A chaque présidentielle, le CSA comptabilise le temps de parole des candidats, pour veiller à une parfaire équité entre eux. Un casse-tête pour les chaînes de télévisions et émissions, obligées d'équilibrer sans cesse le temps entre tous, de François Hollande à... Dominique de Villepin. Claude Sérillon, journaliste et proche du candidat PS dénonce dans Libération "des comptes d'apothicaires modernes" pour "mettre sous tutelle la presse audiovisuelle."
Cette vieille tradition de la télévision française n'est plus adaptée selon lui, il en appelle à une modification de cette règle. "La télévision, comme la radio, ne fait pas une élection. Il serait bien temps de le comprendre. Car les premiers mois de l'année 2012 vont être sur ces supports médias l'enjeu imbécile d'un contrôle mathématique des temps accordés à chaque parti en lice, à chaque candidat à la présidentielle. Et si on arrêtait ça ? Et si on faisait le pari de l'intelligence et de la confiance ? Je sais qu'en formulant cette question, puis en développant l'argument, certains vont se gausser sur mon utopie ou ma naïveté. Eh bien chiche !" lance-t-il.
Claude Sérillon propose de redonner cette responsabilité aux journalistes "mis sous surveillance" avec cette disposition. "Ce système revient à nier toute liberté d'enquête ou de jugement, tout choix, toute subjectivité. C'est un mensonge. Selon que l'on diffuse à une heure ou à une autre les conséquences ne sont pas les mêmes. Selon l'ordre de diffusion, en début ou fin de journal, l'impact n'est pas le même. Et que dire du ton employé, de la qualité des images et du son, du montage ! (...) En acceptant comme règle cette égalité de minutes, nous acceptons l'idée que l'objectivité existe. Ce qui est une supercherie" écrit-il. Claude Sérillon souhaite "que cette obligation d'égalité de temps d'antenne se transforme en une obligation éthique." Avec pour seul juge non pas le CSA mais le public, auditeurs et téléspectateurs.