A la fin, il n'en reste qu'une. Avec sept voix contre six pour Cindy, Maud, l'aventurière belge, a été choisie par les 13 membres du conseil final comme la gagnante de "Koh-Lanta : La guerre des chefs", dont la finale a été diffusée en direct vendredi soir sur TF1 sous l'égide de Denis Brogniart. Cette finale avait un parfum d'inédit : non seulement un duel entre femmes dans la dernière ligne droite ne s'était jamais vu depuis 15 ans dans l'émission, mais surtout, Maud est la première femme de 50 ans à triompher d'une édition de "Koh-Lanta".
Après s'être inscrite sans succès il y a sept ans, ce sont cette fois ses enfants qui ont adressé son dossier de candidature à la production. Au bout de 39 jours de survie, elle a donc décroché la somme de 100.000 euros. De quoi réaliser ses rêves. puremedias.com a recueilli ses impressions deux jours après sa grande victoire.
Propos recueillis par Christophe GazzanoEn étant la première quinquagénaire à remporter une édition de "Koh-Lanta", êtes-vous consciente d'être un symbole ?
Je ne pense pas du tout être un symbole. A 50 ans, c'est la vie qui commence : si on a eu des enfants, les enfants sont grands donc on a une nouvelle autonomie. Même quand on a 60 ans ou 80 ans, je pense qu'on a toute la vie devant soi, qu'il faut en profiter et la croquer à pleines dents.
Ce sont vos enfants qui vous inscrite à l'aventure. Après avoir été recalée une première fois, aviez-vous perdu l'espoir de participer un jour à "Koh-Lanta" ?
Pas perdu espoir, mais comme je n'avais pas de réponse, je m'étais dit, bon, je ne le fais plus. Mais je dois avouer que ça faisait quelque temps que je me disais que j'avais envie de le faire. Je suis plutôt pour le côté aventurière que pour le côté télévision et télé-réalité. Donc c'est une super excuse pour moi que de dire : "Koh-Lanta ? Ce n'est pas moi qui me suis inscrite, ce sont mes enfants !". Vous imaginez pour l'image (rires) ? La seule chose que mes enfants voulaient, c'est que j'aille le plus loin possible, donc c'est tout le contraire des autres qui avaient un sentiment de culpabilité d'avoir laissé leurs proches. Moi, c'est ma famille qui m'envoie et qui dit en plus : "bon débarras", donc ça me va !
"Avec Cindy, c'était le yin et le yang"
Que pensez-vous de Cindy, votre adversaire en finale ?
C'était génial : le yin et le yang. On est tout à fait à l'opposé. Moi je me sentais bien dans cette nature sauvage, elle, elle était en train de se surpasser pour pouvoir y être ; elle était jeune et belle, j'étais moins bien coiffée et déguenillée (rires) ! Elle a un sens de la dérision absolument incroyable et moi je suis peut-être un peu plus sérieuse donc c'était absolument génial de voir comme on était complètement à l'opposé et de voir qu'être en deux en finale, ça faisait un tout qui pouvait tendre vers quelque chose de plus complet.
La particularité de cette saison est qu'elle a débuté directement par les poteaux. Cela a-t-il été un bon entraînement pour vous en vue de l'ultime épreuve à trois ?
Ca a été un entraînement horrible pour moi car, comme vous le voyez dans l'ultime épreuve, je détache mon taquet un peu trop tôt. Et il faut savoir que dans l'épreuve avec les 21 candidats, mon taquet à gauche avait coincé. J'avais dû me battre pour pouvoir l'enlever et donc j'avais ce souvenir de taquet qui déconne. J'ai voulu vérifier s'il coinçait cette fois, j'ai bougé de deux-trois centimètres mes doigts et ça s'est décoincé beaucoup plus vite que prévu. C'est de ma faute, j'assume complètement.
Si vous aviez remporté l'épreuve des poteaux vendredi soir, qui de Steeve ou de Cindy auriez-vous choisi pour vous accompagner en finale ?
Je pense que j'aurais fait comme Cindy, j'aurais pris l'avant-dernière personne à tomber. Mais depuis le début, je ne pense jamais au futur, je pense au présent. Je ne pensais qu'à rester sur les poteaux. Je n'ai pas eu ce choix à faire donc je n'ai pas eu le temps d'être stratège et d'y penser. Une chose est sûre : c'est que si Cyril avait participé à l'épreuve avec moi, je l'aurais choisi.
"Merci Clo d'avoir donné tant de tension"
L'épreuve de l'orientation a été compliquée pour vous avec notamment Clo qui vous collait dans l'espoir de trouver le fameux poignard avant vous. Comment avez-vous vécu ce moment ?
J'ai fait du scoutisme et donc faire un azimut (se diriger avec une boussole, ndlr) n'est pas très difficile pour moi mais, malheur à moi, au moment où je fais mon azimut, je vois Clo. Donc je ne peux pas le faire normalement. Je sais où sont mes repères, je fais des zigzags pour qu'elle ne voit pas que j'ai trouvé la balise. C'est pour cela que je perds beaucoup de temps. Et comme j'essaye de dissimuler les fameux 28 pas, je calcule mal ma longueur, je suis trop en avant. Au moment où je vois Aurélien qui y va franco, ma chance est que j'avais pris plusieurs repères donc je savais exactement où me menait l'azimut. Merci donc à Aurélien d'avoir été le bon mètre-étalon et merci Clo d'avoir donné tant de tension. Je la comprends. Elle a trouvé un moyen de faire un azimut sans azimut. Si je n'avais pas gagné, je n'aurais pas dit merci Clo mais là, je peux être très sportive en remerciant les deux. J'ai vraiment eu un bon Dieu et une justice au-dessus de moi qui a fait que finalement, c'est moi qui ait gagné.
Comment s'est passée pour vous l'après-victoire vendredi soir ?
J'ai traversé le plateau pour prendre mes proches dans mes bras. Malheureusement, j'ai dû m'absenter tout de suite après pour répondre aux interviews. Mais on ne va pas se plaindre, on a de la chance de gagner donc c'est normal de prendre le temps de répondre aux interviews en direct. J'attends avec impatience de pouvoir continuer à fêter ça avec mes amis qui ont prévu plein de surprises pour moi dans les jours et les semaines à venir, donc c'est chouette, la fête continue.
"Cyril est mon frère d'aventure"
Avez-vous passé tout le week-end à Paris ?
Non. Je suis rentrée le samedi soir parce que le lendemain, je participais à la "Sand Race", l'équivalent du "Mud Day", dans une sablière en Belgique. C'était l'occasion de faire la fête avec tous les Belges qui étaient là et des anciens de "Koh-Lanta" : Javier, Gabriel, Amel, Sébastien, Alexandre, Cédric, Sandro...
Vous étiez très proche de Cyril.
C'est mon frère d'aventure.
Qu'appréciez-vous chez lui ?
C'est une magnifique personne, tellement positive, bien dans ce qu'elle est, tellement attentive aux autres, tellement joueuse. On était hyper complémentaires parce qu'il était décalé, il déconnait, il apportait de l'oxygène dans le camp. Moi j'étais peut-être un peu plus sérieuse. A deux, c'était géant. En plus c'est un stratège hors pair. Evidemment que c'était une stratégie de l'avoir avec moi, parce qu'on est complémentaires. Qu'est-ce-que l'aventure est belle à deux !
"Maxime était peut-être plus maladroit dans le côté social"
Dans la dernière ligne droite, tous les aventuriers se sont ligués contre Maxime, jugé dangereux car très fort dans les épreuves. Avec le recul, ne jugez-vous pas cette attitude anti-sportive ?
Les gens qui trouvent que c'est anti-sportif ne connaissent pas "Koh-Lanta". Pour moi, "Koh-Lanta" c'est : 25% d'aventuriers, ça Maxime l'avait ; 25% de champions de sport, c'est vrai aussi pour Maxime ; 25% de stratégie, Maxime n'était pas un très bon stratège et enfin, "Koh-Lanta" c'est 25% de qualités humaines et là il a promis des choses qu'il n'a pas su tenir malgré lui, parce qu'on ne peut pas être à 100% partout.
Quand vous faites l'addition du tout, peut-être qu'il y en a qui peuvent prétendre à être aussi bons que lui, d'une autre façon. Maxime était peut-être plus maladroit dans le côté social. Ca a été peut-être dur pour lui d'avoir été d'abord un chef et de redevenir un lambda au moment de la réunification. Je ne dis pas qu'on lui a volé sa victoire, je dis qu'il avait des excellentes qualités, qu'il devrait revenir dans un "Koh-Lanta des héros" parce que, avec tout ce qu'il a appris ici, il va devenir vachement dangereux. Il l'était peut-être déjà mais il le sera encore plus parce que ce n'est pas quelqu'un de bête et qu'il sait s'adapter. Je lui souhaite de faire cette aventure-là.
Vous vous êtes blessée lors d'une épreuve de confort au cours de l'aventure. Comment allez-vous aujourd'hui ?
Se casser une côte, ça ne peut rendre la victoire que plus belle. Je suis parfaitement rétablie. C'est l'aventure qui compte donc tant qu'on tient le coup, on mord sur sa chique et on continue. C'était une épreuve avec des taquets, où il fallait enlever des morceaux de bois et rester sur un mur. Je n'ai pas été très douée pour garder l'équilibre et donc j'ai glissé et je me suis pris le taquet dans la côte. C'était pourtant mon épreuve préférée : si je devais refaire une épreuve, je choisirais celle-là, mais avec d'autres chaussures, ça je vous le garantis (rires).
"Mon prochain objectif ? Le plus haut sommet d'Europe"
Où en est votre projet de gravir les plus hauts sommets de chaque continent, le fameux "7 Summits", grâce à vos 100.000 euros ?
C'est un rêve, mais je l'ai déjà commencé. Je n'ai pas attendu "Koh-Lanta" pour le faire. J'ai gravi le Kilimandjaro, l'Aconcagua, à 6.960 mètres donc maintenant j'aimerais aller au-dessus des 6.000 mètres mais il va d'abord falloir que je regagne du muscle parce que j'en ai beaucoup perdu. Mon prochain objectif, ce sera l'Elbrouz. C'est le plus haut sommet d'Europe, désolé pour les Français, moi aussi je pensais que c'était le Mont-Blanc (rires) ! Mais j'ai déjà fait le Mont-Blanc, j'ai pris beaucoup de plaisir. Merci au Mont-Blanc, merci au Français Bernard Muller, qui est un champion chez vous de l'alpinisme, c'est lui qui m'a donné l'envie avec sa femme de faire les "7 Summits". J'ai beaucoup de respect pour cet homme que j'ai eu la chance de rencontrer.
Le drapeau "Koh-Lanta" est prêt à être planté au sommet de l'Everest ?
J'en rêve ! Il sera prêt le jour où je serai prête. Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. Avec l'argent, ça va m'aider, même si je vais pas tout gaspiller pour un sommet. Ce serait un manque de respect par rapport à l'argent. Je ne gagne pas ma vie si facilement, il me faudrait trois ou quatre ans de travail pour gagner cette somme. J'ai toujours appris à mes enfants à ne pas être fous, donc je ne ferai pas la folle. Qui paye ses dettes s'enrichit, donc d'abord je vais payer mes dettes mais c'est évident que cela va être un accélérateur puisqu'un jour je serai prête, physiquement et mentalement et j'espère que l'Everest sera plus respecté qu'il ne l'est pour le moment. Quand toutes ces conditions seront réunies, j'aurai mon drapeau avec le prénom de chacun de mes 20 copains. J'espère du fond du coeur y arriver.
"Ce ne serait sans doute pas moi qui gagnerait si on devait refaire 'Koh-Lanta'"
Avez-vous d'autres projets ?
Pour l'instant, je profite du moment présent. J'aimerais refaire un "Koh-Lanta" avec les 20 aventuriers et montrer que ce ne serait sans doute pas moi qui gagnerait si on devait le refaire. Je pense qu'on a tous appris et que maintenant, ça se terminerait autrement. Ca pourrait être super intéressant (rires).