Un "phénomène social majeur" et "préoccupant". Tels sont les résultats d'une récente étude* de l'IFOP sur le complotisme en France publiée dimanche. Commandée par la fondation Jean-Jaurès et l'observatoire Conspiracy Watch, cette dernière révèle une adhésion d'une large part de la population aux théories du complot. 79% des personnes interrogées croient ainsi à au moins une des grandes théories qui leur ont été soumises. Ils sont 34% à en croire au moins 4 et 13% au moins 7, comme le rapporte l'AFP. L'adhésion aux théories du complot est plus répandue chez les jeunes. Les moins de 35 ans sont ainsi deux fois plus nombreux à adhérer à sept théories ou plus que les plus de 35 ans (21% contre 11% en moyenne, les plus de 65 ans n'étant que 5% dans ce cas). .
55% des Français approuvent par exemple l'idée que "le ministère de la santé est de mèche avec l'industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins". 54% sont d'accord avec l'affirmation que "la CIA est impliquée dans l'assassinat du président John F. Kennedy à Dallas". 32% des personnes interrogées estiment par ailleurs que "le virus du sida a été créé en laboratoire et testé sur la population africaine avant de se répandre à travers le monde" et 31% sont d'accord avec l'affirmation que "les groupes terroristes jihadistes comme Al-Qaïda ou Daech sont en réalité manipulés par les services secrets occidentaux".
S'agissant des attentats du 11 septembre 2001, 29% des personnes interrogées pensent qu'"au sein du gouvernement américain, certains étaient informés des attentats mais ils ont délibérément laissé faire pour ensuite justifier une intervention militaire en Afghanistan et en Irak". 16% soutiennent par ailleurs l'idée selon laquelle "les Américains ne sont jamais allés sur la Lune", "la NASA (ayant) fabriqué des fausses preuves et de fausses images de l'atterrissage de la mission Apollo". 9% des sondés croient par ailleurs "possible que la Terre soit plate et non pas ronde comme on nous le dit depuis l'école".
L'étude de l'IFOP confirme aussi la défiance des Français vis-à-vis des médias. 30% pensent ainsi que "travaillant dans l'urgence, ils restituent l'information de manière déformée et parfois fausse", et seuls 25% répondent que "globalement, ils restituent correctement l'information et sont capables de se corriger quand ils ont commis une erreur".
9% des interrogés estiment que "leur rôle est essentiellement de relayer une propagande mensongère nécessaire à la perpétuation du 'Système'". 36% trouvent que "leur marge de manoeuvre est limitée et ils ne peuvent pas traiter comme ils le voudraient certains sujets" car ils sont "largement soumis aux pressions du pouvoir politique et de l'argent".
*L'étude a été réalisée les 19 et 20 décembre auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française adulte, constitué selon la méthode des quotas et complété par un second échantillon de 252 personnes de moins de 35 ans (dont les résultats ont été ramenés à leur poids réel dans la population).