Ce mercredi 7 février, Judith Godrèche a annoncé auprès de France Inter avoir porté plainte contre Benoît Jacquot pour "viols avec violences sur mineur de moins de 15 ans". Une plainte déposée ce mardi à la Brigade de protection des mineurs, a indiqué son avocate Me Laure Heinich à l'AFP. Les faits, qui datent des 1980, sont possiblement prescrits. Une annonce confirmant une information du journal "Le Monde", qui publie ce mercredi une longue enquête sur "l'emprise" du cinéaste. Ces dernières semaines, l'actrice, aujourd'hui âgée de 51 ans, s'était confiée sur cette relation de plusieurs années avec le réalisateur, de 25 ans son aîné.
La réalisatrice avait d'abord évoqué cette relation dans sa série "Icon of French Cinema", diffusée en décembre 2023 sur Arte, sans jamais explicitement nommer Benoît Jacquot. Finalement, c'est sur les réseaux sociaux qu'elle a choisi d'évoquer son nom, le 6 janvier dernier. "La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom", écrivait-elle alors sur une story postée sur Instagram, tout en dénonçant "l'emprise" qu'il avait exercée sur elle quand elle avait "14 ans". "Il s'appelle Benoît Jacquot. Il manipule encore celles qui pourraient associer leurs noms au mien. Témoigner. Il menace de me traîner en justice pour diffamation", poursuit-t-elle, avant d'ajouter que le cinéaste est "estimé pour sa perversion".
Judith Godrèche avait décidé de nommer son agresseur présumé après avoir découvert les images d'un documentaire datant de 2011, dans lequel Benoît Jacquot admettait sans problème sa relation avec l'actrice : "Ne serait-ce qu'au regard de la loi (...) on n'a pas le droit en principe, je crois. Donc une fille comme cette Judith qui avait alors 15 ans et moi 40, on n'a pas le droit. Mais ça, elle n'en avait rien à foutre et même elle, ça l'excitait beaucoup je dirais. Le fait est que faire du cinéma c'est une couverture de trafics illicites, pour des moeurs de ce type là" assurait alors le réalisateur, qui évoquait son "syndrome de 'Barbe Bleue'".
Cette interview avait alors été tournée par Gérard Miller, qui l'interrogeait aussi sur ces relations avec les actrices Isild Le Besco et Virginie Ledoyen , également mineures au moment des faits. Le célèbre psychanalyste, chroniqueur et cinéaste, qui a mené l'entretien d'un air conciliant, est également accusé de viol et d'agressions par trois femmes dans une enquête publiée par le magazine "Elle". Ce mardi, dans une nouvelle enquête cette fois menée par "Mediapart", Gérard Miller est accusé par dix autres femmes, dont trois mineures, d'agressions sexuelles ou comportements inappropriés, entre 1995 et 2016. Si le psychanalyste reconnaît la "dissymétrie" de leurs relations, il assure n'avoir "jamais contraint personne".
Les images du documentaire ont été un "choc violent" pour l'actrice, qui avait livré un récit poignant sur le plateau de "Quotidien" le 8 janvier : "J'étais toujours sous l'emprise. Mais de l'entendre comme ça en parler et de façon très mondaine en rigolant, en s'en vantant... L'impunité est à un tel niveau ! C'est la jouissance du monstre. J'ai l'impression de voir un monstre. Il a le visage d'un monstre. Il a quelque chose de monstrueux et il tient des propos de monstre. (...) Cet enfant, dans le fond, n'avait pas la possibilité de saisir l'idée même du consentement", avait-elle déclaré, avant de critiquer l'attitude des médias. "Comment c'est possible qu'aucun journaliste en 2011 n'ait appelé la police ? Il y a un type qui dit à la télévision qu'à 40 ans, il était avec une fille de 14 ans, il le dit en souriant et personne qui n'appelle la brigade des moeurs ? Ça me crée une colère" s'était-elle alors indignée. De son côté, interrogé par "Le Monde", Benoît Jacquot nie les accusations et parle d'une "relation amoureuse".