L'union sacrée. Comme avant une grande bataille qui va décider du sort de toute une nation, la presse soutient largement aujourd'hui son équipe de France de football. Rappelons que les Bleus affrontent ce soir en match l'équipe d'Ukraine, qui les a sèchement battus (2-0) au match aller à Kiev. Bien que quasi déséspérée, la situation de l'équipe de France n'empêche cependant pas les journaux de faire vibrer à plein la corde patriotique.
"Faites-le", implore ainsi L'Equipe aujourd'hui à sa Une. Sur sa couverture, le quotidien sportif a choisi d'aligner les regards de tous les joueurs de l'équipe, soulignant le moment de vérité représenté par la rencontre. "Le fol espoir matinal qui montera en flèche jusqu'au soir est lié à l'amour et à la culture du foot, bien plus qu'à une quelconque affection pour cette équipe ou à l'analyse rationnelle de la situation", concède malgré tout le quotidien sportif dès son premier article sur le match. Avant d'admettre lucidement un peu plus tard "qu'il est toujours aussi difficile de résister à l'attrait de la possibilité de l'exploit".
A la supplique de L'Equipe répond l'espoir affiché par Aujourd'hui en France. "Un exploit des Bleus, c'est possible", veut ainsi croire le quotidien qui se permet de donner quelques conseils aux Bleus "pour passer". Et la version nationale du Parisien d'énumérer de précédents exploits réalisés dans l'Histoire du football hexagonal pour redonner du courage aux supporteurs. Un angle utilisé également par Le Figaro qui évoque dans son édition du jour "ces rencontres couperets que les Bleus ont su gagner". Vidéos d'archive à l'appui, le journal de Serge Dassault n'hésite ainsi pas à convoquer les anciennes gloires du football français, de Platini à Zinedine Zidane, pour faire renaître l'espoir.
Si le soutien est majoritaire, il n'est cependant pas totalement unanime. Les critiques émises précédemment contre l'équipe de France n'ont ainsi pas totalement disparu des colonnes des journaux. Dans Libération, Grégory Schneider se permet ainsi de tacler l'attitude adoptée par les joueurs après leur humiliante défaite du match aller, notamment celle d'un Franck Ribéry "en campagne électorale pour obtenir le ballon d'or". D'autres n'hésitent pas à dramatiser à outrance la situation. Dans un article intitulé "Equipe de France : le sursaut ou le néant", Cyrille Haddouche du Figaro explique ainsi qu'"un nouvel échec finirait (...) par réduire à l'état de néant l'idée même d'équipe de France".
Ces quelques critiques d'aujourd'hui paraîtront bien faibles au regard de celles qui s'exprimeront immanquablement en cas d'échec des Bleus ce soir. Le soutien exprimé par la presse du jour risque ainsi de vite laisser la place à un lynchage médiatique déjà entr'aperçu après le match aller. A l'image d'un Pascal Praud qui, sur i-TELE, vendredi dernier, avait laissé éclater en direct sa colère à l'issue de la défaite à Kiev. "On a vu des gens qui n'en ont absolument rien à foutre ! Rien à foutre du maillot bleu, rien à foutre de l'équipe de France", s'était notamment écrié le journaliste sportif. Seule solution des Bleus pour échapper au lynchage, montrer un état d'esprit irréprochable sur le terrain ce soir. "Ce n'est qu'un jeu, qu'un sport" croit quand même bon de rappeler ce matin le consultant de RMC, Pascal Peri. Pas si sûr.