Presse
Matthieu Croissandeau ("L'Obs") : "Le journal ne roule pas pour Emmanuel Macron"
Publié le 28 avril 2017 à 14:59
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
Selon l'étude One Global V4, l'hebdomadaire de Xavier Niel est lu par 15,3 millions de personnes sur le print, le mobile, l'ordinateur et la tablette.
Matthieu Croissandeau Matthieu Croissandeau
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"L'Obs" respire ! Hier soir, l'ACPM a révélé sa dernière étude sur l'audience print et numérique des marques de presse. Toujours leader des newsmags sur le print, "L'Obs" affiche au compteur un lectorat de 2,14 millions de personnes, soit une hausse de 95.000 lecteurs par rapport à la vague précédente. De plus, en cumulant les audiences print, sur le mobile, l'ordinateur et la tablette, le journal détenu majoritairement par Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre Bergé compte plus de 15 millions de lecteurs, soit une augmentation de 1,79 millions de Français. Afin de commenter ces chiffres, puremedias.com s'est entretenu avec Matthieu Croissandeau, le directeur de la rédaction de l'Obs.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

puremedias.com : Les derniers résultats de l'étude One 2016 annoncent une augmentation de 95.000 lecteurs sur le print pour "L'Obs". Comment l'interprétez-vous ?
Matthieu Croissandeau :
Tout d'abord, on s'en félicite. On l'explique parce que "L'Obs" est en dynamique positive. Le choix qu'on a fait de bien réinstaller le titre sur son ADN, la politique, la culture et le débat d'idées, a fonctionné. On a des couvertures qui ont des partis pris plus tranchés et plus percutantes. A travers toute l'actualité de l'an dernier, notamment la campagne présidentielle, toute la rédaction s'est fortement mobilisée et ça a permis d'obtenir ce résultat. On est très content parce qu'on recrute de nouveaux lecteurs, notamment chez les moins de 50 ans et chez les femmes. Le travail fourni par toute la rédaction a porté ses fruits.

"C'est un journal de combat"

Vous augmentez notamment sur les supports numériques, avec plus d'un demi-million de lecteurs supplémentaires sur l'ordinateur. Quelle est la position de "L'Obs" sur le numérique ?
Elle a changé. On a ré-ancré le site dans l'actualité, en faisant vraiment le prolongement du print. Il n'y a pas un site d'un côté et un journal de l'autre, mais les deux sont extrêmement cohérents. Toute la rédaction travaille pour les deux supports. C'est vraiment toute la réorganisation de la rédaction qu'on a menée avec Catherine Joly, la directrice générale, qui a fonctionné. On est l'hebdo le plus digitalisé, 80% de notre audience se fait sur le digital. Surtout, on a un ton sur le site. L'enjeu du journal était de se distinguer des grands portails généralistes d'actualités. Notre ambition est d'éclairer les lecteurs, de débattre et de combattre aussi. C'est un journal de combat ! Ce prolongement que l'on peut voir sur le site, qui aujourd'hui fonctionne à plein régime, porte ses fruits.

Selon vous, c'est uniquement l'actualité politique qui a porté ce bilan d'audience ?
Non, il y a d'autres sujets. On le voit avec le succès que peuvent rencontrer les artistes sur le numérique et sur le print. On a cet ADN qui est la politique, la culture et le débat intellectuel. Mais on a aussi une très bonne couverture de l'étranger, de l'économie, des grands enjeux de société. Tous les sujets résonnent. On est porté comme tout le monde par une actualité forte, qui était internationale à la fin de l'année dernière et qui est plus hexagonale en ce début d'année. Les succès que l'on rencontre sur le numérique, mais même en termes de transformation en abonnements, sont sur les débats intellectuels et les grandes interviews de chercheurs et d'écrivains.

"Personne n'y croyait, mais nos informations étaient solides"

Pourquoi avoir choisi de faire autant de Unes consacrées uniquement à Emmanuel Macron ? J'en ai compté sept depuis le mois de mars 2016.
Depuis mars 2016, les Unes sur Emmanuel Macron ont été liées à chaque fois à des infos. On a été le premier journal à annoncer qu'Emmanuel Macron allait se lancer en politique et créer son mouvement. Cela avait fait beaucoup rigoler à l'époque. Personne n'y croyait, mais nos informations étaient solides. C'était un coup ! On a été aussi le premier journal dans lequel Emmanuel Macron a dévoilé son programme dans un grand entretien qu'on a publié à l'automne dernier. Après, Emmanuel Macron est un OVNI dans le paysage politique français. Il déclenche une curiosité chez les Français et chez nos lecteurs. On a répondu à cette curiosité. Le personnage n'était pas connu. Ses idées n'étaient pas connues. La façon dont il gouvernerait n'était pas connue. On a donc exploré ce phénomène, en décryptant tous les aspects, que ce soit son rapport à l'argent, à la politique, au gouvernement, aux socialistes, à la droite... Toutes les facettes du personnage, parce qu'il est forcé de reconnaître que c'est l'événement politique de l'année, il est arrivé en tête au premier tour.

Que répondez-vous aux commentateurs et personnalités politiques qui sous-entendent que le journal roule pour Emmanuel Macron ?
Le journal ne roule pas pour Emmanuel Macron. La rédaction de "L'Obs" est plurielle, les avis sont divers. On a réalisé un grand entretien avec Jean-Luc Mélenchon durant la campagne. On en avait même fait la couverture, comme on l'avait fait avec Benoît Hamon, avec Arnaud Montebourg, avec Manuel Valls. Tous les acteurs politiques de la gauche se sont exprimés largement dans nos colonnes. Puis, on a consacré aussi des couvertures à Marine Le Pen et à François Fillon. On a une couverture de la campagne qui a été très large. Avant le premier tour, on s'est interrogé sur la meilleure option possible pour faire barrage au Front national.

"'L'Obs' s'est toujours battu contre le Front national et n'entend pas changer d'avis"

Personnellement, vous avez décidé de prendre parti sous la forme d'un édito...
Je l'ai fait en tant que directeur de la rédaction. Dans l'édito, j'ai précisé que ça n'engageait pas tous les journalistes de "L'Obs". Toute ma réflexion était basée sur la meilleure garantie possible pour faire barrage au Front national. Ce n'était pas un édito béat pour le personnage d'Emmanuel Macron et pour son programme. D'ailleurs, dans cet entre-deux-tours, d'autres journaux sont sur la même ligne pour faire barrage au Front national.

Mais est-ce que ça ne donne pas justement des arguments à ceux qui déclarent qu'Emmanuel Macron est le chouchou des médias ?
Je ne pense pas qu'Emmanuel Macron soit le chouchou des médias. Il est la personnalité politique qui est nouvelle, donc c'est normal qu'il y ait une curiosité sur ce personnage. Ensuite, "L'Obs" est un hebdomadaire d'opinions, engagé, qui a une histoire et une tradition. Il s'est souvent engagé avant le premier tour pour un candidat. On est dans un contexte extrêmement particulier, avec une extrême-droite au second tour. On l'avait deviné avant les résultats du premier tour, par les sondages d'opinion et les reportages qu'on avait menés. Dans ces circonstances particulières, je pense qu'il n'est pas dangereux de faire un édito. Au contraire, c'est salutaire, parce que "L'Obs" s'est toujours battu contre le Front national depuis sa création. Il n'entend pas changer d'avis sur le sujet.

"Ce plan de départs volontaires est désormais derrière nous"

Il y a quelques mois, des journalistes de "L'Obs" ont protesté contre un plan de départs volontaires, à la suite d'un plan d'économies. Où en est la situation avec la rédaction ?
Comme tous les hebdos, on est obligés d'adapter notre modèle économique. C'est un travail qu'on a engagé avec la directrice générale, Catherine Joly. On a fait un plan de départs volontaires, c'est-à-dire que personne n'a été licencié et mis dehors. Les gens sont partis sur la base du volontariat, après un accord qui a été négocié avec les syndicats et les partenaires sociaux du journal. Ce plan est désormais derrière nous. Un certain nombre de journalistes a quitté la rédaction. Aujourd'hui, "L'Obs" a adapté son modèle économique du point de vue de la masse salariale, mais on a aussi adapté notre modèle économique sur tous les autres coûts. Cela devrait nous permettre de revenir à l'équilibre cette année, parce que nos budgets prévoient de revenir à l'équilibre.

Quels sont les prochains chantiers pour "L'Obs" ?
L'énorme chantier pour les années qui viennent, c'est le développement des abonnés numériques. On a aujourd'hui une grosse audience sur le numérique. Il faut qu'on arrive à convertir et monétiser cette audience en abonnements numériques. On ne peut pas se limiter à être un décalque du print que l'on vendrait sur le site, mais vraiment d'avoir des contenus originaux et une offre qui tienne la route.

Vous pourriez vous lancer sur Snapchat, comme l'on fait d'autres médias pour aborder un nouveau public ?
Pour l'instant, on regarde comment ça se passe. Notre enjeu principal est la conversion de l'audience en abonnements numériques. Snapchat ne s'inscrit pas forcément dans cette logique. Mais nous regardons évidemment tout ce qui se fait sur le numérique, toutes les façons de toucher de nouveaux lecteurs et toutes les façons dont on peut vendre à notre lectorat.

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