"Il ne faudra pas s'étonner du retour du piratage"... À chaque fois que les plateformes de streaming vidéo comme Netflix ou Disney+ ont annoncé une hausse de leurs tarifs, les réactions ont été les mêmes. Mais existe-t-il vraiment une corrélation entre prix et piratage ? Oui, selon le dernier rapport de l'Arcom sur la consommation des biens culturels dématérialisés. "Le prix d'un abonnement ou d'un contenu demeure le premier frein à la consommation légale", pointe le gendarme de l'audiovisuel et du numérique.
Le baromètre paru le 16 décembre détaille que plus de la moitié (53%) des consommateurs illicites de films, séries, musique, etc, déclare le faire en raison de prix trop élevés. Un motif de plus en plus fréquemment cité. En 2021, ils n'étaient que 48%, soit 10% d'augmentation sur un an. Dans le détail, 35% des sondés jugent qu'avoir plusieurs abonnements coûte trop cher et 34% jugent qu'un seul, c'est déjà trop. Une préoccupation qui peut faire écho à la diminution du pouvoir d'achat sous l'effet de l'inflation gonflée de l'année 2022.
A LIRE AUSSI : "SVOD : Après Prime Video et Netflix, Apple TV+ augmente sensiblement ses prix"
En France, la personne qui paye au moins un service doit débourser en moyenne 32€ par mois. Une addition salée que les consommateurs ne semblent pas vouloir dépasser, le chiffre n'évoluant que de manière minime. Lorsque les prix augmentent ou que l'offre se morcelle, le consommateur doit donc faire des choix. Au total, 42% des pirates jugent que l'offre légale n'est pas adaptée, nécessitant notamment trop d'abonnements différents.
"Le consommateur fait des arbitrages pour des raisons de portefeuille, mais aussi pour des raisons de temps", décrypte Roch-Olivier Maistre, le président de l'Arcom. L'abonné peut faire le choix de résilier sa souscription s'il estime ne pas avoir assez de temps à y consacrer, et donc, ne pas la rentabiliser.
Face à ce constat, le régulateur voit d'un bon oeil le développement de l'AVOD par Netflix et Disney +. Ces offres avec publicité pour un prix réduit devraient permettre de contrer les éventuels effets délétères de l'augmentation des tarifs. Malgré tout, les plateformes savent qu'elles ne peuvent pas augmenter indéfiniment le coût de leurs offres "premiums". "Les plateformes savent qu'augmenter encore leurs tarifs pourrait être dommageable", analyse Laurence Pécaut-Rivolier, membre du collège de l'autorité.
L'Arcom reconnaît volontiers que c'est - entre autres - l'arrivée d'options légales qui a permis de faire fondre le taux de piratage. Le baromètre note que 24% des répondants seulement pratiquent le piratage de manière plus ou moins régulière (-3 points). Le portrait-robot du contrevenant ? Un jeune homme issu d'une catégorie socioprofessionnelle supérieure et résidant en Ile-de-France. "Pas forcément celui qui a le plus de problème d'argent, donc" persifle un membre de l'autorité...