L'humour du Canard Enchaîné n'est visiblement pas du goût du gouvernement japonais. Ce dernier a ainsi publiquement protesté aujourd'hui après la publication de deux dessins dans l'édition d'hier du journal satirique. Sur le premier dessin, on peut voir deux sumos faméliques avec pour l'un trois bras et l'autre trois jambes. En fond, on distingue la centrale dévastée de Fukushima et en premier plan un commentateur déclarant : "Marvellous, grâce à Fukushima, le sumo est devenu discipline olympique".
Sur le deuxième dessin, on peut distinguer deux techniciens de la centrale nucléaire en combinaison de protection. Avec un compteur, il mesure la radioactivité d'un des bassins de la centrale. En légende, on peut lire : "J.O de 2020 au Japon : la piscine Olympique est déjà construite à Fukushima" tandis qu'un protagoniste ajoute : "On va peut-être réautoriser la combinaison pour les nageurs !".
Deux dessins qui n'ont pas plus aux autorités japonaises. "Ce genre de caricatures blesse les sinistrés de la catastrophe du 11 mars 2011 et véhicule des informations fausses sur le problème de l'eau radioactive à la centrale Fukushima Daiichi. C'est extrêmement regrettable" a fait savoir le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d'un point presse. Ce dernier a également annoncé l'intention du gouvernement nippon "d'adresser un message de protestation au Canard Enchaîné par l'ambassade du Japon à Paris". "Encore les médias français !" s'est pour sa part exclamé Mainichi Shimbun, un journal populaire de centre-gauche nippon.
Ce n'est en effet pas la première fois que l'humour français sur la catastrophe nucléaire de 2011 provoque des remous au Japon. En octobre 2012, une blague de Laurent Ruquier sur le sujet dans "On n'est pas couché" avait déjà entraîné l'envoi d'une lettre de protestation officielle du gouvernement japonais à France 2. La chaîne avait finalement exprimé "ses regrets" aux autorités nippones tandis que Laurent Ruquier avait qualifié la polémique de "tsunami dans un verre d'eau".