Son premier dessin pour Le Monde (une colombe portant dans son bec un point d'interrogation, en illustration de la guerre du Vietnam), fut publié dans l'édition du 1er/2 octobre 1972 ! 40 ans plus tard, le journal du soir rend hommage à une de ses plus célèbres plumes. Des archives de Plantu illustrent tous les articles de l'édition datée de demain tandis que les plus mémorables de sess dessins sont publiés sur le site internet du quotidien du soir.
Dans ce numéro hommage, Plantu revient sur ses débuts : il a harcelé la direction du journal pour y travailler ! "Je travaillais alors aux Galeries Lafayette et je sortais d'études pitoyables (deux années de médecine ratées) : comme j'étais amoureux du Monde, je déposais tous les matins un dessin au siège du journal, rue des Italiens. Je téléphonais ensuite à 11 heures pour demander s'il était publié ou non. Ça a duré comme ça trois mois jusqu'au jour où le rédacteur en chef, Bernard Lauzanne, m'a appris qu'un de mes dessins passerait", rappelle le dessinateur qui a publié depuis 19 000 dessins.
Véritable rendez-vous de la Une depuis 1985, le dessinateur est conscient de son rôle unique dans la presse quotidienne française. "En fait, je suis un dessinateur qui se prend pour un journaliste dans un monde médiatique où beaucoup de journalistes se prennent pour des caricaturistes", explique-t-il.
En 40 années, Plantu a croqué tous les dirigeants du monde. Mais c'est de Nicolas Sarkozy, source inépuisable d'inspiration, qui lui manque le plus. "Son départ a été une catastrophe pour moi. Je n'ai jamais connu un homme politique qui, à ce point, soit une caricature de lui-même. (...) Sarko, je lui dois de l'argent, tellement il m'a facilité le travail : le dessin venait tout seul, le crayon courait sur le papier", s'amuse-t-il, rappelant que l'ancien président de la République a souvent appelé le journal pour se plaindre des dessins.
Plantu reconnaît avoir plus de mal avec l'austérité de François Hollande ou de Jean-Marc Ayrault. "Le pire, c'était Jospin : qu'est-ce qu'il était dur à faire ! C'est tellement plus facile avec des hommes politiques arrogants et qui insultent les gens. Ce qui est bon pour un caricaturiste n'est pas forcément bon pour la démocratie", regrette-t-il.