Le décompte du temps de parole pour la campagne présidentielle n'en finit pas de susciter la polémique. Neuf grands médias (RTL, France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, Europe 1, RMC, BFM Business et BFMTV) ont adressé un courrier au Conseil constitutionnel pour demander un assouplissement des règles de l'équité parfaite, prévue pour entrer en vigueur le 20 mars.
C'est à partir de cette date, jour où la liste des candidats à l'élection présidentielle est publiée au Journal Officiel que chaînes et radios doivent respecter un temps strictement égal entre chaque candidat. Si François Hollande obtient 10 minutes au 20 heures de France 2, le plus petit des candidats devra obtenir par compensation le même temps, pas forcément sur le même créneau horaire.
A partir du 9 avril, tout se complique. L'égalité du temps de parole et du temps d'antenne doit être respectée scrupuleusement. Chaque candidat devra alors s'exprimer dans des conditions comparables d'horaires et d'audiences. Pas question de "compenser" un petit candidat avec un reportage dans le journal de la nuit par exemple. C'est pour cette raison qu'au mois d'avril, "Des paroles et des actes " s'interrompt sur France 2. "On ne peut pas faire une émission avec 14 candidats, c'est impossible" nous expliquait récemment Thierry Thuillier, directeur de l'information à France Télévisions.
"Dans la pratique, l'égalité arithmétique, à la minute près, est quasiment impossible à respect au quotidien compte tenu du nombre de candidats" écrivent-ils. Menaçant de "déprogrammer purement et simplement certaines émissions politiques durant la période concernée". Les neufs médias signataires du courrier demandent alors que la stricte égalité des temps de parole se limite à la dernière période qui débute le 9 avril, soit quinze jours avant le premier tour. Ils demandent à pouvoir, d'ici là, équilibrer le temps de parole des candidats en fonction de leur représentation dans l'opinion et les sondages comme ils le font actuellement.
Le CSA, chargé de décompter le temps de parole, avait déjà sensibilité le Conseil Constitutionnel sur ce point. Car la gronde des grands médias monte un peu plus chaque jour. Récemment, Arlette Chabot, patronne de la rédaction d 'Europe 1 dénonçait une "règlementation antidémocratique". Elle a ainsi décidé, pour se faciliter la tâche, de supprimer les invités politiques de certaines émissions, déclenchant le départ surprise de Dominique Souchier. Claude Sérillon, proche de François Hollande, avait lui aussi dénoncé dans une tribune "le mensonge du temps d'antenne".