Les autorités françaises affichent depuis l'année dernière la volonté de mener une action volontariste face à la prolifération des messages racistes et antisémites sur Twitter. Sur ce sujet, le gouvernement avait ainsi tapé du poing sur la table au début de l'année 2013. Fleur Pellerin avait alors sommé le célèbre réseau social de davantage modérer les propos tombant sous le coup de la loi.
"Je pense (que les responsables de Twitter) ont tout intérêt à s'adapter aux cultures juridiques et philosophiques et éthiques des pays dans lesquels ils souhaitent se développer" avait à l'époque mis en garde la ministre de l'Economie numérique. Ce volontarisme politique faisait notamment écho à l'action en justice intentée contre Twitter par l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) et l'association "J'accuse - action internationale pour la justice" suite à la vague de tweets antisémites reprenant les hashtags #unbonjuif et #unjuifmort.
Les choses semblent ainsi s'être accélérées au second semestre de l'année dernière, comme en témoigne les chiffres publiés le 6 février par Twitter et relayés par Le Monde.fr. Alors qu'au premier semestre 2013, les autorités françaises avaient déposé seulement trois demandes de suppression de tweets auprès de l'entreprise américaine, elles en ont déposé près de cent fois plus au second.
En seulement six mois, la France est ainsi devenue le pays le plus interventionniste sur le réseau social, très loin devant des pays comme la Chine avec une seule demande de retrait de tweet au second semestre 2013, ou la Russie (14 demandes). Les autorités administratives françaises ont ainsi été à l'origine de 87% des demandes de retrait de contenu formulées à travers le monde sur cette période !
Ces chiffres doivent cependant être nuancés. Les autorités françaises ont ainsi demandé la suppression de 306 tweets entre juillet et décembre dernier. Cela reste peu pour un réseau hexagonal comptant plus de 7 millions d'utilisateurs et sur lequel s'échangent quotidiennement des millions de messages. Surtout, Twitter précise que "plus de 300 demandes" émanent d'une seule "association nationale" et concernent des contenus "discriminatoires illégaux".
S'agit-il de l'UEJF, association historiquement à la pointe de ce combat ? Joint par Le Monde.fr, un porte-parole de l'UEJF s'est étonné de ces plus de 300 demandes, tout en reconnaissant avoir établi un "contact privilégié" avec le réseau social concernant la lutte contre les contenus illicites. Au final, 133 tweets ont été supprimés par Twitter au deuxième semestre 2013 sur les 306 demandes formulées par les autorités françaises.