C'était il y a plus de vingt ans : en 2002, 20 Minutes faisait son apparition dans le paysage français, sous la forme de journal papier gratuit distribué dans les transports en commun. À cette époque, les smartphones n'existaient pas encore et le temps se lisait sur les montres à affichage digital : le journal adopte alors "naturellement" un logo avec des chiffres à sept segments, signature visuelle à la fois "simple", "percutante" et "moderne" - selon les mots du journal. Le tout en illustrant une information conçue pour être lue en un temps compté.
Mais les temps ont changé, le smartphone s'est imposé dans les usages et les concurrents de 20 Minutes dans la presse gratuite ont progressivement jeté l'éponge : en 2010 pour Direct Soir, en 2015 pour Metronews (anciennement Metro) et en 2021 pour CNews (anciennement CNews Matin, Direct Plus, Direct Matin Plus et Matin Plus). Seul rescapé sur le marché qu'il avait contribué à créer, le titre, propriété du groupe belge Rossel (Le Soir, La Voix du Nord, Le Courrier Picard...) et de Sipa-Ouest France, a arrêté son édition papier en août 2024.
Le nouveau logo vient ainsi marquer ce changement d'époque : 20 Minute abandonne son iconique affichage digital au profit d'une typographie script, "plus souple". Cette refonte de logo s'accompagne en outre d'une réorganisation complète de l'univers visuel. Pour refléter la diversification des contenus - de l'actualité chaude aux thématiques environnementales, en passant par les loisirs et les usages numériques - 20 Minutes déploie un nouveau système de pictogrammes et de codes couleurs dédiés à chaque "verticale" d'information.
Surtout, cette évolution visuelle s'inscrit dans un plan stratégique plus large, comme le détaille Ronan Dubois, le directeur général du titre, dans une interview sur le site The Media Leader. L'enjeu ? "Faire de 20 Minutes une plateforme numérique globale (écrit, audio, vidéo, social, TV) d’information et de divertissement leader", "tout en restant fidèle à notre ADN d’information gratuite, fiable et accessible au plus grand nombre."
Après l'arrêt historique du journal papier en 2024, 20 Minutes vise désormais l'équilibre financier dès 2025 et s'est fixé l'objectif de faire croître les revenus de 15% en 2025, "avec une diversification axée sur trois piliers : la vidéo, les opérations spéciales et le brand content." Le pôle opérations spéciales (OPS), en particulier, qui génère 20% des revenus aujourd’hui a pour objectif de tripler ce chiffre d’ici trois ans.
La vidéo occupe une place centrale dans cette stratégie, avec une production quotidienne de 3 à 4 heures de contenu et l'ambition de quadrupler le nombre de vidéos vues sur le site et l'application 20 Minutes d'ici fin 2025 - en 2024, de l'ordre de 80 et 100 millions en moyenne par mois. Le groupe va d'ailleurs prochainement inaugurer deux studios - dont un plateau TV - qui appuieront à la fois le développement des vidéos produites pour le web et la montée en charge de 20 Minutes TV, lancée en mai 2023 et disponible en Île-de-France via la TNT et sur les box TV.
Dans ce virage, 20 Minutes n'aura pas droit à l'erreur : "les actionnaires ont clairement indiqué qu’ils ne renfloueraient plus les pertes de l’entreprise. C’est une pression supplémentaire, mais aussi une opportunité de prouver que nous sommes capables de bâtir un modèle économique durable, basé sur l’innovation et la diversification", explique Ronan Dubois.