mais on filme quand même vos réactions...
Oui, j'avais peur, mais en même temps, ça permet de comprendre pourquoi je fais la musique que je fais. On voit bien que je suis passionnée, que d'un coup je peux monter en flèche. Mais tout ça est guidé par la passion et par l'envie de chanter, l'envie de musique qui est très incontrôlable chez moi. Alors certains l'on perçu comme un truc du genre "elle se la pète" ou "pour qui elle se prend", mais il y en a d'autres qui disent "Ah, elle connaît son métier". C'était le pari à risquer. Mais moi je n'ai pas envie de m'ennuyer.



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Comment analysez-vous votre parcours dans la première saison de l'émission ? Vous avez des regrets vis-à-vis de certains candidats ?
Pour tout vous dire, avec Cyrielle et Marie, on est en contact permanent. J'ai été voir chanter Marie récemment, Cyrielle est en studio, elle prépare des choses, on écoute des choses ensemble. Il y a des gens qui sont partis pendant la deuxième étape de coaching, pendant qu'on travaillait avec eux à L'Européen, il y a des gens à qui j'ai volontairement demandé de partir, alors que je savais qu'ils avaient du talent.

Pour quelle raison ?
Parce que je pense que ce genre d'émission est un peu comme les comédies musicales. Il y en a qui sont des guerriers, qui peuvent affronter la critique et l'accepter, sans que ça les tue et même au contraire, ça les boostera. D'autres se diront "Ah, mais moi, je n'ai pas d'identité, je suis personne, je suis rien, je n'y arriverai pas, etc..." Alors qu'ils ont du talent. Parfois, je repense à des gens qui étaient dans cette deuxième étape, je regarde ce qu'ils font sur Myspace, des fois je les croise. Et je me dis : "Ah, j'aurais tellement aimé travaillé avec eux". Mais cette émission-là, ça les aurait tués. Ce sont des émissions qui peuvent faire mal donc il faut faire attention aussi aux gens qu'on choisit. Là où je suis contente de moi en tout cas, c'est que mes trois candidats, je ne les ai pas abîmés. Et c'est très important.

C'était votre crainte principale ?
Oui. Alain, Marc et moi, on avait vraiment peur de ça. Dès le début, on leur a dit que c'était pas leur vie, que ce n'était pas grave si ça ne fonctionnait pas. C'est important de le dire au départ et de faire attention aux gens avec qui on fait cette aventure. Parce que du jour au lendemain, boom, ils ont un rythme de vie hyper autour de la musique. Et quand ça s'arrête, c'est violent.



C'est très difficile aujourd'hui d'être un artiste confirmé, de se faire sa place...
C'est hyper dur.

Et qu'est-ce que vous dîtes aux candidats de X-Factor que vous croisez ? "Ca va être vraiment dur et même si ça marche, ça risque de ne pas être un carton" ?
Je leur dis que ce qu'il y a d'important, c'est de faire la chose dont on a envie artistiquement. Comme j'expliquais la dernière fois, l'important n'est pas de décrocher un contrat dans une maison de disques. L'important, c'est que tu arrives dans la maison de disques avec des chansons que tu aimes et que tu as envie de défendre. Ca, c'est la première chose. Après, je pense qu'aujourd'hui, ils en ont conscience, avec le net, avec les émissions qui désacralisent la musique, les artistes, etc... On dit tout : le devant, le derrière, le côté, le nombre de disques vendus, le nombre de sorties caisses, le nombre de mises en place, les magouilles sur les albums, les trucs, les machins... Donc les gens savent, sont informés de tout ça, alors je pense qu'aujourd'hui, il est plus important qu'on dise qu'un album est beau artistiquement et d'en vendre 5..000, que de dire c'est super, mais de ne pas pouvoir faire de deuxième album alors qu'on en a vendu 500..000 et qu'on sait pertinemment que l'effet de mode sera passé, que les gens seront passés à autre chose. Il vaut mieux être une bonne entrecôte qu'un Big Mac ! Cette métaphore était très nulle, mais je dois encore avoir faim sûrement ! (Rires)

En tant que consommatrice, comment voyez-vous ce désamour et cette désacralisation de la musique, notamment en France. En Angleterre, le gagnant d'X-Factor vend 500..000 singles en première semaine, alors que le premier des ventes digitales chez nous en vend 5..000...
Ca me fait peur en fait. Je ne pense pas que les gens ont conscience que les artistes vivent des ventes de disques. Je crois que les gens pensent que quand on passe à la télé, on gagne plein d'argent. Mais en même temps, ce qui est intéressant, c'est que nous, ça nous remet en question. Ca permet de nous dire : "Qu'est-ce qui est important ? Que le premier single marche ou qu'il y ait un bel album artistiquement ?" Pour moi, c'est qu'on parle de mon album, qu'on dise qu'il est beau, même si je n'en vends que 5..000. Bon après, j'irai faire un autre métier...



Les maisons de disques ont-elles leur part de responsabilité ?
Je pense qu'à un moment, il y a eu des abus dans la musique. A coups de marketing, on a incité et presque endoctriné les gens à acheter des trucs et du coup, la valeur de l'artiste s'est perdue au fur et à mesure. Aujourd'hui, les gens ne s'attachent pas à l'artiste, ils aiment une chanson et ils font leur propre compil'. Moi ce dont j'ai envie, et c'est peut-être prétentieux ce que je vais dire, mais c'est que les gens puissent aimer se reconnaître dans ce que je suis et que je leur retransmette ça au travers de la musique que je fais, pour créer un lien, une fidélité. Je pense que ce qui est en train de se passer nous oblige à réinventer notre métier, à faire autre chose comme écrire des bouquins par exemple... Ca nous oblige aussi en même temps à être très exigeant artistiquement, à être pointilleux jusqu'au bout, jusqu'à la typographie de son nom pour que les gens aient envie de vous avoir avec eux.

Vous parlez du fait que les gens font leur compil' avec des bouts de chansons. Est-ce que vous ne pensez pas que déjà, si les gens les achetaient, ces titres, ce serait très bien ?
Si, c'est vrai. Et s'ils les achetaient, le premier ne vendrait pas 5..000 en digital.



A l'époque, tous les abus dont vous parlez permettaient de financer d'autres artistes...
Plus maintenant, c'est fini ! (Rires) J'ai envie de dire que ça va s'arranger, même si je ne le pense pas plus que ça. Moi, j'achète encore des disques, mais parfois je suis très embêtée parce que des fois, je vais à la Fnac ou au Virgin et il n'y a pas le disque que je veux, car c'était une toute petite mise en place et je suis obligée de l'acheter sur I-Tunes parce que le disque physique n'existe plus. Je pense que tout le monde et personne n'est responsable. C'est une sorte de marasme dans lequel les gens se sont dits : "Lui, il gagne pleins de tunes alors je vais le télécharger gratos". Et puis après, il y en a 100..000 qui le téléchargent gratos ! De l'autre côté, il y a aussi des artistes qui font des albums qui sont moins bons et des tourneurs qui disent : "Nous on partira en tournée que si l'artiste a vendu 300..000" donc ça c'est une erreur. Un artiste, on doit aussi le rencontrer sur scène. Même si au début, il y a 4 personnes dans la salle, il y en aura peut-être 4..000 par la suite. C'est aussi le travail qu'on a à faire, nous. Se déplacer, aller vers les gens, proposer notre musique. Aujourd'hui, c'est presque du porte-à-porte la musique.

Il y a beaucoup plus de travail, et beaucoup moins de recettes...
Oui, il y a beaucoup plus de travail et en même temps, il y a un travail de terrain à faire et parfois, les maisons de disque ne savent plus comment le faire. Je me souviens qu'à l'époque de mon premier album, il y a 11 ans, ce n'était pas du tout la même chose. Je faisais des journées de promo dans toutes les villes en France, je faisais des dédicaces, je rencontrais des gens. C'était vraiment un autre métier. Mais je crois au fait qu'à un moment, la qualité artistique paie. Peut-être pas les factures, mais au moins dans le coeur des gens. Au moins ça, j'espère...

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