
Pour établir ses chiffres, l'ACPM (issue de la fusion en 2015 de l'OJD et d'AudiPresse) s'appuie sur les déclarations sur l'honneur des éditeurs. Ces données sont ensuite validées ultérieurement par procès-verbal établi à l'issue des opérations de contrôle.

Du côté des gagnants, la presse quotidienne nationale (PQN) affiche une hausse de 6,5% de sa diffusion totale en 2024, alors que l'actualité chargée de l'année a manifestement bénéficié à ces acteurs. Cette croissance est largement portée par les versions numériques des titres : celles-ci représentent désormais 76% de la diffusion. En parallèle, les sites et applications de ces titres ont connu une hausse de +13,7% de leur fréquentation, avec 8 milliards de visites sur l'année.
Dans le détail, tous les titres de la catégorie ont connu une hausse de leur diffusion en 2024, à l'exception de La Croix (-0,83%). Parmi les plus fortes hausses, figurent le leader Le Monde (+8,16% à 528 709 exemplaires) ainsi que Libération (+10%).

À l'inverse, la diffusion de la presse quotidienne régionale (PQR) & 7e jour enregistre une baisse, avec 2,5% d'exemplaires diffusés en moins en 2024 par rapport à 2023. Incluse par l'ACPM dans cette catégorie, la presse dominicale tire toutefois son épingle du jeu : "La Tribune Dimanche" affiche +8,71% d'exemplaires diffusés tandis que son concurrent le "Journal du Dimanche" annonce +7,52% (mais après une année 2023 marquée par une forte baisse et plusieurs semaines sans parution).
Bonne nouvelle aussi du côté du numérique, puisque les titres régionaux ont connu une hausse de près de 15% des visites sur leurs sites et applications.

La presse hebdomadaire régionale (PHR) connaît également le même mouvement, avec une diffusion en baisse de 4,3% (soit 40 millions d'exemplaires) et une augmentation des visites numériques de 19,4%. De même pour la presse professionnelle qui affiche -0,8% en diffusion et +12,3% sur le numérique.
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La presse magazine, quant à elle, perd sur les deux tableaux : -4% d'exemplaires diffusés (à 934 millions, dont 238 millions en version numérique) et -1,3% de visites sur les sites et applications. Dans ce contexte compliqué, certains acteurs historiques renoncent au papier, à l'image de Phosphore, qui vient de lancer récemment une version 100% numérique de son titre, ou explorent de nouveaux territoires, comme SoPresse, dans le streaming vidéo.

Avec plus de 3 millions d'exemplaires diffusés (en baisse de 3,02%), "Diverto" reste le premier magazine de France, devant "Version Femina" (-5,42%) : tous deux sont diffusés en supplément des titres de PQR et PHR.
En troisième position sur ce marché, le mensuel "Merci pour l'info" (anciennement "Dossier Familial") du groupe Uni-Médias (filiale du Crédit Agricole, qui édite également le magazine "Les Maternelles", avec Agathe Lecaron) connaît une progression fulgurante de 20% sur l'année, avec plus de 1,5 million d'exemplaires diffusés.
Du côté de la presse TV, "Télé 7 Jours" et "TéléZ" affichent des baisses respectives de 7,66% et 7,93% de leur diffusion. Sur ce segment, seul "Télé 15 Jours" enregistre une hausse notable de 29,51%.

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Cette bascule vers le numérique, qui correspond aux évolutions des usages, n'est pas sans conséquences pour les modèles économiques de la presse, qui reposent essentiellement sur deux piliers : la publicité et les abonnements. Or, une augmentation des visites sur les sites et les applications des médias, même conséquente, ne se traduit pas mécaniquement par des hausses de revenus...
En effet, même si le marché de la publicité digitale affiche en 2024 une hausse appréciable de 14%, cette croissance ne bénéficie pas, ou très peu, aux acteurs issus de la presse, et plus généralement aux éditeurs de sites d'information.

"On peut presque dire qu’il y a une forme de déréférencement publicitaire de la catégorie édition info” s’alarmait ainsi Corinne Mrejen, la présidente du Syndicat des Régies Internet et directrice générale du Pôle Monétisation et Nouveaux territoires de croissance du groupe Les Echos-Le Parisien, lors de la présentation du dernier l’Observatoire de l’e-pub SRI, réalisé par Oliver Wyman, en partenariat avec l’Udecam.
En effet, quand les acteurs du streaming et de la vidéo enregistraient une hausse de 28% de leurs revenus publicitaires, les acteurs de la catégorie "édition et information" ne connaissaient qu'une croissance de... 1%, loin de compenser la baisse des revenus sur les supports "print" traditionnels.
“Toute cette croissance reste concentrée auprès de très peu d’acteurs. Google, Meta, Amazon et les acteurs du social représentent désormais 74% du marché et tractent 91% de la croissance globale !” constatait ainsi Corinne Mrejen, en appelant les annonceurs à "rééquilibrer" leurs investissements.
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