
Un rappel au règlement. Yaël Braun-Pivet, a rédigé, ce mercredi 12 février 2025, un courrier – qu'elle a elle-même rendu public – à l'attention d'Élise Lucet. La présidente de l'Assemblée nationale dit avoir "pris connaissance avec étonnement" des images postées la veille sur les réseaux sociaux par le compte X du magazine de France 2 "Envoyé spécial". "Vous apparaissez seule, avec des accessoires en main, présentés comme des tests salivaires permettant de dépister la prise de produits stupéfiants. Vous indiquez avoir proposé à des députés de réaliser ces tests dans la salle des Pas-perdus et des Quatre-Colonnes de l'Assemblée nationale", décrit celle qui a été nommée au Perchoir en juin 2022.
"Comme vous le savez, en dehors des duplex, les prises de vue effectuées par les équipes de journalistes accréditées par l'Assemblée nationale ne sauraient avoir pour objet exclusif ou principal de filmer une personne n'ayant pas la qualité de député ou de ministre dans les espaces ouverts à la presse, de surcroît avec des accessoires suggérant une mise en scène", poursuit Yaël Braun-Pivet. "Si ces espaces permettent aux journalistes de réaliser des interviews de députés, il n'est pas d'usage que les reportages qui y sont réalisés puissent apparaître comme ayant fait l'objet d'une scénarisation".

Sur le fond, la présidente de la chambre basse du Parlement juge "contestable" "le fait de filmer les parlementaires en leur proposant un test salivaire, le refus légitime de s'y soumettre pouvant créer une suspicion à leur endroit", regrette-t-elle.
"Le moment choisi – pendant la séance de questions au gouvernement – est particulièrement malvenu : il a coïncidé avec un pic d'affluence de journalistes ce qui a eu pour effet de susciter une incompréhension parmi les personnes présentes. Je déplore que vous ayez sciemment méconnu les règles que doivent respecter les journalistes accrédités dans ces espaces qui ne sauraient se prêter à de telles pratiques", termine celle qui a "tenu à rappeler fermement à Élise Lucet les règles qui s’appliquent à l’Assemblée nationale".
Mardi 11 février 2025, Élise Lucet a effectivement fait la promotion de l'un des reportages du magazine "Envoyé spécial" à venir. "Il suffit d'humidifier cette languette avec la salive et 10 minutes après, on sait si vous avez pris du cannabis, de la cocaïne, de l'héroïne, des amphétamines ou encore des ecstasys", l'entend-on expliquer, tests de dépistage anti-stupéfiant dans les mains, entre les murs du palais Bourbon.
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Élise Lucet a souhaité soumettre aux députés l'idée, défendue par Éric Piolle, maire de Grenoble (Isère), "de soumettre tous les députés, tous les sénateurs, tous les ministres, à ces tests de dépistage". "Qu'est-ce qu'on a fait ? On est venus ici, dans la salle des Quatre-Colonnes, à l'Assemblée nationale. Et qu'est-ce qu'on a fait ? On a demandé à des députés s'ils étaient ok pour se faire dépister. Ils ont dit oui pour la plupart", affirme la journaliste dans la séquence que Puremédias vous propose de découvrir en tête d'article.

Cette initiative remarquée compte de nombreux détracteurs, à commencer par l'un des prédécesseurs de Yaël Braun-Pivet. "Lorsqu’elle a demandé une accréditation pour filmer à l’Assemblée, Élise Lucet a-t-elle mentionné ces tests ?", s'est interrogé sur X François de Rugy, avant d'établir un parallèle : "Que dirait-on si Cyril Hanouna ou CNews faisaient le même 'reportage' ? Et c’est le service public de la télévision qui se livre à cette mascarade ? Et pendant ce temps, plus aucune question à Andy Kerbrat défendu par le Nouveau Front populaire", a critiqué celui qui a présidé l'Assemblée nationale entre juin 2017 et septembre 2018.
Pour rappel, dans une enquête publiée le 15 novembre 2024, "Mediapart" a révélé que le député insoumis de la 2e circonscription de Loire-Atlantique (département d'origine de François de Rugy) a utilisé son indemnité parlementaire pour financer sa consommation de drogue. L'élu nie, mais reconnaît avoir pioché dans cette enveloppe pour ses dépenses personnelles.
Sur X, Matthias Renault, député Rassemblement national de la Somme, a quant à lui ironisé : "N'ayant pas eu la joie de découvrir votre stand hier à l'Assemblée, j'accepte de passer votre test anti-drogue à une seule condition : que le test soit fait dans les locaux de France Télévisions, avec un test simultané effectué par sa présidente. Le tout pouvant être diffusé en direct sur les réseaux sociaux."