Quand l'immatériel pollue. Selon l'AFP citant un rapport de la société canadienne Sandvine de septembre 2019, le streaming vidéo représenterait aujourd'hui 60,6% du trafic global sur internet. Sur ce total, Google, avec YouTube notamment, en représente 12%, contre 11,44% pour Netflix. Si la diffusion numérique semble dématérialisée, elle implique en réalité des terminaux, des réseaux de stockage et de diffusion, qui tous consomment une quantité grandissante d'énergie.
Résultat : le numérique émettrait aujourd'hui 4% des gaz à effet de serre au niveau mondial, selon les calculs du Shift Project, groupe de recherche français qui a publié en juillet un rapport sur "l'insoutenable usage de la vidéo en ligne". Un chiffre amené a priori à augmenter encore, la consommation énergétique du secteur s'accroissant de 9% par an. Dans ce total, le streaming vidéo tiendrait une place de choix. Avec 300 millions de tonnes de CO2 par an émises, cet usage représenterait ainsi l'équivalent annuel des rejets de CO2 d'un pays comme l'Espagne, soit 1% des émissions mondiales.
Parmi les usages du streaming, c'est la vidéo à la demande par abonnement (SVOD), avec ses géants Netflix, Amazon et bientôt Apple ou Disney, qui domine. Ces derniers représenteraient à eux seuls 34% du total des émissions selon Shift Project, soit 102 millions de tonnes de CO2. Viennent ensuite les vidéos pornographiques, qui pèseraient pour 27% du total et pas moins de 82 millions de tonnes de CO2. Les "tubes" comme Youtube ou Dailymotion représenteraient quant à eux 21% des émissions du streaming, tandis que les "autres usages" compteraient pour 18% des rejets, notamment via l'usage en plein boom des vidéos sur réseaux sociaux.
"La vidéo digitale ce sont des fichiers très lourds et qui grandissent avec chaque génération de plus haute définition", relève Gary Cook, cité par l'AFP, qui suit le secteur pour Greenpeace aux Etats-Unis. En développant de l'ultra HD, 4K, et du 8K, les constructeurs aggravent régulièrement la situation. "Plus de data égale plus d'énergie pour maintenir un système prêt à streamer cette vidéo vers votre appareil dans la seconde", ajoute ce dernier. Shift Project plaide ainsi pour le lancement d'un véritable débat public autour de la question de la "sobriété numérique".