C'est le marronnier de chaque campagne électorale. Faut-il publier les premières estimations des votes avant 20 heures ? A l'heure de Twitter et Facebook, Libération dénonce "un embargo archaïque" à sa Une ce matin. Malgré la loi et une possible amende de 75.000 euros, le quotidien menace clairement d'y aller, avant radios et télés. "Rendez-vous dimanche à 18h30 sur Libération.fr" lance Sylvain Bourmeau dans son édito du jour. Et s'il s'exécute, on imagine mal comment d'autres médias français ne pourraient pas suivre...
A quatre jours du scrutin, la Commission des sondages a déjà alerté les médias sur le sujet. Mais pas que : un citoyen lambda qui retweete une information publiée par exemple sur sur un site étranger s'expose aux mêmes sanctions. Pourra-t-elle néanmoins avoir un oeil sur les millions d'abonnés Twitter et Facebook ? On en doute, elle devrait se concentrer sur les comptes des journalistes et personnalités. A tel point que TF1, dans une note interne, a demandé à ses salariés de ne pas tweeter les résultats qu'ils pourraient obtenir avant l'heure fatidique.
Sans Twitter et Facebook, rendez-vous pour les plus impatients sur les sites belges et suisses. L'interdiction ne concernant que le territoire français, les médias étrangers ont déjà annoncé qu'ils délivreraient les premières estimations avant 20 heures. Le chef de la rédaction de la RTBF, Christian Dauriac, se justifiait la semaine dernière : "C'est au législateur de chaque pays de considérer ce qu'il doit faire. Nous, notre boulot, c'est de faire un travail journalistique. Quand on a une information, on ne va pas la cacher à nos téléspectateurs."
Car les premières estimations des sondeurs remontent aux rédactions à partir de 17h, grâce aux enquêtes sortie des urnes et aux bureaux de vote tests installés un peu partout en France. Une publication des résultats partiels avant la fermeture des derniers bureaux de vote peut-elle faire basculer un scrutin en cas de podium très serré ? C'est précisément pour cette raison que la loi française impose un embargo jusqu'à 20 heures.