Interview
Olivier Ménard ("L'Equipe du soir") : "Pourquoi pas recevoir le président Hollande"
Publié le 6 juin 2018 à 15:30
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie, le présentateur de L'Equipe s'est confié auprès de puremedias.com.
Olivier Ménard, présentateur de "L'Equipe du soir". Olivier Ménard, présentateur de "L'Equipe du soir".© L'Equipe
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puremedias.com au rythme de Moscou. A l'occasion de la Coupe du monde de football en Russie du 14 juin au 15 juillet, les personnalités de l'univers du ballon rond se confient pendant un mois pour parler du mythique tournoi de football et de leurs actualités à la télévision ou à la radio. Ainsi, Olivier Ménard, présentateur de "L'Equipe du soir" depuis 10 ans sur la chaîne L'Equipe, a répondu à notre sollicitation.

Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 22 mai.

Partie Coupe du monde

puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde ?
Olivier Ménard : C'est Knysna en 2010, cet enchaînement avec la révélation de "L'Equipe", "Va te faire enculer, sale fils de pute". Après cette Une, on bascule dans une autre dimension. Lors des conférences de presse, on joue au jeu du chat et de la souris avec Raymond Domenech. C'était frustrant parce qu'il ne répondait pas aux questions. Le 19 juin 2010, tout bascule, il y a la conférence de presse où Patrice Evra coupe la parole du président de la FFF Jean-Pierre Escalettes. Le lendemain, Ribéry débarque en claquettes sur le plateau de "Téléfoot". Après, il y a la fameuse grève. Jean-Louis Valentin, le directeur général de la fédération, monte tel le mont des oliviers pour démissionner. Ensuite, c'est le jet de chrono, la lettre de Raymond, les mutins qui ne descendent pas du bus. On était dans un tel niveau de télé-réalité. C'est mon plus fort souvenir.

"Une Coupe du monde sans équipe de France, c'est un truc horrible" Olivier Ménard

Quel est le plus mauvais souvenir ?
Les Coupes du monde où il n'y avait pas l'équipe de France. J'ai commencé à regarder les Coupes du monde en 82 et 86. Les Français étaient allés en demi-finale. On arrive en 90 et en 94 avec des Coupes du monde sans l'équipe de France. J'avoue franchement qu'il manquait une saveur à ces compétitions. Une Coupe du monde sans équipe de France, c'est un truc horrible.

Quel joueur a marqué ce début de siècle ?
Si on se focalise sur la Coupe du monde, c'est Zidane. Pour l'Allemagne et l'Espagne, ce sont des triomphes d'équipe, d'un collectif. S'il y a un joueur à sortir, c'est Zidane. En 2006, ce qu'il fait, c'est prodigieux. Je n'ai pas de souvenirs depuis 98 d'un joueur aussi dominant. Peut-être Ronaldo en 2002. Mais ma perception de la Coupe du monde est liée affectivement au parcours de Bleus.

Qui sera la surprise pour cette Coupe du monde en Russie ?
Je ne sais pas s'il y aura des surprises. Je vois trois équipes vraiment au-dessus, l'Espagne, l'Allemagne et le Brésil. Ce n'est pas très original. Ces trois équipes seront maîtresses de leur football. Le joueur au-dessus peut être Neymar.

Les Bleus peuvent-ils aller jusqu'au bout ?
Rationnellement, non. Elle est trop faible quand elle n'a pas le ballon. Quand ils n'ont pas le ballon, ce n'est pas une équipe qui défend bien. Individuellement, leurs qualités de défenseur en un contre un n'est pas aussi forte que lorsqu'ils ont le ballon. Ca peut éventuellement se débloquer, ça peut basculer sur un match. Mais gagner la Coupe du monde ? C'est énorme. Donc, pour moi, non, ils ne peuvent pas la gagner.

Partie Médias
"C'est facile de traiter une Coupe du monde. Il n'y a pas besoin de beaucoup se gratter la tête pour trouver des sujets" Olivier Ménard

Comment abordez-vous cette Coupe du monde sur la chaîne L'Equipe ?
C'est toujours un peu la même chose. On privilégie les Bleus et leurs actus. On s'intéressera aussi aux valeurs montantes et aux confirmations. On va analyser les petites surprises, notamment au premier tour. Je suis assez surpris lors des débuts de Coupe du monde des prises de risques des petites nations. Il y a souvent ensuite un écrémage avec les meilleures sélections. Le traitement sera assez classique. Je vais me mettre à la place des gens qui nous regardent. C'est facile de traiter une Coupe du monde. Il n'y a pas besoin de beaucoup se gratter la tête pour trouver des sujets. On est vraiment dans la compétition.

Dans ce dispositif, l'émission "L'Equipe du soir" sera diffusée après chaque match de l'équipe de France. Pourquoi le format ne reste-t-il pas dans sa case de deuxième partie de soirée ?
C'est un choix des patrons. Ils se disent que "L'Equipe du soir" est un programme qui marque la chaîne. On a l'habitude des débriefs. Les patrons se sont dit qu'ils mettaient leur atout. C'est l'émission la plus remarquée de la chaîne.

Qui retrouvera-t-on dans l'émission ?
Il y aura Johan Micoud, Olivier Rouyer, Carine Galli et aussi Sébastien Tarrago. Il y a Paul Le Guen qui va faire son retour. Je suis très content car j'aime bien la manière dont il débat. Il interpelle parfois les chroniqueurs en demandant de justifier leurs prises de position, de manière assez calme, méthodique et déstabilisante. J'aime bien ce qu'il apporte, ce qu'on n'a pas toujours comme profil ou comme sensibilité. C'est quelqu'un qui va nous ouvrir la porte sur le métier de coach dans une compétition. J'avais déjà appris de sa lecture lors de l'Euro 2016.

"On est 'L'Equipe' donc on va parler de sport. On ne peut pas faire autre chose" Olivier Ménard

Quel bilan tirez-vous de cette 10e saison à la tête de "L'Equipe du soir" ?
Très bien, ça continue. Ca progresse tout le temps. C'est parfait. J'ai toujours du plaisir à la faire. J'ai toujours du plaisir à me retrouver le soir avec les différents chroniqueurs. A la rentrée, on va déménager. On va quitter nos locaux pour aller de l'autre côté de Boulogne. On aura de nouveaux décors et de nouvelles choses. C'est la suite.

Le format de l'émission pourrait évoluer à la rentrée ?
Non. Le format n'évolue pas. C'est toujours un journal débattu. J'ai dû mal à me mettre dans la tête des gens. Je pars de moi, de mes chroniqueurs, de ce que je contrôle. Je me dis que quelqu'un qui aime le sport, on va lui proposer des thèmes populaires, en essayant d'être le plus pointu possible. Je me dis que le gars qui aime le sport va venir nous voir, car ça peut l'intéresser. Après sur le format, il y aura toujours des ajustements que j'ai en tête.

Cette saison, "L'Equipe du soir" a battu son record historique lors du débrief du match PSG/Real Madrid. L'émission a été regardée par 530.000 personnes en moyenne. Comment l'expliquez-vous ?
C'est difficile d'expliquer un succès. Je ponds une émission que j'aurais aimé regarder. Mais on ne contrôle pas les choses. Il y a tellement d'émissions qui naissent et qui ne rencontrent pas forcément leur public. Je pense qu'on a une bonne programmation car on arrive après le match. On s'adresse à des gens qui ont encore envie de revivre le match à travers nos commentaires. Le succès de l'émission est lié à la programmation. Il y a aussi la personnalité des chroniqueurs. Mais ça peut progresser aussi ! On n'est pas encore arrivé.

Ce qui peut paraître contradictoire, c'est qu'il y a de plus en plus d'émissions de débrief d'après-match. Est-ce qu'il n'y en a pas trop ?
Je ne sais pas. Je ne regarde pas les autres. J'ai deux heures et demi d'antenne par jour. Dans le genre du débrief, quand c'est populaire, les chaînes mettent ça à l'antenne. Dans les années 90, il y avait des shows, des variétés tous les soirs. Après, il y a eu les télé-réalités. Je ne sais pas si les débriefs font le paysage audiovisuel français. Je pense qu'on ne fait pas ça par opportunisme. On est L'Equipe donc on va parler de sport. On ne peut pas faire autre chose. Et c'est un mauvais calcul, car s'il y a beaucoup d'émissions, c'est qu'il y a un marché. S'il n'y a plus de marché, les BFM, les CNews, ils ne vont plus en faire, ils vont se contenter de faire un résumé. S'il y a un attrait du téléspectateur, les chaînes vont mettre du sport.

"Pour Nicolas Sarkozy, c'était un plan com. Pour nous, c'était un plan com. C'était gagnant-gagnant" Olivier Ménard

Vous avez reçu cette année un invité très prestigieux, Nicolas Sarkozy. Comment avez-vous fait pour le convaincre de venir ?
C'était facile. Je n'ai pas le numéro de téléphone du président. Mais j'ai celui de sa directrice de cabinet. Je lui ai expliqué qu'on préparait la 2.000e au mois de janvier. J'avais déjà rencontré Nicolas Sarkozy à L'Equipe en visite non-officielle. Il m'avait parlé de son intérêt pour le programme. Lorsqu'il va au Parc des Princes, il rencontrait les chroniqueurs. Il parlait beaucoup de l'émission. Il est très accro au programme. Ca a été plus facile de caler Nicolas Sarkozy qu'un joueur de Ligue 1. Pour lui, c'était un plan com. Pour nous, c'était un plan com. C'était gagnant-gagnant.

Vous l'avez abordé comme une émission comme les autres ?
Bah non. Pas tout à fait. On avait l'occasion de le recevoir. Il fallait juste ajuster les thèmes par rapport à sa personnalité. Ca m'a pris un peu de temps parce que j'ai fait des recherches sur lui, sur ce qu'il aimait, sur son rapport au PSG. De cette matière première, j'ai bâti l'émission. A la fin de la soirée, je ne savais pas si l'émission était réussie ou pas. Je l'ai regardé après dans la soirée. J'ai voulu me placer en tant que téléspectateur et c'était bien. C'était prestigieux. Avoir Nicolas Sarkozy dans sa télé, ça fait drôle. Ce n'est pas là où on l'attend.

C'était un pur hasard qu'il se retrouve en prison à la fin de l'émission ?
Ouais, ouais, c'était un hasard. C'était un jeu quoi. On est un peu vanneur. Ce n'était pas méchant. C'est de la petite vanne.

Il y a d'autres personnes que vous aimeriez recevoir dans "L'Equipe du soir" ?
On a réfléchi à recevoir le président Hollande. Je ne l'ai pas appelé. J'en parlais avec l'un des chroniqueurs, Etienne Moatti. On discutait de ça. Mais après, la première était tellement réussie que je ne sais pas si la seconde ne risque pas d'être déceptive. Ca peut aussi être un coup. J'ai son numéro. Moi, je raisonne en programmation. Là, pour la Coupe du monde, on en aura pas besoin. On a notre structure, une formule qui marche et une actualité. Les gens vont venir. Il n'y a pas besoin d'en rajouter. Lors de l'invitation de Nicolas Sarkozy, c'était un lundi soir, il n'y avait pas d'actualités, il n'y avait pas de matchs. Donc, pourquoi pas dans le courant de l'année prochaine, recevoir le président Hollande qui nous parle de son quinquennat, de son rapport au sport, de ce qu'il a vécu.

"Michel Drucker et son équipe ont été extrêmement bienveillants et patients. J'en branlais pas une. Ils m'ont pourtant gardé" Olivier Ménard

Ca fait 10 ans que vous êtes à la tête de cette émission, avez-vous déjà pensé un jour à arrêter ?
Je ne sais pas, ce n'est pas La Poste. Un jour, ça va se terminer. Je ne suis pas propriétaire de mon emploi. Ca peut lasser. Mais je ne pense pas à l'après. Je réfléchis parfois à ce qui me plaît. Je regarde des formats. Déjà, je suis dans le sport. Dans ce domaine, soit tu commentes des matchs, soit tu travailles pour une télé qui diffuse, soit tu travailles pour une télé et tu crées ton programme - chose que j'ai réussi à faire. Retrouver du boulot dans le sport et avoir un projet qui te passionne, c'est compliqué.

Une émission qui dure 10 ans, c'est très rare à la télévision.
Oui, j'ai réussi à créer un emploi qui n'existait pas forcément avant. Présentateur d'un talk-show de sport tous les soirs à la télé, c'est rare. C'est une chance. J'ai dû mal à me projeter. J'ai 2 heures d'émissions par jour du lundi au vendredi. Je dois faire l'éditorial, un peu la programmation et penser à la rentrée. J'essaye de me téléporter pour imaginer des innovations. On va changer de décor. Il y a des trucs qui sont passionnants à régler. Puis, je suis un enfant de cette chaîne. Je suis arrivé en 1998. Elle a été créée avec plein d'espoirs. Il y a eu plein de moments qui ont été difficiles. On parlait même de mort et de survie de la chaîne. Aujourd'hui, elle prend de l'importance, elle se développe. Ce n'est pas mon bébé, mais j'ai un lien avec cette chaîne. J'ai participé à son succès. Puis, je ne me vois pas faire autre chose que du sport à la télé. J'aime profondément ce domaine. C'est riche comme matière. Je suis très reconnaissant envers la chaîne. Ils m'ont laissé du temps pour progresser. C'est un parcours.

Vous avez fait vos tout premiers pas à la télévision dans "Studio Gabriel" avec Michel Drucker. Avez-vous gardé contact avec lui ?
Ouais, ouais. Bien sûr. C'est mon parrain dans le métier. Je n'oublie pas les gens qui m'ont fait confiance. J'étais un vrai branleur à l'époque. Lui et son équipe ont été extrêmement bienveillants et patients. Je n'en branlais pas une. Ils m'ont pourtant gardé. Ils étaient très gentils. Aujourd'hui, on se voit. Il est content. C'est super car il prend un jeune, il lui donne du boulot, il lui met le pied à l'étrier. Maintenant, il voit que je progresse et que je fais une petite carrière. Il y a un côté très affectueux dans ma relation avec Michel.

Il aime beaucoup le sport. Vous pourriez le recevoir sur votre plateau.
Ouais ! Il aime beaucoup le sport. Je ne sais pas s'il regarde beaucoup le sport, mais il en fait beaucoup. Il était déjà venu pour "L'Equipe vintage" pour le France/Brésil 1986 en Coupe du monde. Il était là car il avait commenté le match pour Antenne 2. Depuis, il y a des contacts qui se sont noués. Il pourrait participer à des étapes de cyclisme sur la chaîne L'Equipe, comme il adore le vélo.

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