Etonnamment, Robert Redford n'a jamais décroché d'Oscar du meilleur acteur. Quelques uns de ses films ont pourtant été largement primés comme "Out of Africa" de Sydney Pollack en 1986 ou "L'Arnaque" de George Roy Hill en 1974 mais, à chaque fois, ses prestations d'acteur ont été snobées par l'Académie. L'acteur américain a tout de même deux statuettes à son actif : une de meilleur réalisateur pour le film "Des gens comme les autres" et un Oscar d'honneur décerné en 2002 pour l'ensemble de sa carrière.
Depuis des mois, les bookmakers estimaient que l'acteur de 77 ans était enfin en mesure d'être récompensé par l'Académie pour son rôle dans "All Is Lost" de J. C. Chandor. Il a d'ailleurs été en lice aux derniers Golden Globes pour ce film dans lequel il joue un homme dont le voilier se casse en plein milieu de l'Océan Indien et qui doit affronter une violente tempête. Mais jeudi, lors de la publication de la liste des nominations de la 86ème cérémonie des Oscars, Robert Redford a été une nouvelle fois oublié, suscitant de nombreuses indignations à Hollywood.
Alors qu'il ouvrait l'édition 2014 de son Festival de Sundance, dont il est le créateur, Redford n'a pas caché sa colère. Il a rejeté la responsabilité de cette faute sur Lionsgate, le ditributeur du film, qui a par ailleurs dépensé beaucoup d'argent pour promouvoir "Hunger Games : L'embrasement". "Hollywood est ce qu'il est. C'est une industrie et quand arrive l'heure de voter pour les films, cela dépend généralement énormément des campagnes menées par les distributeurs, a-t-il déclaré. Dans notre cas, je pense qu'on a souffert d'une distribution limitée, voire inexistante. Nos distributeurs, je ne sais pas pourquoi, n'ont pas voulu dépenser d'argent, ils ont eu peur, ou ils ont juste été incompétents, je ne sais pas."
Ce matin, dans un long article, le Hollywood Reporter étudie la situation, s'interroge sur les accusations de l'acteur et rappelle au passage que le film, sorti le 25 octobre dernier dans un nombre limité de salles, n'a pas bien fonctionné aux Etats-Unis, avec un peu plus de 6,1 millions de dollars de recettes au box-office seulement, pour un budget de 9 millions de dollars.
Le magazine donne également la parole à plusieurs interlocuteurs qui connaissent bien le cinéma indépendant américain et la loi de la courses aux Oscars. "Le plus gros problème a été la réticence de Redford a se lancer dans une vaste opération de communication, comme celles qu'ont faites tous les acteurs retenus", note ainsi un producteur de film indépendant. Car même si l'acteur a fait le déplacement pour défendre le film au festival de Cannes, où le film a été projeté pour la première fois, puis au Telluride film festival, il n'a accordé que de très rares interviews dans la presse écrite. A titre de comparaison, le Hollywood Reporter souligne que Bruce Dern, autre vétéran d'Hollywood, n'a en revanche pas ménagé ses efforts pour faire la promotion de "Nebraska", un engagement qui lui a permis d'avoir la chance de figurer parmi les cinq finalistes.