Que retenir de l'année médiatique écoulée ? Pour la septième année, puremedias.com a proposé à plusieurs personnalités de revenir sur ces douze derniers mois, avec la désormais traditionnelle "Année médias vue par...". Au tour de Pierre Ménès, chroniqueur du "Canal Football Club" et commentateur sur Canal+.
La personnalité médiatique de l'année ?
Jacques Chirac. En France, je sais que la mort donne du talent et fait qu'on oublie tout. Je crois que c'était un homme qui était dans le coeur des Français. C'était un être humain. Il avait une proximité avec les gens que beaucoup n'ont plus depuis. Il était aimé. Je l'avais rencontré deux fois au Parc des Princes et il était absolument charmant. J'ai aussi été choqué par tous ceux qui n'ont pas attendu un délai décent pour l'allumer. Je pense à Edwy Plenel qui est le spécialiste de ce genre de comportement.
La personnalité politique de l'année ?
Emmanuel Macron. Il est au centre de tout, tout le temps. Je pense qu'il devrait s'inspirer de Jacques Chirac dans sa proximité avec les gens. Il fait énormément de fautes de communication. Son quinquennat est quand même compliqué. On a eu les gilets jaunes pendant un an. Là, on a les grèves des transports. Il y a une fausse fermeté. Je fais partie des déçus. Je pensais qu'en ayant un président de la République aussi jeune, on aurait une politique plus jeune. Malheureusement, ce n'est pas le cas.
Le coup médias de l'année ?
Canal+ ! En dix jours, nous sommes passés d'une légitime inquiétude à une forme d'euphorie. Tous ceux qui se réjouissaient qu'on soit bientôt au chômage en prennent pour leur frais. J'ai toujours pensé qu'on prenait Vincent Bolloré pour un idiot. C'était tellement commode de dire qu'il allait tuer la chaîne. Beaucoup de gens mésestiment son intelligence. C'est un mec qui voit plus loin que nous.
Le mensonge médiatique de l'année ?
Xavier Dupont de Ligonnès. Pour le coup, j'ai été très étonné que dès le soir-même, tout le monde s'enflamme comme ça. C'est le problème des médias aujourd'hui. C'est une course de vitesse, entre les sites, entre les réseaux sociaux et entre les chaînes infos. Je suis de la vieille école. J'étais journaliste à "L'Equipe". Quand j'avais une info le soir à 17h, elle tenait jusqu'au lendemain matin. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Quand j'ai vu la photo du mec qu'on a pris pour XDDL, j'ai dit : "C'est un gag !". Le mec n'a pas pris trente ans en dix ans. J'aimerais bien dire que c'est une leçon pour beaucoup de médias. Mais je sais que ce n'est pas le cas. Parce qu'aujourd'hui, il faut aller plus vite que l'autre. Aller plus vite dans l'information, c'est la porte ouverte aux bêtises.
L'émission TV de l'année ?
"Objectif Top Chef". Quand je me suis réveillé de ma greffe, je n'avais qu'une seule obsession, c'était regarder "Objectif Top Chef" sur M6. Je n'avais pas pu la suivre pendant quinze jours car j'étais obligé de dormir. J'aime beaucoup cette émission. J'aime toutes les émissions de cuisine en général. Je suis aussi un inconditionnel de "Top Chef". Je connais beaucoup de chefs étoilés. Ca me passionne. J'ai la chance d'avoir une femme qui fait admirablement la cuisine. C'est un programme fédérateur chez nous.
L'émission radio de l'année ?
"Les grandes gueules" sur RMC. Pour moi, c'est plus une émission de télé que de radio. Je me réveille avec. J'écoute la fin en allant à Paris. Pas mal de personnes m'insupportent dans cette émission, mais c'est aussi le but du jeu. J'aime beaucoup Gilles-William Goldnadel et David Dickens. J'apprécie les deux présentateurs. C'est une émission enrichissante. C'est la seule que je suis avec assiduité. Très franchement, j'écoute assez peu les émissions de football. Je me tape déjà tellement de matchs. Je ne veux pas me polluer l'esprit avec les émissions des autres.
La série de l'année ?
Je ne suis pas très "série". Je n'aime pas être esclave d'un truc. Comme je suis un coeur d'artichaut, j'ai beaucoup pleuré devant "Good Doctor". Je trouve le jeune acteur absolument remarquable. Et sinon, je reste pour toujours un amoureux de "Friends".
Le dérapage médias de l'année ?
Globalement le football italien contre les footballeurs de couleur. C'est un peu accablant. Le "Corriere dello Sport" a voulu faire une Une sur le "Black Friday". Quand je lis le contenu de l'article, ce n'est pas du tout raciste, mais c'est maladroit. Les déclarations du président de Brescia concernant Mario Balotelli sont maladroites. Puis, il y a une chose qui me fatigue un peu, ce sont les joueurs qui disent : "La prochaine fois, on quittera le terrain". C'est toujours la prochaine fois ! Quand le petit Moise Kean s'est fait insulter l'année dernière, il s'est même fait reprendre par certains de ses coéquipiers. Il y a un vrai problème en Italie avec ça.
Le flop TV/radio de l'année ?
Laurent Ruquier. "On n'est pas couché" est passé de la polémique permanente à l'indifférence quasi-générale. Il faut savoir s'arrêter parfois.
Le/la journaliste de l'année ?
Hervé Mathoux. Ca fait dix ans qu'il me supporte. C'est très fort. Il n'est pas aussi lisse qu'il laisse paraître. Malgré tout, dans le "CFC", il arrive bien à faire passer son opinion alors qu'il est meneur de jeu. Il gère parfaitement cette émission. Le succès du "CFC", c'est lui !
L'animateur/animatrice de l'année ?
Nagui ! Parmi les choses que j'essaie de rater le moins possible, il y a son jeu du midi sur France 2, "Tout le monde veut prendre sa place". Ca me détend. C'est un jeu intelligent avec un vrai suspens quand les champions commencent à durer. J'aime aussi beaucoup Julien Courbet. C'est un mec très bienveillant et qui fait des programmes de qualité.
La personnalité médiatique qui marquera 2020 ?
Vincent Bolloré et Maxime Saada. Ils nous promettent un bel avenir à Canal alors que ce n'était pas évident pour tout le monde il y a quelques jours.