Ce week-end, France Inter fête ses 50 ans, avec une programmation spéciale qui débute demain par une matinale exceptionnellement présentée sous l'antenne de la tour Eiffel, qui diffuse la station dans toute l'Ile de France. Pour l'occasion, Philippe Val, le directeur depuis mai 2009 de la troisième radio de France, sort de sa discrétion pour une longue interview accordée au magazine Télérama.
Après une arrivée mouvementée (les licenciements de Stéphane Guillon et Didier Porte avaient donné lieu de fortes protestations), il a redoré son blason en confiant la matinale à Patrick Cohen, en faisant revenir Pascale Clark ou en recrutant Guillaume Gallienne ou Jean-Claude Ameisen. Les bonnes audiences enregistrées lors de la présidentielles ont prouvé que la "différence" de France Inter pouvait séduire. Mais, depuis un an France Inter traverse une nouvelle phase critique. Les audiences ont fortement chuté et le bouche à oreille des émissions de Frédéric Lopez ou Frédéric Mitterrand n'est pas fameux.
Philippe Val reconnaît "des signes d'essoufflement" mais dénonce l'acharnement médiatique. "Quand un animal saigne dans les eaux de l'Amazone, tous les piranhas arrivent en même temps... Mais la vie d'un média est plus compliquée. La qualité d'une radio ne se mesure pas forcément au nombre de ses auditeurs. Et puis en quatre ans, nous en avons gagné beaucoup, même s'il est vrai que depuis janvier, certains sont partis, et que nous avons du mal à les récupérer", lance-t-il en expliquant, par exemple, avoir beaucoup travaillé avec Frédéric Lopez pour fluidifier "On va tous y passer".
L'ancien patron de "Charlie Hebdo" en profite pour défendre longuement Frédéric Mitterrand, qui a rejoint la station en septembre pour un entretien quotidien, en fin de journée, avec des personnalités culturelles. "C'est un homme de culture, qui aime les artistes et qui est très bienveillant. Dans à peu près toutes les émissions de plateau à la mode, les invités s'en prennent plein la tronche. On se moque d'eux, on leur ressort de vieux documents dans lesquels ils ont l'air de cons. Chez Mitterrand, il se passe autre chose (...) Ailleurs, le ricanement couvre tout. Je ne déteste pas, mais quand le ricanement est partout, il me sort par les yeux."
Philippe Val répond durement à ceux qui lui reproche d'avoir embauché un ancien ministre de Nicolas Sarkozy. "Qu'est-ce qu'on aurait voulu ? Qu'il aille pantoufler dans une grande entreprise d'Etat, en gagnant 40 000 € par mois sans rien faire ? Non, il est revenu à son métier de base, il travaille tous les jours, on ne peut pas le dire de beaucoup d'anciens ministres. Il n'y a pas plus républicain", lâche-t-il en ajoutant : "La meute m'emmerde, et je l'emmerde".
A la fin le l'entretien, Philippe Val, dont le mandat sera sans doute remis en cause au printemps parallèlement à celui de Jean-Luc Hees, reconnaît qu'il a envie de rempiler pour achever "le travail entamé". "Dans un monde où le ricanement et le cynisme ont remplacé la culture, il est presque incroyable qu'un média comme Inter existe si fortement. C'est miraculeux. Ça se mérite, France Inter. Ce n'est pas beauf, pas démago, pas vulgaire. Ça respecte les gens. Je crois même que cette radio est l'un des principaux acteurs de l'élévation du niveau culturel en France", conclut-il.