Robinet coupé. Le journal d'extrême droite, "Rivarol", ne percevra plus de financements publics, comme l'a révélé Conspiracy Watch. Dans un tweet, repéré notamment par l'AFP, l'Observatoire du conspirationnisme et des théories du complot, a indiqué, le 25 mai, que "la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP) a décidé lors de sa réunion du 4 mai 2022 de retirer son agrément à l'hebdomadaire 'Rivarol', ce qui pourrait le priver à l'avenir de tout financement public direct et indirect".
En mars, une trentaine d'historiens et de personnalités, parmi lesquels Beate et Serge Klarsfeld, défenseurs de la mémoire des déportés de France, avaient protesté contre les "aides publiques indirectes" dont bénéficiait "Rivarol". "Notre pays accorde des facilités à 'Rivarol', hebdomadaire le plus raciste, le plus antisémite et le plus négationniste qui soit", écrivaient-ils dans une tribune publiée dans "Le Monde", en demandant à la CPPAP de retirer son agrément à l'hebdomadaire. En novembre, le député La République en marche, Jean-Louis Touraine, avait également interpellé à ce sujet la ministre de la Culture d'alors, Roselyne Bachelot.
Le directeur de publication, Jérôme Bourbon, a en effet été condamné une quinzaine de fois, en particulier pour provocation à la haine, contestation de crime contre l'humanité et injure raciste. En décembre, il avait été condamné pour contestation de crime contre l'humanité et provocation à la haine envers les juifs en raison d'une vidéo dans laquelle il évoquait la rafle du Vel' d'Hiv'. Il y affirmait notamment que le maréchal Pétain s'était "toujours opposé à ce qu'il y ait la moindre persécution ou atteinte quelconque aux juifs français".
Dans son règlement, la CPPAP précise pourtant que les "publications négationnistes, incitant à la haine raciale, à la xénophobie et celles portant atteinte à la dignité de la personne humaine" ne peuvent bénéficier de ce régime.
Comme "Libération" le rappelle dans un article publié hier, cet agrément permettait à "Rivarol" de disposer des avantages du régime économique de la presse, soit une TVA à taux réduit de 2,1% (au lieu de 20%), des tarifs postaux préférentiels et un accès aux aides à la presse. Le journal était éligible également à des conditions de distribution privilégiées dans les réseaux de messagerie de presse.
En théorie, ajoute l'AFP, le retrait de cet agrément prive également "Rivarol" des aides à la presse du ministère de la Culture, qu'il ne touchait pas, car il ne les demandait pas, a précisé la CPPAP. Jusqu'ici, l'Etat aidait indirectement "Rivarol" à hauteur de 100.000 euros, selon Jérôme Bourbon.