Luz en couv'. Ce n'est pas celle de "Charlie Hebdo" qu'il a quitté fin septembre mais celle du numéro de décembre des "Cahiers du cinéma". "Si je me barre, c'est que c'est difficile pour moi de travailler sur l'actualité (...) Ca n'arrive plus à m'intéresser, en fait, ce retour à la vie normale de dessinateur de presse. Beaucoup de gens me poussent à continuer, mais ils oublient que le souci, c'est l'inspiration", avait-il justifié alors. L'actualité récente lui a visiblement rendu l'inspiration pour cette couverture criante de douleur. Sur un fond noir, on y voit une femme au bras arraché, hurlant. Autour, des tables renversées, des objets du quotidien (un sac, une chaussures, des cigarettes) éparpillés à terre, une référence évidente aux attentats qui ont frappé les Xe et XIIe arrondissements de Paris.
Dans son édito, Stéphane Delorme, le rédacteur en chef du magazine explique que la collaboration avec le dessinateur était prévue bien avant les attentats. "Lorsque nous avons préparé ce numéro de fin d'année, il est devenu évident, très tôt, qu'il fallait que Luz soit avec nous. Il nous a proposé un dessin autour de Mad Max : Fury Road dont le cortège et le délire pyrotechnique ont su avaler cette année sale et hystérique. Et puis me vendredi 13 novembre est arrivé comme un écho effrayant du 7 janvier, refermant l'année dans un silence de mort."
Du coup, le film et l'actualité se sont téléscopés dans le crayon de Luz et la femme sur le dessin est en fait Furiosa (jouée par Charlize Theron dans le film). "L'héroïne du film de George Miller, déplacée des sables du désert sur les vieux pavés de la capitale, pleurant de douleur et de rage mais, comme nous l'a dit Luz avec un clin d'oeil, "sans baisser les bras", écrit encore Stéphane Delorme.