Netflix perd l'un des joyaux de sa couronne. Cette semaine, NBCUniversal, filiale de Comcast, a annoncé qu'il reprenait, dès 2021, les droits de la série "The Office", pour une durée de 5 ans. La série, diffusée en linéaire entre 2005 et 2013 sur NBC, est aujourd'hui au catalogue de Netflix aux États-Unis (en France, la série est proposée sur Amazon Prime). Selon le "Wall Street Journal", NBCUniversal va débourser 500 millions de dollars (100 millions par année) pour récupérer "The Office", série pourtant sortie de ses propres studios. Dans deux ans, elle deviendra le produit appel de la plateforme de streaming que prépare NBCUniversal.
"Nous sommes tristes que NBC ait décidé de retirer 'The Office' pour le mettre sur sa propre plate-forme. Mais nos abonnés peuvent encore 'bingewatcher' la série, sans publicité, jusqu'en janvier 2021" a commenté Netflix sur son compte Twitter. Même si elle s'y préparait, c'est un coup dur pour Netflix, qui était prêt à payer le prix fort pour conserver les droits de la série dans son giron. Il faut dire que "The Office" est un actif précieux pour le géant au logo rouge. En avril dernier, les chiffres de Nielsen, l'institut qui mesure les audiences aux États-Unis, montraient que "The Office" était le contenu le plus consommé sur Netflix au pays de l'Oncle Sam. Selon la société Jumpshot, à elle-seule, elle totaliserait 7% de l'audience totale de la plateforme aux États-Unis.
Ce n'est donc rien de moins qu'à sa série la plus regardée aux États-Unis que Netflix s'apprête à dire au revoir. Et la perte de "The Office" n'est peut-être que la première d'une longue liste. La bataille pour les droits de diffusion des séries cultes est devenu un gros enjeu industriel aux États-Unis, où le secteur de la SVOD se dilate. Outre NBCUniversal, Disney, Apple et Warner préparent aussi leur propre plateforme. Si Apple n'a pas de contenus propres et n'aura donc aucune influence sur le catalogue de Netflix, l'arrivée sur le marché de Disney et Warner génère une bataille de contenus.
Entre Disney et Netflix, l'affaire est déjà réglée. La première va rapatrier tous ses contenus sur sa plateforme Disney+. Elle a aussi pris soin de faire annuler toutes les séries de sa filiale Marvel qui étaient proposées sur Netflix. Warner, elle, se verrait bien récupérer les droits de "Friends" ou encore de "The Big Bang Theory", deux actifs auxquels Netflix est très attaché. L'an dernier, la plateforme de Reed Hastings a déboursé rien de moins que 100 millions de dollars pour prolonger d'un an le contrat d'exclusivité des droits de "Friends". Ce contrat devrait d'ailleurs toucher à sa fin cette année, ce qui priverait à nouveau Netflix d'une de ses séries les plus populaires.
Si les choses tendent aujourd'hui à s'accélérer, Netflix avait anticipé cette situation de longue date en investissant massivement dans la production de ses propres contenus. En 2018, la plateforme a dépensé pas moins de 8 milliards de dollars à cet effet. En 2019, cet effort d'investissement devrait être encore plus soutenu, de l'ordre de 15 milliards de dollars selon certains analystes cités par la presse américaine. Pour palier à la défection des séries phare de son catalogue et constituer ses propres titres cultes, la plateforme a cassé sa tirelire pour s'offrir l'exclusivité des services de deux des créateurs de séries les plus puissants de la télé américaine : Shonda Rhimes ("Grey's Anatomy", "Scandal"), dont les équipes planchent sur huit projets pour Netflix, et Ryan Murphy ("Glee", "Amarican Horror Story").