Depuis dix jours, il avait gardé le silence. "Sonné, abasourdi" selon Harry Roselmack. Hier soir, Jamel Debbouze a finalement pris la parole dans "Sept à huit" sur TF1 pour évoquer les terribles attentats qui ont frappé la France il y a bientôt quinze jours. Le comédien français a tenu à évoquer pour la première fois sa foi. "J'ai presque besoin de revendiquer ma religion aujourd'hui", a-t-il expliqué, avant d'évoquer sa fierté d'être Français et sa reconnaissance envers le pays qui l'a si bien accueilli, cette France "de la différence, celle de la multi-culture, celle de la tolérance et de la paix, celles avec des valeurs nobles".
"C'est un magnifique pays, la France", a expliqué l'humoriste à Thierry Demaizière, qui lui a demandé s'il avait été déçu que peu de jeunes des cités aient fait le déplacement à Paris pour la grande marche du 11 janvier. "C'est mon seul regret : en marchant, j'ai eu des manifestations d'amour, des gens sont venus m'embrasser, me dire qu'ils étaient pleinement avec nous, comme si j'étais représentatif de quoi que ce soit, on me demandait de porter des messages aux gens des quartiers, aux musulmans, comme s'ils n'étaient pas assez représentés. On n'était pas assez nombreux", a répondu Jamel Debbouze.
Pour lui, la réticence de certains à venir soutenir "Charlie Hebdo" s'expliquait peut-être par un malaise face aux Unes du journal satirique. S'il a reconnu avoir été "déstabilisé" par certaines de ces Unes - y compris celles qui se moquaient d'autres religions que la sienne -, il a insisté sur la nécessité de défendre la liberté d'expression et sur le fait que les jeunes musulmans ne doivent pas avoir peur de l'amalgame. "Il faut qu'ils soient fiers de leur identité, fiers d'être Français, fiers d'être musulmans", a-t-il affirmé.
Thierry Demaizière a ensuite interrogé Jamel Debbouze sur les enfants qui, dans les écoles, ont refusé de respecter la minute de silence en hommage aux disparus. Et le comédien n'a pas mâché ses mots. "C'est complètement débile, c'est irrespectueux, ça ne se fait pas de ne pas respecter les morts. On ne se comporte pas comme ça. Ces gamins-là, c'est qu'ils ne sont pas éduqués, pas encadrés ou peut-être pas aimés", a-t-il lâché, condamnant également les débordements aussi bien contre les musulmans que contre les juifs, ainsi que l'idée que l'on puisse tuer au nom d'une religion. "On ne tue pas au nom de Dieu. Ca n'existe pas ! Le terrorisme n'a pas de religion. C'est aberrant ! La religion, c'est l'amour, la paix, la tolérance", a-t-il affirmé.
Jamel Debbouze a conclu son entretien par une déclaration d'amour à son pays. "Je défendrai la France corps et âme pour tout ce qu'elle a apporté à ma famille. J'ai eu cette chance. Tous les gamins des quartiers aujourd'hui n'ont pas cette chance (...). J'aime la France de toutes mes forces. La France, c'est ma mère. On ne touche pas à ma mère", a-t-il lancé.