Un Nicolas Sarkozy ne vaut pas un Jacques Cheminade ou un Philippe Poutou. C'est ce qu'a voulu dire en substance le Chef de l'Etat ce jeudi, pour dénoncer la règle de l'égalité du temps de parole inscrite dans la loi et mise en oeuvre par le CSA. "La conception extraordinaire de l'égalité à la Française, c'est neuf contre un" a-t-il martelé lors d'un meeting à Saint-Maurice, rapporte notre confrère Arnaud Leparmentier du Monde.
Lui contre tous, les petits candidats. Traité comme chaque prétendant à l'Elysée. Car depuis le 9 avril, radios et télés appliquent la stricte égalité du temps de parole, quelle que soit la représentation du candidat dans l'opinion ou les sondages. Inévitablement, les propositions de Nicolas Sarkozy et François Hollande sont devenues moins audibles. Elles n'impriment pas autant dans l'opinion qu'avant cette date. On assiste ainsi à des situations ubuesques sur les chaînes d'infos qui diffusent en intégralité les meetings des petits candidats. Mercredi soir à 20h par exemple, pour rééquilibrer le temps de parole, Eva Joly et Nathalie Arthaud squattaient i-Télé et BFM TV. A cette heure précieuse de grande écoute, la parole des principaux candidats passe à la trappe.
"Je passe dans des émissions à des heures extraordinaires entre deux personnes que je ne connais pas qui viennent tous les cinq ans comme une sorte de Festival de Cannes qui s'arrête et qui ne recommencera pas (...) Quels sont ces personnages à qui on donne des temps de parole extraordinaires, qu'on n'a pas vu avant, qu'on ne verra pas après ? Quelle curieuse façon d'exprimer la démocratie !" a lancé le candidat UMP.
Une question demeure, pourquoi n'a-t-il pas au cours de son mandat modifié cette loi, très critiquée par les médias eux-mêmes ? Autre défiance à l'égard de la législation électotale ce matin sur Europe 1, quand Nicolas Sarkozy a expliqué qu'il n'était pas choqué par la possibilité que les estimations de résultats soient publiées dimanche avant 20h, alors que la loi française l'interdit.
Autre charge, en direction de Radio France, et plus précisément de France Inter où il était invité cette semaine. Il a dénoncé l'attitude de certains auditeurs dans "Interactiv', où l'un d'eux l'avait sommé de "dégager". "Le peuple de France, il n'aime pas l'injure, il est courtois" a-t-il lancé. La matinale d'Inter, la plus écoutée de France, penche à gauche. Nicolas Sarkozy le sait. "J'ai l'impression d'aller chez le dentiste, et sans anesthésie" avait-il commenté lors de sa dernière venue.