Une visite "amicale" qui suscite des interrogations. Deux dirigeants de Netflix, la plateforme américaine de vidéo à la demande par abonnement, avaient rendez-vous aujourd'hui à l'Elysée. Ils ont rencontré David Kessler, le conseiller médias de François Hollande, puis Pascal Rogard, le directeur général de la SACD, spécialiste des questions de droits d'auteurs et de la chronologie des médias.
Officiellement, cette rencontre n'était qu'une prise de contact entre une plateforme qui compte 40 millions d'abonnés à travers le monde et les dirigeants d'un pays qui produit plus de 200 films par an. Mais cette visite intervient alors que, depuis des mois, le monde de l'audiovisuel spécule sur le lancement en France de la plateforme qui, à l'instar de CanalPlay, propose un accès illimité à son catalogue de films et de séries moyennement un abonnement à bas coût.
La puissance de Netflix effraie le milieu du cinéma et de la télévision payante, surtout depuis que la plateforme produit de ses propres séries. Elle vient d'ailleurs d'annoncer que la mise en ligne de la deuxième saison de "House of cards", la série de David Fincher avec Kevin Spacey et Robin Wright, aurait lieu le 14 février prochain.
Lors de ce rendez-vous, les dirigeants de Netflix, qui s'est largement implanté en Europe (Grande-Bretagne, Pays-Bas et pays scandinaves), n'ont pas révélé leurs intentions ni évoqué le moindre calendrier. Mais les dirigeants redoutent que la réglementation française en matière d'audiovisuel, qui les obligera à participer au financement du cinéma, ne complique fortement leur modèle économique. De plus, la chronologie des médias actuelle lui interdirait de proposer à ses abonnés les films sortis il y a moins de 36 mois. En juin, Jonathan Friedland, le directeur de la communication de Netflix, estimait que "le marché est un peu trop régulé" en France pour permettre une installation de la plateforme.